LeGrand Art est en vente Ă la boutique de lâassociation, installĂ©e en ville, 41 rue de lâHubac, durant les travaux Ă la Maison Alexandra David-NĂ©el. Les 28, 29 et 30 Septembre 2018 Ă Digne les Bains JournĂ©es des Grands Voyageurs Art & FĂ©minisme Programme dĂ©taillĂ© ci-dessous Toutes les activitĂ©s proposĂ©es par l'association sont gratuites mais sont limitĂ©es en
Un nouveau rallye. Convient Ă des CE1, dĂšs le dĂ©but de l'annĂ©e, ou des CP en pĂ©riode 4. Un grand merci Ă Barbara et sa collĂšgue Sandra Ă qui je dois ce rallye de 16 titres. Un peu de remise en page et voilĂ ! Quelques petites modifications afin que vous puissiez piocher dans les fiches et composer la rallye avec vos albums, j'ai ĂŽtĂ© la numĂ©rotation et ajoutĂ© des grilles vierges. Le rallye de 18 fiches merci Anne pour la derniĂšre fiche !, ses fiches rĂ©ponses, rĂ©capitulative et de correction vous trouverez tout dans le dossier Les 18 titres du rallye * Plouf Barbara/Sandra * Mademoiselle Sauve-qui-peut Barbara/Sandra * TĂȘte Ă claques Barbara/Sandra * Patatras Barbara/Sandra * L'ogrionne Barbara/Sandra * L'Afrique de Zigomar Barbara/Sandra * Pipioli la terreur Barbara/Sandra * Mademoiselle tout-Ă -l'envers Barbara/Sandra * Le chien qui voulait ĂȘtre un chat Barbara/Sandra * L'ogre, le loup, la petite fille et le gĂąteau Barbara/Sandra * Papa Barbara/Sandra * Les deux goinfres Barbara/Sandra * L'arbre en bois Barbara/Sandra * Machin chouette Barbara/Sandra * N'oublie pas de te laver les dents Barbara/Sandra * Le PĂšre NoĂ«l et les fourmis Barbara/Sandra * Zygomar n'aime pas les lĂ©gumes * Biplan, le rabat-joie Anne Les fiches du rallye peuvent ĂȘtre photocopiĂ©es, ou pourquoi pas plastifiĂ©es pour Ă©crire directement dessus. Ou encore, en photocopiant et plastifiant la fiche, et les Ă©lĂšves entourent au feutre effaçable. Je vous ai mis la rĂ©fĂ©rence des feutres effaçables dont je me sers depuis quelques annĂ©es au dĂ©part pour Ă©crire sur les fiches de rĂ©troprojecteurs, et comme je ne m'en sers plus vive le TBI!, je les utilise dĂ©sormais pour mes Ă©lĂšves. Avantage ils sont trĂšs rĂ©sistants bien plus que les classiques feutres des Ă©lĂšves et comme ils sĂšchent un peu, si par inadvertance on passe dessus, cela ne s'efface pas, et cela permet Ă©galement de mettre les fiches en attente de correction dans un bac ne pas oublier de faire mettre le prĂ©nom. Il faut les essuyer avec un chiffon lĂ©gĂšrement humide les chiffons microfibres sont parfaits pour cela, chez nous, c'est la femme de mĂ©nage qui les commande pour nous, avec le reste de ses produits. Il existe une recharge qui marche trĂšs bien, mais bon, ils ont une grande longĂ©vitĂ© et je prĂ©fĂšre les changer chaque annĂ©e certains arrivent malgrĂ© tout Ă abimer la pointe...
Leparcours de Vivian Maier (New York, 1926 â Chicago, 2009) est atypique mais câest pourtant celui dâune des plus grandes photographes du XX e siĂšcle. Câest au cĆur de la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine, Ă New York dĂšs 1951 puis Ă Chicago Ă partir de 1956, que cette gouvernante dâenfants observe mĂ©ticuleusement ce tissu urbain qui reflĂšte dĂ©jĂ les grandes mutations
ArriveÌe dans un autre village. Un peu plus loin⊠dans la foreÌt. Ici y avait un ruisseau qui nous donnait de lâeau, de lâeau et des grenouilles. Les Allemands sont monteÌs aÌ lâassaut laÌ. Pouvez-vous nous parler du campement et le de la vie quotidienne ? Alors laÌ il y avait lâouverture du feu. Il y avait une mitrailleuse et puis jâavais des sentinelles un peu partout, avec des teÌleÌphones quâon avait faucheÌs aÌ la SNCF, des teÌleÌphones portables ! Mes gars eÌtaient aÌ la lisieÌre du bois, et de laÌ venaient les Allemands. Ils montaient aÌ deÌcouvert ? Oui, ils montaient aÌ deÌcouvert. Ici ils eÌtaient un peu cacheÌs . Alors comme le matin jâavais reçu la mission Jedburg3, des Anglais, jâai rassembleÌ tout le monde et on a envoyeÌ les couleurs . Est-ce que laÌ on est au bon endroit pour que vous nous parliez de cette bataille ? Ah oui ! Parce que vous parliez de la lisieÌre de la foreÌt, mais on ne la voit pas⊠On ne la voit plus, maintenant ! Donc ici on est dans un lieu particulier du maquis, puisque câest ici quâa eu lieu la bataille, que les Allemands ont donneÌ lâassaut. Le bataillon speÌcialiseÌ dans les attaques de maquis, que jâavais repeÌreÌ le matin vers six heures dans Magny-les-Jussey, sâappreÌtait aÌ attaquer le maquis. Ils avaient toutes les informations sur le maquis. On a eÌteÌ vendus. Jâavais reçu, de bonne heure le matin, la mission Jedburgh qui avait eÌteÌ parachuteÌe dans la nuit. Et puis jâavais deÌcideÌ, contrairement aux instructions de Londres, de reÌsister, câest-aÌ-dire de ne pas fuir. Jâaurais pu fuir mais jâai trouveÌ que devant des Anglais, des Français qui foutent le camp, ça la fichait mal ! Alors jâai preÌfeÌreÌ engager le combat. Jâavais donneÌ comme instruction aÌ mes gars, les sections entre Saponcourt et ici, jâavais reÌparti les taÌches et jâavais donneÌ comme instruction formelle, sous peine de mort, de ne pas tirer avant moi. Jâavais deÌjaÌ eu un probleÌme une fois au cours dâune embuscade, qui avait couÌteÌ la vie aÌ un de mes gars. Alors ils ont obeÌi. Les guetteurs eÌtaient relieÌs au PC, plus haut, par teÌleÌphone et ils sâeÌnervaient en disant ils montent aÌ lâassaut, ils sont en ligne sur un rang, il y en a une centaine qui monte ». Dans la clairieÌre, dans les preÌs, suÌrs dâeux⊠Et comme ils avaient deÌjaÌ opeÌreÌ sur des maquis qui prenaient la fuite, ils pensaient que, probablement, on prendrait la fuite. JâeÌtais aÌ la lisieÌre et jâai aperçu un officier et puis une mitrailleuse, enfin un groupe de mitrailleurs qui montaient par un petit chemin. On ne passait jamais par laÌ. Ils se sont arreÌteÌs aÌ peu preÌs aÌ hauteur de la steÌle4, en direction de la lisieÌre. Ils visaient la lisieÌre, jâai ajusteÌ le lieutenant qui est tombeÌ tout de suite mais, malheureusement, la mitrailleuse mâa arroseÌ aussi et elle a toucheÌ un arbre qui eÌtait aÌ proximiteÌ de moi. Et laÌ, jâai eÌteÌ assommeÌ, je suis tombeÌ dans les pommes âdâailleurs jâai toujours les restants de cette premieÌre opeÌrationâ . tous mes gars ont deÌclencheÌ le tir et, comme les Allemands eÌtaient pratiquement aÌ deÌcouvert, ils ont fait des cartons formidables parce quâil y en a un qui mâa dit un Allemand eÌtait a 3 m de moi et je ne tirais pas⊠mais je lâai eu tout de suite ».. CâeÌtait presque⊠En lâespace dâune demi-heure environ, les premieÌres rafales de mes gars ont couÌteÌ la vie aÌ une dizaine dâAllemands. Dix tueÌs qui ont eÌteÌ enterreÌs laÌ, apreÌs le ruisseau, par les Allemands eux-meÌmes. Et puis il y a eu une bonne trentaine de blesseÌs chez eux, puisque le toubib de Magny-les-Jussey voyait partir les ambulances en permanence, jusque dans la soireÌe. On a fait un carton formidable ! Mais jâai eu des blesseÌs, parce que vous avez vu la steÌle laÌ-bas, vous avez vu ouÌ se trouve le panneau, eh bien il y avait une mitrailleuse quadruple qui nous arrosait, il y avait des mortiers qui nous tiraient dessus. Ils savaient exactement lâemplacement du maquis. Alors ça nous arrivait dessus. Jâai eu beaucoup de blesseÌs, dont des blesseÌs treÌs graves. Jâen ai eu quatre quâil fallait absolument eÌvacuer, lâun perdait ses tripes, lâautre câeÌtait la colonne verteÌbrale, lâautre câeÌtait⊠Je les ai fait eÌvacuer, quand je me suis reÌveilleÌ, parce quâentre-temps moi jâeÌtais jâ eÌtais allongeÌ, laÌ. Câest Mouton», un de mes gars, qui mâa traiÌneÌ par les pieds jusquâaÌ mon PC. Je me suis reÌveilleÌ laÌ, je me suis mis debout, et puis je suis reparti. Je suis redescendu pour encourager les gars, etc. On a continueÌ le tir, jâai tireÌ aÌ la mitraillette, il eÌtait 16 h 45 au plus tard, et puis aÌ 17 heures je sentais que ça ne collait pas du tout. Lâaviation anglaise eÌtait passeÌe au- dessus de nous parce que la mission Jedburgh avait preÌvenu en disant le maquis est attaqueÌ Â». Ils avaient donneÌ la position de lâendroit ouÌ on se trouvait. les avions ont fait 2 ou 3 passages, mais sans nous avoir repeÌreÌs câest tout ce quâils pouvaient faire pour nous soutenir. Comme ils savaient que, normalement, on devait quitter les lieux⊠Alors jâai dit on deÌcroche ». Jâavais beaucoup dâarmes et de munitions que je nâavais pas utiliseÌes. On avait enterreÌ tout ça. Jâavais de quoi armer une deuxieÌme compagnie parce que jâavais pris des armes en pagaille aux Allemands et jâavais eu des parachutages. Jâavais eu un parachutage quâon avait fait pas treÌs loin dâici, aÌ auteur de Venisey, mais les armes nâeÌtaient pas deÌgraisseÌes. Jâai alors appeleÌ le chef des prisonniers, câest le cas de le dire, câeÌtait le plus eÌleveÌ en grade et je lui ai dit voilaÌ Je vous emmeÌne, ou quâest-ce que vous voulez faire ?» Il a dit on va partir avec vous ». Câest un genre de conversation compleÌtement incroyable. Poser une telle question ! Moi je savais que je les emmeÌnerais de toute façon, mais jâavais demandeÌ sâils eÌtaient deÌcideÌs aÌ rejoindre leurs copains ou pas. Alors il mâa dit eh bien on peut porter ce que vous vous ne pouvez pas porter ». Jâai dit justement il y a des armes qui ne sont pas deÌgraisseÌes, vous pouvez les porter » . Et ils ont pris les armes pas deÌgraisseÌes sur le dos ! Ils ont porteÌ les armes ! Vous voyez, des prisonniers allemands qui portent de lâarmement de parachutage. .. Vous racontez ça, on se dit mais ce mec il est fou » ! Mais, demandez aÌ tous mes gars⊠Alors aÌ 17 heures, 17 h 30, on a commenceÌ aÌ deÌcrocher A ce moment- laÌ, jâavais senti que quelque chose bricolait. EÌtant aÌ Paris, jâavais lu dans Match, non ce nâeÌtait pas Match câeÌtais signal⊠Signal câeÌtait la revue allemande, que les Allemands, en Union sovieÌtique, en Russie, pour chasser les maquis, sâinfiltraient avec des groupes de commandos. Je me suis dit ils sont peut-eÌtre capables dâessayer de faire la meÌme chose ». Et câest ce quâils ont essayeÌ de faire, parce quâon avait fait aÌ peine un kilomeÌtre, on sâest heurteÌs, justement, aÌ un groupe, une section, une section qui nous a bombardeÌs. Ils nous ont bombardeÌ au FM, enfin pas au FM, au VB, et jâai encore reçu un eÌclat dans le dos. Donc jâai encore eÌteÌ eÌcorneÌ ! Et les Allemands sont resteÌs debout, les prisonniers avec lâarmement quâils portaient ⊠En face ild devaient se demander ce qui se passait⊠et apreÌs nous avoir bien arroseÌs ils ont pris la fuite. Ils sont partis et nous on est alleÌs aÌ Anchemoncourt, un peu plus loin, ouÌ jâavais deÌjaÌ eu un embryon de maquis. Ici lâemplacement du maquis câest un eÌperon, on surplombe. Et une fois au maquis, on nâen sortait plus. On ne partait quâen opeÌration. Le gars qui arrivait au maquis, quâon m envoyait, je lui demandais vous avez vos papiers dâidentiteÌ ? » je les vouvoyais, ce nâest quâapreÌs que je les tutoyais. Je disais vous avez des papiers dâidentiteÌ? -oui, oui, oui »⊠Ils me les montraient. Vous serez Cafouilleux, et vous vous serez Mouton. Les gars nâavaient plus dâidentiteÌ, autrement dit, ça mâest arriveÌ, des gars ont eÌteÌ tueÌs au cours dâopeÌrations et les Allemands sont venus pour les fouiller, eh bien ils ne savaient pas qui câeÌtait. Et puis le village ouÌ ça se passait, le maire non plus ⊠Mais nous on savait. Alors pour les familles des victimes, par exemple câeÌtait un probleÌme ! Oui. mais on y arrivait toujours, pour le moment, câeÌtait bien. Il nây en a quâun qui eÌtait originaire de la reÌgion de Luxeuil, un ceÌlibataire, alors laÌ ça a eÌteÌ plus difficile. Mais on a fini par le savoir, apreÌs ! On lâavait enterreÌ ici au cimetieÌre et puis on a retrouveÌ sa famille. Et quelquâun qui serait venu au maquis et qui aurait voulu ensuite quitter le maquis⊠Le recrutement ? il nây avait pratiquement pas de recrutement. Quelquâun qui voulait venir au maquis touchait un de mes agents de liaison, les agents de liaison femmes surtout. CâeÌtait elles qui savaient recruter. Elles recrutait mieux que les hommes. Parce que les filles, ah il nây en avait pas ici, mais elles sont plus⊠elles perçoivent plus facilement la personnaliteÌ quâun garçon, que les garçons eux-meÌmes. Alors, de toute façon, la question principale câeÌtait vous voulez entrer au maquis ? Vous voulez aller au maquis ? Pourquoi, pourquoi faire ? Si câest pour vous planquer câest pas la peine, je ne peux rien pour vous. Si câest pour vous battre, oui. Mais câest pour se battre ! Câest pour combattre ! Et une fois au maquis, on nâen sort pas. On creÌve de faim, on a froid, etc. mais voilaÌ les conditions. » Et aÌ partir de laÌ, sâil eÌtait dâaccord. Il venait. Et la leçon eÌtait donneÌe ni vin, ni alcool, pas de femmes au maquis, pas dâappareil photo. CâeÌtait des reÌgles strictes. Ni vin, ni alcool, ni appareil photo. Des appareils photo ça fait tellement de deÌgaÌts ! Et alors les gars qui posent, vous voyez des maquisards dans des revues, ils sont tous avec la cigarette au bec, avec des mitraillettes, ils sont tous laÌ rassembleÌs. Ça me fout en rogne. ça câest des trucs quâon ne faisait pas, non ! CâeÌtait trop risqueÌ ? Oui ! Revenons aÌ lâattaque. Dans le village jâavais des blesseÌs, des blesseÌs de chez moi. Il y en avait un surtout qui eÌtait un peu plus blesseÌ que les autres, plus mal en point. Ils eÌtaient chez le maire du pays qui eÌtait aussi meÌdecin. Mais il y avait un commandant, un major allemand qui eÌtait blesseÌ. Je nâavais pas pu faire autrement que de leur confier. Je lâavais mis en consigne au maire du village, le docteur Suchot. Il y avait donc, quand les Allemands sont arriveÌs, quand le commandant de bataillon sâest pointeÌ chez le maire, il a vu quâil y avait un maquisard, câ eÌtait Laville, il a vu quâil y avait un blesseÌ allemand aussi. Le blesseÌ allemand lui a dit le maquis qui est laÌ, qui est parti, il a des prisonniers allemands ». Il eÌtait donc parfaitement au courant quâIl y avait des Allemands et quâon nâachevait pas les blesseÌs, puisque il y en avait un qui eÌtait laÌ. Donc, aÌ mon avis, câest pour ça quâil sâest bien comporteÌ vis- aÌ-vis de la population. Il nây a rien eu. Quand ils ont pris des otages, quâils les ont aligneÌs le long de lâeÌglise, et quand, le soir, treÌs tard, ils ont quitteÌ le village de Magny-les-Jussey. Ils ont enterreÌ leurs morts, ils sont relaÌcheÌ les otages. Autrement dit, ces gars laÌ se sont comporteÌs en en soldats. Mais moi jâestime que nous aussi on sâeÌtait comporteÌs en soldats. Et vous, sans avoir dâexpeÌrience militaire, puisque vous eÌtiez treÌs jeune, aÌ lâ eÌpoque, vous aviez deÌjaÌ quâil fallait fonctionner comme ça pour eÌviter les repreÌsailles ? EÌcoutez, câeÌtait lâexpression de mon eÌducation. Tous les gars du maquis, câeÌtait lâexpression de leur certificat dâeÌtudes, câeÌtait lâexpression de leur cateÌchisme pour ceux qui eÌtaient croyants, câeÌtait lâexpression de leur famille. On ne tue pas un blesseÌ. Autrement dit, mes jeunes gars nâavaient reçu dâabord aucune formation politique, dâabord il nây en avait pas. Au maquis jâessayais de leur montrer lâexemple. Quand meÌme, moi jâeÌtais un gars qui ne dormait pas beaucoup deux heures par nuit, et ça continue ! JâeÌtais donc aÌ lâaise. On ne pouvait pas me critiquer en disant il va courir les filles, il picole », ou ceci-cela. Alors mes gars mâaimaient bien. Au point de vue commandement, moi, je nâai jamais eu de probleÌmes de commandement. Il y avait des gars qui eÌtaient sergents, qui avaient eÌteÌ sergents dans lâarmeÌe. Jâavais un sergent pilote, par exemple, Georges, dont je parle souvent. Et puis jâavais fait beaucoup de sport. Jâavais eÌteÌ capitaine de lâeÌquipe de basket âaÌ lâeÌpoque il nâeÌtait pas neÌcessaire de mesurer deux meÌtresâ de mon lyceÌe. Je faisais beaucoup dâathleÌtisme, 400 m, 200 m, jâavais commenceÌ au 100aÌ m, mais alors les 1000 m ça ne me plaisait pas du tout. 800 m câeÌtait deÌjaÌ un peu trop long. Je suis resteÌ plutoÌt d dans les 400 m. alors je faisais les championnats de lâIÌle-de-France, ce nâeÌtait pas lâile-de-France aÌ lâeÌpoque, câeÌtait la reÌgion parisienne. On faisait des championnats scolaires, des championnats universitaires⊠Autrement dit, je faisais beaucoup de basket, le dimanche et le mardi soir aÌ Coubertin aÌ la porte de Saint-Cloud. Donc jâavais le sens deÌjaÌ de lâarbitrage. Lâarbitrage câest un commandement ! Je nâai jamais eu de probleÌmes, comment dirais-je, de difficulteÌs, je nâai jamais eÌteÌ intimideÌ par un sergent, un sergent- chef. Mon peÌre eÌtait gendarme, je vivais dans des casernes de gendarmerie depuis ma naissance . La hieÌrarchie je connaissais. Le commandement je connaissais, je savais quâil y avait parmi les gradeÌs des vaches, comme on les appelait, et il quây avait des types bien, sympas, on disait pas sympas aÌ lâeÌpoque, on disait chics. Enfin vous voyez, donc des probleÌmes de commandement je nâen ai pas eu.
En2019, je me suis posĂ© des vraies questions, comme faire un choix le 22 novembre entre le concert de Kazu Makino aux Etoiles, la lecture de Blandine Rinkel Ă la Maison de la poĂ©sie et la projection de CĂ©sar et Rosalie Ă Vincennes prĂ©sentĂ©e par Jean-Loup Dabadie. En 2019, jâai revendu ma place pour aller voir The Sisters of Mercy au Bataclan et je crois que jâai
quand une main se libĂšre du sol elle invente lâautre main et deux mains apprennent ensemble toutes les autres mains Philippe PaĂŻni 2007, p. 123 Les poĂšmes sont de merveilleux tests pour lâobservation de la langue. Pour deux raisons au moins la premiĂšre tient au fait que les poĂšmes mettent toutes les grammaires en crise et ne cessent dâinventer des maniĂšres de dire et dâĂ©crire qui obligent Ă observer la langue toujours en discours, toujours en se situant ; la seconde rĂ©sulte de la premiĂšre puisque le changement de point de vue sur la langue quâoblige Ă faire la lecture des poĂšmes entraĂźne du mĂȘme coup lâhabitude Ă observer toute la langue dans tous les discours autrement quâon ne le fait dâhabitude. Mais ces deux raisons demandent dâabord de changer de point de vue sur ce que font les poĂšmes et en particulier de cesser de leur faire jouer le rĂŽle de fou du roi, de bouffon du prince ou dâexception Ă la rĂšgle ce que fait la thĂ©orie de lâĂ©cart qui met nâimporte quel poĂšme dans lâĂ©cart Ă la norme quand nâimporte quel poĂšme ne fait que montrer du doigt quâil nây a que du discours et non de la langue et seulement des points de vue sur la langue et non des vĂ©ritĂ©s. On sait depuis toujours, Ă moins de mauvaise foi, que les poĂšmes sont Ă©crits avec le lexique et la syntaxe de tous les discours et inversement. Aucun lexique poĂ©tique si ce nâest, comme tout discours, un lexique qui peut faire systĂšme on dira alors comme pour tout auteur, voire pour tout locuteur le vocabulaire de Hugo⊠Aucune syntaxe poĂ©tique si ce nâest lĂ encore des inflexions, des tournures, des maniĂšres qui feront dire câest bien du Hugo comme on dit câest bien de mon voisin ! ». Certes, Hugo a plus fait pour le lexique et la syntaxe que mon voisin, mais il ne sâagit que dâune question dâĂ©chelle et non de changement de paradigme, de changement de langue donc, pas de langue poĂ©tique et de grammaire affĂ©rente ! Continuer la lecture de Observer la langue la grammaire des poĂšmes â Art du langage, la poĂ©sie avec tous ses poĂšmes comme autant dâĆuvres dâart, ne peut que rĂ©sonner avec les autres Ćuvres dâart parce que les unes comme les autres sont des activitĂ©s subjectives qui inventent des maniĂšres de vivre en mĂȘme temps que des maniĂšres de dire. Alors des unes aux autres, les passages sont incessants parce quâelles nâexistent quâen relation un tableau comme un poĂšme ne vivent quâen passant de bouche en bouche, quâen sâĂ©coutant â la rĂ©ciprocitĂ© Ă©tant ici toujours langagiĂšre ! Câest pourquoi tous les arts, quels quâils soient, y compris ceux non encore enregistrĂ©s dans les genres homologuĂ©s, peuvent appeler les poĂšmes. Câest pourquoi il ne faut pas hĂ©siter Ă brancher » les pratiques artistiques entre elles ou, plus prĂ©cisĂ©ment Ă laisser sâemmĂȘler les arts dans des pratiques qui effectuent des branchements » inĂ©dits voir, sur cette notion, Amselle, 2001. Aussi la voix en poĂ©sie peut se trouver dans les poĂšmes de la peinture, de la musique ou de toutes les activitĂ©s artistiques que lâhomme ne cesse de renouveler de la danse au masque, de la photographie aux installationsâŠ. Deux maniĂšres principales sâoffrent aux activitĂ©s poĂ©tiques en classe les pratiques artistiques les plus diverses viennent accompagner les poĂšmes ou les poĂšmes viennent accompagner ces mĂȘmes pratiques artistiques. Les va-et-vient pouvant dâailleurs se rejouer Ă lâinfini⊠Ces accompagnements trouveraient le plus souvent leurs concrĂ©tisations dans le cadre dâanthologies modestes et ambitieuses Ă la fois. Continuer la lecture de MĂȘler les arts â Souvenons-nous que, bien souvent, le vrai poĂšme est le livre tout entier dont lâauteur de lâanthologie lâa extrait. [âŠ] Ainsi, en nous proposant de rencontrer des poĂštes et en nous aidant Ă les lire, une anthologie est lĂ pour nous inciter Ă aller vers les poĂštes qui vivent parmi nous aujourdâhui, et Ă©crivent. Les poĂštes de notre temps, dans la langue qui est la nĂŽtre aujourdâhui, transforment en ce que seul un poĂšme peut dire, ce qui est le plus profond de nous-mĂȘmes, que parfois nous ne connaissons pas, que nous avons besoin de crier ou de taire, et le ciel, et quand lâĂ©clair de lâamour nous traverse. Ils partagent nos inquiĂ©tudes, notre dĂ©sarroi, nos espoirs, et par le langage, dans le langage, les transforment en beautĂ©. Et en confiance. Car Ă©crire, et lire, câest avoir confiance. Câest toujours transformer le prĂ©sent en avenir. Bernard Vargaftig, 1993, p. 2. Traditionnellement, la poĂ©sie est scolairement lisible sous la forme dâanthologies. Non seulement, les enseignants ne la connaissent le plus souvent que sous cette forme mais Ă©galement les Ă©lĂšves nây accĂšdent quâĂ travers elle. Quâest-ce quâune anthologie ? Ătymologiquement, une anthologie est un bouquet de fleurs, câest-Ă -dire un bel ensemble de beaux textes. Cette beautĂ© » double est Ă considĂ©rer plus prĂ©cisĂ©ment fragmentaire, lâanthologie nâen propose pas moins un ensemble unifiĂ© et la conception que nous avons des anthologies nâest pas forcĂ©ment la seule qui vaille et qui a valu dans lâhistoire des anthologies. En effet, lâanthologie Ă lâĂ©cole primaire est devenue un instrument pour lâenseignant qui y puise Ă sa guise Ă des fins trĂšs pragmatiques qui mettent le poĂšme sous le rĂ©gime dâune utilisation dĂ©contextualisĂ©e et donc en fin de compte ignorent lâanthologie elle-mĂȘme. Ferait exception la pratique de certains enseignants qui laissent leurs Ă©lĂšves choisir dans lâanthologie, rĂ©duite alors souvent Ă un fichier. Mais, historiquement, lâanthologie Ă lâĂ©cole a pu recouvrir dâautres usages. Petite bibliothĂšque choisie et portative constituant un vade-mecum culturel fondamental, elle servait dâabord Ă lâĂ©lĂšve qui sâappropriait ainsi les fondements dâune culture textuelle, en lâoccurrence poĂ©tique, dans le cadre dâun cursus scolaire qui avait dĂ©fini les Ă©lĂ©ments de cette culture. Nous retrouvons ici les caractĂ©ristiques dâun genre pratiquĂ© dĂšs lâAntiquitĂ© et qui fut au cĆur de lâenseignement de la littĂ©rature dans toutes les institutions scolaires depuis lors. Toutefois, on sait que les corpus de morceaux choisis qui visaient toujours un degrĂ© dâhomogĂ©nĂ©itĂ© assez fort Ă visĂ©e Ă©difiante que ce soit pour des raisons morales ou civiques, sont entrĂ©s en crise parce que ces mĂȘmes visĂ©es sont elles-mĂȘmes en crise. pensons Ă la continuitĂ© homogĂ©nĂ©isante de la langue, de la grammaire, de la religion, de la morale et de la nation⊠quâelle fut dâinspiration laĂŻque ou autre et dont on sait quâaujourdâhui elle est le plus souvent rompue, du moins toujours en dĂ©bat. Il faudrait cependant prĂ©ciser que continuitĂ© et homogĂ©nĂ©isation ne sont pas synonymes. En effet, la pensĂ©e du continu des activitĂ©s humaines que les sciences sociales et humaines » dĂ©coupent depuis lâEncyclopĂ©die en autant de disciplines » sĂ©parĂ©es, demande de penser la pluralitĂ©. Aussi, la crise du continuum homogĂ©nĂ©isant quâune certaine Ă©cole rĂ©publicaine » aurait pu instaurer nâest-elle quâapparente car, dans ce cadre discontinu dâune pensĂ©e des activitĂ©s humaines, enfantines en lâoccurrence, câest toujours Ă la fois Ă la sĂ©paration et Ă lâhomogĂ©nĂ©isation que nous avons Ă faire. LâidĂ©ologie du discontinu exige mĂȘme cette homogĂ©nĂ©isation des pratiques qui permet dâosciller de lâindividualisme au collectivisme selon les moments, les intĂ©rĂȘts et les enjeux⊠TrĂšs concrĂštement, les anthologies dâaujourdâhui mĂȘlent une bonne conscience alter-mondialiste et Ă©cologiste thĂ©matiques de la diffĂ©rence et des droits de la terre autant sinon plus que de lâhomme⊠et un hĂ©donisme enfantin thĂ©matique de lâenfant-roi voire du gĂ©nie langagier enfantin Ă travers le ludisme dĂ©bridĂ© des jeux de mots bien scolarisĂ©s. Inutile de donner ici des noms ou des titres mais chacun doit travailler sa lecture pour ne pas laisser faire trop facilement ces sĂ©parations homogĂ©nĂ©isantes câest-Ă -dire consensuelles et donc non-critiques, tout le contraire de lâactivitĂ© du poĂšme. Il semblerait donc, quâaux antiques anthologies qui sâimposaient naturellement, on ait fait place Ă des anthologies dans lesquelles les enseignants comme les Ă©lĂšves butinent Ă leur guise⊠Câest ce que les textes officiels rĂ©digĂ©s dans la foulĂ©e de la rĂ©novation de lâenseignement du français depuis les annĂ©es 70 nâont cessĂ© de proposer. Mais cette libertĂ© est fort trompeuse car les enseignants comme les Ă©lĂšves ne lisent plus les anthologies comme des livre. Ils y prĂ©lĂšvent des Ă©lĂ©ments qui, dĂ©contextualisĂ©s, perdent leur sens. Aussi faut-il quâils le retrouvent en nâen ayant plus les moyens. Car, si les anthologies sont des ouvrages dont les choix peuvent porter Ă critique, elles nâen restent pas moins des parcours de lecture qui nous sont proposĂ©s dans une Ă©criture quâil nâest pas possible dâignorer, sous peine de ne pas pouvoir justement en faire une lecture critique, une lecture libre donc. La libertĂ© nâest jamais donnĂ©e, toujours acquise⊠Regard sur une anthologie⊠Il faut ĂȘtre Ă©diteur en VendĂ©e et originaire de Bourgogne comme Louis Dubost pour rĂ©aliser une anthologie thĂ©matique sur lâescargot Dubost et Diguet, 1996. Il faut avoir créé une maison dâĂ©ditions avec un vers de RenĂ© Char, Le DĂ© bleu », devenue rĂ©cemment LâidĂ©e bleue » mais toujours sise Ă ChaillĂ©-sous-les-Ormeaux en VendĂ©e, pour reprendre au mĂȘme RenĂ© Char le titre dâune telle anthologie Fine pluie mouche lâescargot ». Il faut aimer les livres qui emmĂȘlent textes et images comme dans les plus beaux albums pour collectionner autant de petits fragments poĂ©tiques et de dessins suggestifs qui nous enroulent dans le temps lent de la lecture et nous emballent dans du papier kraft, sâil vous plaĂźt. Il faut suivre les mots qui font la sagesse des hommes et donc les poĂšmes-escargots qui font vivre grĂące Ă leur coquille ou Ă leur trace brillante dâun fragment de sagesse au dĂ©tour dâun mot, dâun vers ou dâune phrase ». Il faut aimer les poĂštes les inconnus que cachent des proverbes chinois ou africains, les mĂ©connus, les disparus, les inoubliables et tous les autres. Il faut ĂȘtre Ă©diteur et poĂšte. âŠvers dâautres anthologies Sâil faut du temps pour arriver Ă ce petit 48 pages, chacun peut sây essayer plus modestement car nul besoin dâĂȘtre Ă©diteur vendĂ©en dâorigine bourguignonne sâil sâessaie avec un autre animal, lĂ©gume, fruit ou Ă©lĂ©ment quelconque du monde qui perdra son anonymat puisquâil deviendra sien. Une anthologie pour agrandir le monde comme celle de Louis Dubost avec Isabelle Diguet qui font dâun escargot un monde en transhumance, un monde portĂ© par les poĂšmes, les dits et rĂ©citations de leurs lectures. Lâanthologie est toujours un projet paradoxal puisque dans un mĂȘme mouvement, elle proclame volontiers sa volontĂ© de faire lire moins et sâaffirme comme moyen de faire lire plus. Lire moins en rĂ©duisant une Ćuvre Ă un extrait suffisant, et lire plus en renvoyant Ă lâintĂ©gralitĂ© de lâĆuvre » Fraisse, 1997, p. 9. Cet aspect pragmatique qui rĂ©pond Ă la double injonction faite Ă tout lecteur, particuliĂšrement Ă lâĂ©cole, de tout lire et bien lire, est doublĂ© par un aspect programmatique puisque lâanthologie est nĂ©cessairement Ă©cartelĂ©e entre la dĂ©marche du bilan et celle du manifeste » Ibid., p. 190 lâanthologue est en charge du passĂ© autant que de lâavenir, avec les renversements quâon pourrait apercevoir entre ces deux termes puisque certaines anthologies rendent au passĂ© un bel avenir quand dâautres feraient le contraire. Et parfois les deux Ă la fois ! Il suffirait de citer la publication en 1948 de lâAnthologie nĂšgre et malgache de L. S. Senghor, prĂ©facĂ©e par Sartre, qui a paradoxalement annoncĂ© lâĂ©mergence aux yeux et aux oreilles du public occidental dâune littĂ©rature nĂšgre » montrant lâavenir dâun passĂ© et dâun prĂ©sent enfoui et rejetĂ©, et qui a pour longtemps fixĂ© ces poĂšmes dans lâambiguĂŻtĂ© dâune assignation racialiste et culturelle soumise au contexte politico-littĂ©raire de la mĂ©tropole »⊠Quoiquâil en soit, lâanthologie est lâĆuvre dâun auteur, qui plus est en tant que lecteur. Câest pourquoi elle a tout son prix pour nâimporte quel lecteur puisquâelle est une manifestation crĂ©atrice de la lecture et dâun rapport Ă la littĂ©rature » Fraisse, 1997, p. 102. Câest ce rapport quâil ne faudrait jamais perdre avec les anthologies elles nous ouvrent Ă un rapport de rapport. Aussi, contre toutes les instrumentalisations, la plus courante Ă©tant celle qui consiste Ă isoler, prĂ©lever le morceau choisi, poĂšme en lâoccurrence, hors de son contexte anthologique, il faudrait toujours, du moins le plus souvent possible, considĂ©rer lâanthologie comme anthologie, câest-Ă -dire comme une organisation mĂ©diatrice de la littĂ©rature avec un ordonnancement et une hiĂ©rarchisation reposant sur autant de sĂ©lections et de prĂ©lĂšvements que dâoublis et de rejets, avec un appareil critique et de prĂ©sentation. Autant dâopĂ©rations qui, non seulement, font la mĂ©moire et lâoubli de la littĂ©rature, mais Ă©galement, font sa réécriture. Câest Ă ce point que nos pratiques pĂ©dagogiques peuvent se transformer et si nous proposions Ă nos Ă©lĂšves de devenir anthologues, non seulement, parce que câest le meilleur moyen de sâobliger Ă lire des anthologies, mais surtout parce que câest le meilleur moyen de trouver sa voix en poĂ©sie, comme en littĂ©rature dâailleurs. Faire des anthologies câest tout simplement concrĂ©tiser lâhistoire de ses lectures en en rĂ©alisant la mĂ©moire et en en projetant lâavenir, les potentialitĂ©s. Faire des anthologies câest montrer concrĂštement, quasi matĂ©riellement, et certainement de la maniĂšre la plus vive, que les lectures sont toujours lâaventure dâun sujet en relation, dâune relation pleine de sujet. Il sâagira donc dâen faire, des anthologies, sous forme de livres mais Ă©galement de productions sonores et enfin de rĂ©alisations qui nâhĂ©sitent pas Ă brancher » les autres pratiques artistiques sur les poĂšmes et lâinverse. Regards sur dâautres anthologies Auparavant, il peut ĂȘtre tout Ă fait judicieux dâobserver rĂ©guliĂšrement les anthologies elles-mĂȘmes. Par exemple, de scruter presque ludiquement les sommaires, dâobserver de prĂšs les extraits et donc de construire progressivement une culture anthologique qui fasse de son lecteur un critique averti. Non pour reprocher telle ou telle erreur, relever tel ou tel oubli, discuter tel ou tel choix mais bien pour observer le point de vue que construit nâimporte quelle anthologie. Observons la table des poĂšmes » dâun trĂšs beau livre oĂč se mĂȘlent poĂšmes, photographies en noir et blanc et illustrations aux pastels. Si le titre fait jeu de mots, On nâaime guĂšre que la paix, il semble partir dâune double naturalisation dans laquelle les poĂšmes » sont embarquĂ©s. Naturalisation que confirme in fine la quatriĂšme de couverture qui fait office de commentaire pour cette anthologie. LâĆil des photographes de lâagence Magnum nous montre la guerre, les pastels de Nathalie Novi nous disent la couleur des jours paisibles et les mots des poĂštes nous crient que les armes ne doivent plus faire la loi sur la Terre. Un album constituĂ© de banniĂšres de papier pour que les enfants fĂȘtent la paix. Henry, 2003, quatriĂšme de couverture La naturalisation est double puisque lâĂ©nonciation du titre on » sembla universaliser un sujet quâon devine ĂȘtre lâenfant-lecteur de cette anthologie ; mais tous les enfants du monde doivent-ils naturellement se plier Ă un sentiment aussi consensuel. Dâautant plus que la seconde naturalisation est celle de la dichotomie guerre et paix qui empĂȘche de dissocier les guerres et les paix, qui absolutise lâun et lâautre terme quand on sait que des guerres justes peuvent ĂȘtre nĂ©cessaires et des paix injustes sont pires que des guerres quâelles nourrissent dâailleurs⊠Sans entrer plus avant dans cette thĂ©matisation qui est rĂ©duite Ă cette double naturalisation, on peut concevoir que les poĂšmes ne peuvent quâĂȘtre instrumentalisĂ©s. Les mots des poĂštes ⊠crient que les armes ne doivent plus faire la loi sur la terre » est une rĂ©duction des poĂšmes prĂ©sents Ă un slogan, ce que confirme la mĂ©taphore des banniĂšres de papier ». Or, les poĂšmes que rassemblent lâanthologie ne sont pas tous, loin de lĂ , sur le registre du cri et, de plus, beaucoup ne sont pas du tout des hymnes Ă la paix ». Prenons quelques exemples cĂ©lĂšbres qui contredisent cette thĂ©matisation-naturalisation. Le poĂšme il y a » dâApollinaire dont lâanthologie nous livre seulement quâun extrait alors mĂȘme que le livre fait preuve dâinventivitĂ© pour augmenter la dimension des pages en jouant des pliages. Pourquoi donc ne pas donner tout le poĂšme dâApollinaire qui ici perd sa force et perd justement sa force problĂ©matique oĂč lâamour et la guerre sâemmĂȘlent dans une redoutable rĂ©flexion et surtout un rythme totalement neuf ? Notons que les lignes dâApollinaire sont transformĂ©es en pseudo vers libres. Et Il y a » suit de prĂšs un poĂšme intitulĂ© Merveille de la guerre » ! Certes, il y a de lâantiphrase dans ce titre mais il fait litanie en lançant Que câest beau ces fusĂ©es qui illuminent la nuit »⊠car Apollinaire dans son Ă©criture-vie essaie de penser la fascination quâon sait, chez les enfants aussi, pour la guerre. Si le poĂšme de Robert Desnos, La voix », est un poĂšme particuliĂšrement fort â nous y reviendrons dans le chapitre suivant â il aurait Ă©tĂ© prĂ©fĂ©rable de donner le poĂšme Ce cĆur qui haĂŻssait la guerre » dont le premier vers est explicite et dont la fin situe prĂ©cisĂ©ment lâenjeu Ce cĆur qui haĂŻssait la guerre voilĂ quâil bat pour le combat et la bataille ! / [âŠ] RĂ©volte contre Hitler et mort Ă ses partisans ! / [âŠ] Car ces cĆurs qui haĂŻssaient la guerre battaient pour la libertĂ© au rythme mĂȘme des saisons et des marĂ©es, du jour et de la nuit » Desnos, 1999, p. 1246. Car ce que doit une anthologie Ă ses lecteurs, câest lâhistoricitĂ© des poĂšmes. Et dans cette anthologie, tout est presque effacĂ© les dates des poĂšmes voyez la bibliographie incomplĂšte de la table alors mĂȘme que les photographies sont lĂ©gendĂ©es par conflits et souvent datĂ©es â mais lĂ Ă©galement, lâinformation reste rudimentaire 1994 Rwanda â Tutsis fuyant les massacres ». En fin de compte, si cette anthologie avait confrontĂ© des poĂšmes contemporains aux conflits, on aurait cherchĂ© les Ă©chos rĂ©ciproques avec photographies et illustrations mais les poĂšmes vont de Victor Hugo Ă Jean-Pierre SimĂ©on et parsĂšment ce parcours poĂ©tique français » de quelques poĂšmes dâorigine Ă©trangĂšre allemand, turc, vietnamien, italien, sĂ©nĂ©galais, cubain, bosniaque, israĂ©lien et palestinien. Aussi lâanthologie demande toujours la critique. Elle demande toujours Ă son lecteur une lecture critique, câest-Ă -dire lâhistoricitĂ© de sa lecture, lâengagement que le poĂšme ouvre dans sa multiplicitĂ© interne voyez Apollinaire et ses poĂšmes de guerre et dâamour et externe que de poĂšmes de par le monde !⊠Il y a des anthologies indispensables. RĂ©unir seulement dix poĂštes pour un siĂšcle, câest certes peu mais suffisant pour bien connaĂźtre par la traduction des poĂšmes que des millions dâenfants russes, aujourdâhui encore, connaissent pas cĆur » quatriĂšme de couverture de Anthologie de la poĂ©sie russe pour enfants, 2000. PlacĂ©s sous la tutelle du grand poĂšte Ossip Mandelstam qui demandait de ne lire que des livres dâenfants⊠», cette anthologie est passionnante car elle est Ă la fois Ă©rudite lâintroduction mais aussi la prĂ©sence de poĂštes que peu connaissent en France mĂȘme parmi les spĂ©cialistes et immĂ©diatement lisible par tout un chacun. Les poĂšmes y sont vraiment des poĂšmes pour enfants sans aucune affĂ©terie ou dĂ©magogie, rĂ©sultant bien plutĂŽt de ce quâune autre grande poĂšte russe, Anna Akhmatova, disait de la littĂ©rature russe du XIXe siĂšcle dont se sont emparĂ©s les enfants et que lâon pourrait appliquer Ă ce XXe siĂšcle russe moment unique et magique grĂące auquel un pont fut jetĂ© entre la poĂ©sie et les enfants ». Suivre cette anthologie câest forcĂ©ment la lire comme un livre. Un livre dâhistoire dâabord mĂȘme si lâon ne sâintĂ©resse pas Ă lâhistoire russe, on peut suivre lentement mais avec une grande proximitĂ© une histoire du regard sur lâenfance ou peut-ĂȘtre mĂȘme du regard des enfants⊠et puis il y a dans cette anthologie une leçon de français Ă nulle autre pareille LEĂON DE FRANĂAIS Il y avait Dans la riviĂšre Un gros brochet Qui savait se taire En français. Les canards Si bavards, Les hochequeues Si curieux Lui demandaient Cher ami, cher brochet, Taisez-vous un peu En français. » Et le brochet Se taisait, Se taisait tout le temps En pur français. PoĂšme de Roman Sef, dans Anthologie de la poĂ©sie russe pour enfants, 2000, p 133 Fabriquer des livres Pour sâengager Ă lire des anthologies, il faut en Ă©crire. Mais, dira-t-on, la tĂąche est hors de portĂ©e des enfants, de nos Ă©lĂšves, de nos classes dĂ©jĂ si pauvres en poĂšmes⊠à moins de considĂ©rer lâanthologie dans ses rudiments qui en font les fondements et alors la taille ne sera plus quâune question dâhabitudes construites, dâapprentissages rĂ©guliers et dâactivitĂ©s adaptĂ©es au bon moment. Il suffit de sâhabituer dĂ©jĂ Ă consigner dans un carnet de lecture sur une seule page quelques fragments de chaque livre de poĂšmes lus en classe. Ces fragments choisis librement par chaque Ă©lĂšve et recopiĂ©s proprement, illustrĂ©s Ă lâoccasion et pourquoi pas titrĂ©s voire commentĂ©s, constituent de rapides et courtes anthologies qui, chemin faisant, feront une grosse et longue anthologie pour chaque Ă©lĂšve au bout dâune annĂ©e voire dâun cycle si lâon conserve le mĂȘme support ou lâadditionne dans une collection de cahiers, et pourquoi pas, de petits livrets rĂ©alisĂ©s Ă lâoccasion. ManiĂšre de poursuivre le cahier de poĂ©sies » en le transformant radicalement⊠sans en avoir lâair ! Au-delĂ , des projets anthologiques moins rivĂ©s aux lectures successives peuvent voir le jour Ă propos dâactivitĂ©s qui auraient pour origine dâautres domaines voire dâautres disciplines. Ce projet anthologique regroupant des fragments poĂ©tiques pris Ă des ouvrages les plus divers en privilĂ©giant toutefois les ouvrages littĂ©raires et les livres de poĂšmes demande quelques recommandations qui suivent les Ă©tapes dâun tel projet 1. La premiĂšre Ă©tape est celle de la collecte pendant laquelle tout fragment relevĂ© pour son intĂ©rĂȘt doit ĂȘtre toujours bien rĂ©fĂ©rencĂ© â que ce soit avec des post-it de couleur ou la photocopie ou mieux le copiage. Cette Ă©tape peut sâappuyer sur des moments de lecture libre pendant une quinzaine de jours. 2. La seconde Ă©tape est celle du montage et de la prĂ©sentation anthologique pendant laquelle un sommaire sâorganise, des critĂšres de classement et de prĂ©sentation se gĂ©nĂšrent et enfin une prĂ©sentation se trouve. Cette seconde Ă©tape demande deux ou trois sĂ©ances pour que le montage ait le temps de se discuter y compris personnellement car il peut-ĂȘtre bienvenu de rĂ©aliser des anthologies Ă plusieurs mĂȘme si lâanthologue doit, Ă un moment donnĂ©, se retrouver seul face Ă la tĂąche. Quoiquâil en soit, les critĂšres dâorganisation doivent apparaĂźtre dans le sommaire voire dans les titres et intertitres organisation chronologique ou thĂ©matique voire alphabĂ©tique ; enchaĂźnement par opposition, par proximitĂ©, etc. Ces anthologies ne doivent pas ĂȘtre dĂ©mesurĂ©es pour de jeunes Ă©lĂšves un petit quatre pages insĂ©rĂ© dans une couverture avec un sommaire peut dâabord suffire ; lâĂ©lĂšve qui dĂ©sirerait un huit pages est bien entendu libre⊠Quelques exemples de projets anthologiques Anthologie dâun poĂšte, dâun groupe poĂ©tique, dâune Ă©poque, dâun pays⊠Anthologie thĂ©matique arbre, branche, forĂȘt⊠; soleil, lune⊠Anthologie notionnelle type de vers, de strophes, de rimes, de prĂ©sentations sur la page⊠Fabriquer une anthologie avec une feuille A4 Couverture du livre dâEric Sautou, Un Oursin, le farfadet bleu », Ă©d. LâIdĂ©e bleue, 2004. Prendre une feuille A4 et la plier en 4 DĂ©couper en deux la feuille et obtenir un petit livre de 8 pages. RĂ©aliser la couverture auteur, titre, Ă©d. Commencer lâanthologie extraits du livre de Sautou rĂ©fĂ©rencĂ©s avec la pagination ; ne pas oublier une dĂ©dicace Ă©ventuelle sur le revers de la premiĂšre de couverture. Continuer lâanthologie. les deux pages centrales permettent des chevauchements. Finir lâanthologie sur la page 6 et rĂ©aliser un sommaire en page 7 ici, câest un index qui reprend la liste des arbres et plantes. RĂ©diger une quatriĂšme de couverture. RĂ©aliser des enregistrements Ce que la poĂ©sie impose Ă la littĂ©rature câest la voix. Ce que la poĂ©sie demande au langage câest dâentendre la voix. Ce qui implique bien entendu de considĂ©rer la voix physique, câest-Ă -dire du point de vue de lâacoustique mais Ă condition de faire de la voix autre chose quâune simple rĂ©alitĂ© biologique voire psychologique lâenjeu est encore plus important. ConsidĂ©rer la physique de la voix câest, en passant par lâacoustique, donner toute sa place Ă une physique du langage et donc ouvrir les voies dâune Ă©coute de la voix dans et par le langage, tout le langage et pas seulement son acoustique. Câest seulement Ă la condition que cet enjeu soit pleinement pris en compte et sans cesse redynamisĂ© que les pratiques sonores avec la poĂ©sie sâouvriront sur cette Ă©coute qui est certainement plus lâinvention dâun organe oreille intĂ©rieure ? et dâun sens Ă©coute interne ? que lâutilisation dâun sens entendre avec un organe lâoreille portĂ© Ă son maximum dâefficacitĂ©. Mais cela peut passer par son exercice qui nâest certainement pas assez pratiquĂ© si ce nâest lors des activitĂ©s musicales, ce qui nâest pas nĂ©gligeable mais qui est totalement insuffisant pour le langage. Au chapitre Argot qui pleure et argot qui rit » du livre septiĂšme, Lâargot » de la quatriĂšme partie du roman Les MisĂ©rables de Victor Hugo, on peut lire ceci Mirlababi surlababo Mirliton ribon ribette ; Surlababi mirlababo Mirliton ribon ribo Dans ce mĂȘme septiĂšme livre Victor Hugo Ă©crivait significativement Apprendre Ă lire, câest allumer du feu ; toute syllabe Ă©pelĂ©e Ă©tincelle. Câest ce quâon recherche ici que les syllabes Ă©pelĂ©es Ă©tincellent⊠pas forcĂ©ment toutes mais au moins quelques-unes parce quâelles vont alors rĂ©sonner de lâĂ©tincelle du poĂšme qui mettra le feu Ă toute la plaine, Ă tout le langage. Et on apprend dans le roman de Hugo que ce court refrain quatrain se chantait en Ă©gorgeant un homme dans une cave ou au coin dâun bois » ! Le narrateur hugolien prĂ©cisait auparavant ceci On retrouve au dix-huitiĂšme siĂšcle dans presque toutes les chansons des galĂšres, des bagnes et des chiourmes, une gaĂźtĂ© diabolique et Ă©nigmatique. On y entend ce refrain strident et sautant quâon aurait dit Ă©clairĂ© dâune lueur phosphorescente et qui semble jetĂ© dans la forĂȘt par un feu follet jouant du fifre [âŠ] Les dĂ©veloppements qui suivent sont de la plus haute importance quant Ă la congruence de lâĂ©thique et du politique le sens rĂ©volutionnaire est un sens moral » ; et le livre sur lâargot sâachĂšve sur la comparaison forgĂ©e Ă propos de notre comptine-refrain Faut-il continuer de lever les yeux vers le ciel ? le point lumineux quâon y distingue est-il de ceux qui sâĂ©teignent ? LâidĂ©al est effrayant Ă voir ainsi perdu dans les profondeurs, petit, isolĂ©, imperceptible, brillant, mais entourĂ© de toutes ces grandes menaces noires monstrueusement amoncelĂ©es autour de lui ; pourtant pas plus en danger quâune Ă©toile dans les gueules des nuages. La lecture Ă voix haute par le moyen de lâenregistrement serait cette Ă©toile dâutopie car, on le sait fort bien, la lecture Ă voix haute est difficile mais ce quâon espĂšre câest que dans les gueules des nuages » que sont forcĂ©ment les ratages, les bafouillages, les silences et les bruits de toute mise en voix dans la classe, sâapercevra le point lumineux » de la voix irremplaçable, celle quâon se doit dâentendre dans sa fragilitĂ© mĂȘme, dans ses essais. Lâargument premier de la nĂ©cessitĂ© dâune vocalisation des textes poĂ©tiques est celui qui ouvre la lecture Ă une appropriation par la voix haute. Il suffit de rappeler quâhistoriquement la voix haute a prĂ©cĂ©dĂ© la lecture silencieuse dâune part et, dâautre part, de souligner combien la vocalisation des textes constitue, pour le moins, une premiĂšre et dĂ©cisive appropriation. Non seulement, des pans entiers de la comprĂ©hension et de lâinterprĂ©tation peuvent et doivent passer par de telles activitĂ©s, mais lâoralisation est une incorporation qui permet que le texte porte son lecteur autant quâil le porte. En effet, un texte sâil fait Ćuvre et encore plus sâil fait poĂšme est un opĂ©rateur anthropologique qui transforme le lecteur voire transporte, au point de modifier indissociablement ses affects et ses pensĂ©es, son corps comme son langage, sa vie comme le monde. MĂȘme si ces changements paraissent minimes, lâessentiel est quâils soient rĂ©els ; quâils soient parfois mĂȘme imperceptibles prouverait quâils en sont dâautant plus probants car hors de tout contrĂŽle, hors de toute maĂźtrise. La chair de poule, le vertige, la sueur⊠ne se maĂźtrisent pas plus que les Ćuvres qui les font venir au corps. Sans parler de la mĂ©moire involontaire, du moins, de ce travail quâun poĂšme fait durablement Ă un corps dans son indissociabilitĂ© avec lâesprit voire avec lâĂąme⊠restons avec Hugo et les derniers mots des MisĂ©rables LIVRE NEUVIEME SUPRĂME OMBRE, SUPRĂME AURORE [âŠ] VI LâHERBE CACHE ET LA PLUIE EFFACE Il y a, au cimetiĂšre du PĂšre-Lachaise, [âŠ] une pierre. [âŠ] Cette pierre est toute nue. On nâa songĂ© en la taillant quâau nĂ©cessaire de la tombe, et lâon nâa pris dâautre soin que de faire cette pierre assez longue et assez Ă©troite pour couvrir un homme. On nây lit aucun nom. Seulement, voilĂ de cela bien des annĂ©es dĂ©jĂ , une main y a Ă©crit au crayon ces quatre vers qui sont devenus peu Ă peu illisibles sous la pluie et la poussiĂšre, et qui probablement sont aujourdâhui effacĂ©s Il dort. Quoique le sort fĂ»t pour lui bien Ă©trange. Il vivait. Il mourut quand il nâeut plus son ange ; La chose simplement dâelle-mĂȘme arriva. Comme la nuit se fait lorsque le jour sâen va. Le monumental fait place ici au movimental » aux inscriptions gravĂ©es dans le marbre, il est prĂ©fĂ©rĂ© la nuditĂ© dâune voix qui a retenu en quatre vers » toute une vie et bien plus toute une relation. Et encore bien plus tout un poĂšme qui porte tout lâunivers dans le plus banal Ă©vĂ©nement. Câest que dans cette voix les finales de vers en particulier sâentend non seulement le nom Valjean mais sâentend aussi son infinie rĂ©sonance. La vie, la voix, comme la nuit se fait ». Enregistrer sa voix rĂ©guliĂšrement, telle serait la premiĂšre activitĂ© qui viendrait comme Ă©prouver cette physique du langage que les rencontres avec les textes poĂ©tiques obligent Ă construire, Ă vivre. Deux solutions trĂšs simples le permettent dans toutes les classes aujourdâhui. Chacun sa bande-son⊠La premiĂšre solution est ancienne chaque Ă©lĂšve possĂšde une cassette sur laquelle il enregistre au magnĂ©tophone rĂ©guliĂšrement des fragments de textes lus ou rĂ©citĂ©s. La seconde solution est plus rĂ©cente chaque Ă©lĂšve ouvre un dossier personnel dâenregistrement avec un logiciel adaptĂ© sur lâordinateur de la classe, de son groupe⊠Tous Ă lâĂ©coute La contrainte dans chacun de ces cas, câest dâarchiver les enregistrements. Lâenjeu didactique qui repose sur cette pratique rĂ©guliĂšre dâenregistrements, consiste Ă organiser de temps en temps des moments dâĂ©coute critique soit individuels soit collectifs petit groupe ou classe entiĂšre. Dans le cahier poĂ©sie ou littĂ©rature, chaque Ă©lĂšve note ce quâil a Ă©coutĂ© et rĂ©dige un court commentaire. Lâenseignant peut fort bien prĂ©ciser les consignes dâĂ©coute et donc de prise de notes. Il peut Ă©galement organiser de courts dĂ©bats avant la prise de notes quand lâĂ©coute se fait en petit ou grand groupe. ⊠vers des anthologies sonores publiques Au-delĂ de cette activitĂ© rĂ©guliĂšre, dâautres modes dâenregistrement peuvent ĂȘtre rĂ©alisĂ©s afin dâeffectuer des montages de voix, de textes et/ou de sons comme autant dâanthologies sonores mises ensuite Ă la disposition de tous BCD, classe de correspondants, familles, site InternetâŠ. Il y a des poĂšmes de prĂ©dilection pour les enregistrements les comptines, en premier lieu, mais Ă©galement les poĂšmes dits illisibles Ă voix haute. On comprendra aisĂ©ment quâentre ces deux pĂŽles, tous les poĂšmes peuvent donner lieu Ă enregistrements, Ă anthologies sonores. 1. Des comptines Si tous les textes peuvent passer par la voix enregistrĂ©e, on peut aussi aller droit vers ceux qui obligent Ă trouver une voix quâon ne savait pas quâon avait⊠Les comptines sont souvent rĂ©servĂ©es aux Ă©lĂšves du cycle 1, en confier aux Ă©lĂšves des cycles 2 et 3 permettrait dâune part dâouvrir le rĂ©pertoire et dâautre part de saisir cette physique du langage qui est forcĂ©ment Ă lâĆuvre avec les comptines. Au niveau du collĂšge et dĂšs le cycle 3, lâintroduction des chansons » dans le corpus devrait problĂ©matiser ce qui perdure de la comptine Ă la chanson. Pensons, entre autres phĂ©nomĂšnes plus ou moins rĂ©cents, au rap et au slam voir Lecture jeune, n° 115. Il y a des traditions multiples quâil ne faudrait jamais perdre de vue et que des rĂ©fĂ©rences toujours vives aux plus vieilles chansons » de nos rĂ©pertoires devraient nourrir, et il y a Ă©galement dans une actualitĂ© quâil faudrait toujours saisir pour rester vigilant et Ă lâĂ©coute ce qui nâest que rĂ©pĂ©tition ou au contraire heureuse reprise, vraie rĂ©invention. VoilĂ une piste dâanthologies sonores qui ne peuvent se faire quâen tĂątonnant, en cherchant ce qui, dans les voix enregistrĂ©es, continue, rĂ©sonne, fait Ă©cho, renverse ou encore fait entendre Ă neuf. Ce poĂšme de Robert Desnos met la voix dans une ronde non seulement par ses rimes qui tournent mais Ă©galement par sa mĂ©trique 4x huit-syllabes puis 4x cinq-syllabes qui oblige Ă faire entendre ce dĂ©hanchement du pair Ă lâimpair avec une accĂ©lĂ©ration que renforcent les attaques finales qui imposent une sur-accentuation jusquâĂ presque prononcer lâenvoi ainsi Et salut tout lâmonde » La sardine Une sardine de Royan Nageait dans lâeau de la Gironde ; Le ciel est grand, la terre est ronde, Jâirai me baigner Ă Royan Avec la sardine, Avec la Gironde, Vive la marine ! Et salut au monde ! 2. Des textes impossibles Ă dire Si les comptines et autres textes de chansons » semblent faciles Ă dire et donc peuvent et doivent constituer le premier fonds des anthologies sonores, ne serait-ce que pour conserver en vie ce fonds immĂ©morial ou largement partagĂ©, dâautres textes devraient paradoxalement venir constituer un fonds propice aux anthologies sonores ceux qui semblent justement impossibles Ă dire ! Commençons par un exemple ! ĂŽrondElune,co mment flottronDe plus que roNdees-tu ; tou te &rOnde plus dor Ă©eque Rond issime ? E. E. Cummings, 2002, p. 68 Enregistrer ce texte dans une anthologie sur la lune, par exemple Ă cĂŽtĂ© de Moi, jâirai dans la lune » de RenĂ© de Obaldia 1969, câest chercher ce que fait un tel poĂšme autrement quâen rimant en fin de vers lune » avec fortune » ou quâen comptant six syllabes. Mais alors que fait un tel poĂšme quâon a peine Ă faire entendre ? Il nous force Ă augmenter lâĂ©coute, Ă chercher cette Ă©coute dans des dimensions inhabituelles. Et cela demande autant dâessais que de bredouillages, de dĂ©rapages, de bĂ©gaiements. Mais, de lâexclamation Ă lâinterrogation, des coupes incongrues de vers, de mots, de lettres aux incises entre parenthĂšses, peut sâentendre une voix qui nous fait voir une lune jamais vue dans le halo lunaire⊠Mais lâimpossible Ă dire câest certainement le silence et lâorientation premiĂšre que toutes les anthologies sonores rĂ©alisĂ©es Ă lâĂ©cole jusquâen troisiĂšme devraient concrĂ©tiser, câest bien celle de faire entendre les silences des poĂšmes qui rĂ©sonnent de tout ce quâils ne peuvent pas dire et quâils disent si fort Ă leur insu et Ă notre insu. Il ne sâagit pas alors dâenregistrer des silences comme on ferait en musique mais de laisser venir Ă force dâĂ©coute dans le travail de la voix enregistrĂ©e et des poĂšmes dits Ă voix haute, des uns aux autres, dans ces anthologies, de laisser venir le silence du poĂšme, câest-Ă -dire sa force insoupçonnĂ©e, son inconnu qui est aussi notre inconnu, lâinconnu de notre diction, de notre lecture. Prenons un exemple qui demande, grĂące aux enregistrements, autant de reprises que de tentatives LE CĂTĂ BLEU DU CIEL Les bancs sont prisonniers Des chaĂźnes dâor du mur Prisonniers des jardins oĂč le soleil se cache PrĂšs de la forĂȘt vierge De la prairie Ă©tale Du pont qui tourne Ă pic Dans lâangle le plus froid La boĂźte des nuages sâouvre Et tous les oiseaux blancs sâenvolent Ă la fois Tapis plus vert que lâeau plus doux que lâherbe Plus amer Ă la bouche et plus plaisant Ă lâĆil Les arbres Ă genoux se baignent Lâair est calme et plein de soleil La lumiĂšre sâabat Le jour perd ses pĂ©tales Plus haut câest tout dâun coup la nuit Les regards entendus Et le clignement des Ă©toiles Les signes Par-dessus les toits Pierre Reverdy, 1967, p. 275 Ce poĂšme de Pierre Reverdy semble ajouter statiquement des Ă©lĂ©ments de paysage alors quâau contraire câest un mouvement dâĂ©lĂ©vation de libĂ©ration ? qui progressivement met en branle tous les Ă©lĂ©ments dâune rĂȘverie certes mystĂ©rieuse mais active au plus haut point jusquâĂ se fondre au cosmos. Câest ce continu, au-delĂ du silence, quâil sâagit de rendre actif dans la respiration toute retenue dâune lecture. Celle-ci ne peut se contenter dâaccumuler des Ă©lĂ©ments informatifs mais doit chercher cette voix silencieuse qui la porte vers le cĂŽtĂ© bleu du ciel ». Aucune recette ni technique ne peut venir Ă bout dâune telle recherche. Elle demande le temps dâune Ă©coute la plus vive qui soit entendre dans la voix enregistrĂ©e ce qui trouve ce continu, ce qui fait entendre mĂȘme Ă peine ce cĂŽtĂ© bleu du ciel », voilĂ lâobjectif de telles anthologies sonores qui incluraient aussi des textes impossibles Ă dire⊠Continuer la lecture de Multiplier les anthologies â Il y a donc les sĂ©quences qui permettent de vivre avec des Ćuvres pour faire Ćuvre, des rituels qui construisent des habitudes dâĂ©coute et dâattention vers les poĂšmes et, enfin, des projets qui vont accroĂźtre le continu du poĂšme Ă la vie sous lâangle de la fĂȘte ou de la rencontre. Moments dâexception mais moments indispensables pour que les rituels et les sĂ©quences prennent sens, se ressourcent Ă des dynamiques oĂč la surprise et la jubilation, lâaventure et le hasard, lâattente et la coopĂ©ration jouent multiplement pour chacun. Nous avons surtout veillĂ© Ă faire rentrer les poĂšmes dans la classe, Ă ce que les Ă©lĂšves, tous les Ă©lĂšves, puissent avoir les moyens de grandir leur Ă©coute du poĂšme dans des activitĂ©s variĂ©es au cĆur de leur scolaritĂ©. Aussi, faudrait-il envisager le mouvement inverse pour que le continu de la vie sâentende dans les poĂšmes sortir les poĂšmes de la classe, du moins tester que les poĂšmes tiennent face Ă la vie, toute la vie, celle qui parfois ne peut rentrer dans la classe⊠Mais Ă©galement faudrait-il sortir de la classe pour rencontrer des personnes, poĂštes ou pas, qui disent vivre le poĂšme dans leur vie. Ces projets nâont pas pour ambition de produire » des rĂ©sultats qui devraient immĂ©diatement plaire Ă quelque institution culturelle encadrant de ses fonds des activitĂ©s contrĂŽlables ou Ă tel public avide de trouver la poĂ©sie sans travailler son Ă©coute du poĂšme et son attention au langage. Il ne sâagit pas non plus dây dĂ©velopper un plaisir » quâon nâaurait pas eu dans les rituels et les sĂ©quences pendant lesquels le travail » aurait Ă©tĂ© de rigueur, auquel cas ces activitĂ©s nâauraient pas pu engager les Ă©lĂšves dans une dynamique de subjectivation dans et par le langage, dans une dynamique qui en fait un sujet de ses apprentissages. Il sâagit bien de poursuivre en risquant une ouverture maximale le risque des rencontres, des lieux, des moments et des personnes auxquels on nâest pas habituĂ©. Sortir les poĂšmes de la classe Les maniĂšres de sortir » les poĂšmes de la classe sont multiples et chacun trouvera dans les circonstances qui sont celles de sa classe les modalitĂ©s concrĂštes voire les idĂ©es pertinentes qui feront que les poĂšmes, quand ils ont engagĂ© leurs lecteurs, ne peuvent que devenir des opĂ©rateurs de rencontres et de manifestations les plus diverses, en inventant mĂȘme de nouveaux modes de diffusion. Si tous les supports sont Ă explorer, ce sont souvent les poĂšmes eux-mĂȘmes et les lectures qui ont permis leur appropriation, qui exigeront tel ou tel support. Que les supports soient donc faits de papier ou de virtualitĂ©, ils ne sont que le prolongement dâun geste initiĂ© dans la classe et qui demande de devenir un geste pleinement relationnel, de devenir rĂ©ciprocitĂ©. Des Ă©changes entre classes, des rencontres rĂ©guliĂšres entre groupes dâĂ©lĂšves, des espaces dâĂ©change rĂ©guliĂšrement renouvelĂ©s, des moments privilĂ©giĂ©s dans le calendrier scolaire, autant de modalitĂ©s que les enseignants connaissent bien et que les enfants apprĂ©cient toujours pour que les poĂšmes tiennent leurs promesses de lanceurs relationnels. Nous proposerons ci-aprĂšs deux modalitĂ©s peut-ĂȘtre plus originales mais, rappelons-le, ces sorties » du poĂšme ne sont que le prolongement obligĂ© dâune activitĂ© qui est au cĆur du poĂšme et de sa réénonciation, lâinfini de son activitĂ© sous peine de ne plus ĂȘtre un poĂšme. Cet inaccompli nâexige aucun dĂ©fi autre que celui qui fait que le poĂšme engage Ă sortir de ce qui est son confinement Ă quelque assurance que ce soit, donc Ă risquer sa valeur et nous avec elle. Envols poĂ©tiques Le poĂšme est dâabord un appel Ă entrer en relation, Ă trouver lâinconnu. Que des cerfs-volants soient porteurs de ces appels signerait dans lâair et le vent cette activitĂ© de tout poĂšme traverser lâespace pour inventer une relation. On peut varier les propositions mais la collection Petits gĂ©ants » des Ă©ditions Rue du monde nous en suggĂšre une faire monter dans le ciel de la cour de rĂ©crĂ©ation un poĂšme sur plusieurs cerfs-volants comme chacun de ces petits livres offre un poĂšme dĂ©coupĂ© en autant de doubles-pages quâen compte lâalbum carrĂ©. Celui qui nous semble le plus adĂ©quat pour toucher du doigt cette proposition est illustrĂ© par Antonin Louchard avec le poĂšme de Paul Eluard quâil publia dans son livre issu dâĂ©missions radiophoniques rĂ©alisĂ©es en 1949, Les Sentiers et les routes de la poĂ©sie. Ce poĂšme et sa mise en livre font ce projet dâenvols qui suit le vent de la comptine en boucle oĂč tout un monde est parcouru et contenu dans lâair de son rĂ©citatif ; de la mĂȘme maniĂšre, les illustrations de Louchard cherchent cette lĂ©gĂšretĂ©, trouvent cet envol qui renverse. Câest comme ce jeu enfantin oĂč lâon aime voir le monde Ă lâenvers. Paul Eluard, Antonin Louchard ill., Dans Paris il y aâŠ, coll. Petits gĂ©ants », Rue du monde, 2001. PublicitĂ©s poĂ©tiques Disperser les poĂšmes des fragments de poĂšmes dans des lieux insolites, lĂ oĂč on ne les attendrait pas, permettrait de suggĂ©rer ce que les poĂšmes nous font. Ils nous refont parce quâils nous changent le monde. Cette dispersion peut prendre de nombreuses modalitĂ©s parmi lesquelles la plus simple consiste Ă utiliser les voies de la publicitĂ© si prĂ©gnante dans notre sociĂ©tĂ© contemporaine. Apposer des post-its dans des endroits inhabituels mais stratĂ©giques de lâĂ©cole, voilĂ qui interpelle le passant, crĂ©e mĂȘme des itinĂ©raires nouveaux⊠à partir du livre de Daniel Biga, La Chasse au haĂŻku 1998, les Ă©lĂšves mettent le livre en confettis et dispersent leurs post-its dans toute lâĂ©cole en cherchant Ă rĂ©aliser des jeux de pistes qui recomposent les itinĂ©raires quâils ont dĂ©couverts dans le livre. Lequel Ă©tait organisĂ© en chapitres » En ville » ; lâatelier des Ă©critures » ; le jardin » ; en montagne » ; des animaux » ; lâhiver » ; neige ». Ci-dessous un parcours sans titre rĂ©alisĂ© par un jeune lecteur, qui commence au matin et finit en rĂȘve⊠bonne journĂ©e ma chĂ©rie â au-revoir mon amour rendors-toi aucun livre ne vaudra jamais une journĂ©e heureuse le haĂŻku je le pratique comme la promenade quotidienne lettre du jour je lis puis ça se brouille les larmes aux yeux Abed a dit âquand la tristesse se prĂ©sente accueille la tristesseâ dans la chaleur animale des WC boite Ă rĂȘves sur la table lâombre de la main qui Ă©crit aprĂšs le genou qui gratte câest le nez qui dĂ©mange dans la salle silence dâor Ă©criture dâargent au carrelage du mur rĂ©pondent les carreaux du sol derriĂšre le mur rĂ©sonnent des voix sans corps la parole est au cĆur du silence ceux qui mâentourent ceux que je vois autour sous lâĂ©charpe se cache une gorge frileuse la mouche dans mon oeil nul autre ne la voit qui je suis ici et maintenant nâa pas de visage parfois je me demande comment me voient les oiseaux ? mon ombre passe merci Ă la terre comme au ciel ni pensĂ©e ni souci ouvre la fenĂȘtre du jardin plein de pensĂ©es plein de soucis je me penche tout en bas sur le lac une minuscule silhouette me regarde le nuage gris dĂ©robe une portion du caviar lactĂ© je fais un dĂ©tour pour ne pas dĂ©ranger un moineau picorant vent redoutable je mâachĂšte une Ă©charpe dâhiver plus haute que moi neige au matin je pense aux poireaux du jardin ce soir je mâendormirai la neige sous mes paupiĂšres Il y a bien sĂ»r la modalitĂ© opposĂ©e aux confettis poĂ©tiques lâagrandissement dĂ©mesurĂ© du poĂšme ou dâun fragment sur un mur, sur une banderole⊠agrandir au maximum un court fragment et poser Ă proximitĂ© le poĂšme en entier mieux le livre dont il est extrait. Exemple Cachecachecachent psst pssit petites chosesfantĂŽmes en catimini clins-dâyeux-mini petites agitĂ©es sorciĂšres et tintinabulantes lutines Ă tu et Ă toi Ă tu et Ă toi petites hop-hop heureuses flatteuses en flanelle flanelle petites gratteuses souriquoises aux yeux qui se carapatent crissent et courent et cachecachecachent droppent droppent guettant la vieille femme avec une verrue sur le nez ce quâelle vous fera nul ne sait car elle connaĂźt le diable ooh le diable ouh le diable aah le grand et vert danseur de diable diable diable diable huiiIII poĂšme de E. E. Cummings, traduit par Jacques Demarcq dans Contes de fĂ©es, 16 poĂšmes enfantins, ClĂ©mence hiver Ă©diteur, illustration de Macha Poynder, 2002, p. 62-63 La complexitĂ© revendiquĂ©e de la poĂ©sie de Cummings est aussi, avec de tels poĂšmes, la revendication de sa part enfantine qui est aux antipodes du simplisme lâamour produit de lâinconnu, câest sa fonction », disait ce poĂšte dans un sonnet. Et les 16 poĂšmes que ce grand poĂšte amĂ©ricain a rassemblĂ©s Ă la fin de sa vie font comme un hommage aux lectures enfantines de la poĂ©sie la plus difficile, puisquâelle font un autoportrait voir la postface Ă©crite par le traducteur, lui-mĂȘme poĂšte, Jacques Demarcq plein de confiance dans la relation que lance le poĂšme de lectures en lectures. Réénonciation continue de lâĂ©criture toujours en mouvement et qui trouve son sujet, comme dit le distique final du troisiĂšme poĂšme Car quoi quâon perde comme un moi ou un toi câest toujours soi que dans la mer on trouvera p. 54 Rencontrer les poĂštes On ne peut pas nier que la rencontre avec un Ă©crivain participe Ă la fois de la dĂ©sacralisation et de la valorisation de la littĂ©rature un Ă©crivain est un homme ordinaire⊠dont lâĆuvre nous fait des choses extraordinaires. Ou alors, cet Ă©crivain est un faiseur et son Ćuvre est une mystification , ce qui est malheureusement parfois le cas ! Aussi, est-il tout Ă fait judicieux dâorganiser de telles rencontres les Ă©lĂšves sont souvent partie prenante Ă condition quâaucune dĂ©magogie spectaculaire ne vienne altĂ©rer la qualitĂ© dâune rencontre comme on peut en avoir beaucoup dâautres â avec tel voisin » de lâĂ©cole qui vient partager son expĂ©rience de vie ou de travail⊠Suivent deux modalitĂ©s complĂ©mentaires de ces rencontres. La premiĂšre rĂ©pond Ă un souci dâancrage dans le temps dâune rencontre qui doit certainement garder son caractĂšre dâĂ©vĂ©nement mais qui exige quâon la prĂ©pare, la poursuive. De plus, la rencontre avec un poĂšte peut trĂšs bien ne pas ĂȘtre possible si ce dernier ne le souhaite pas, ne le peut pas, mais la correspondance peut venir la rendre vive Ă sa façon. Correspondances poĂ©tiques Odilon Redon, illustration pour les Fleurs du mal de Baudelaire Engager une correspondance avec un poĂšte est une modalitĂ© forte de la rencontre que ce soit donc pour sa prĂ©paration ou son prolongement mais Ă©galement pour tout simplement lâassurer et lâancrer dans lâĂ©criture elle-mĂȘme â quâelle prenne la forme dâĂ©crits ou dâenregistrements, dâenvois dâobjets divers photographies, livresâŠ. Une telle correspondance ne doit pas rester formelle et de simple politesse. La correspondance engage vraiment chacun dans une relation qui sâappuie sur la lecture. Chaque lecture celle des Ćuvres comme celle des lettres va demander une Ă©criture et donc une meilleure Ă©coute de ce quâon a lu puisque lâĂ©criture Ă©pistolaire demande de reformuler toujours avec lâautre. LâĂ©pistolaire oblige Ă relancer Ă chaque Ă©change et donc Ă remettre sur le chantier sa lecture puisque lâĂ©change avec un poĂšte ne peut sâengager quâĂ partir des lectures. Car il nây a pas Ă chercher une vĂ©ritĂ© de son Ă©criture dans le discours du poĂšte qui dĂ©tiendrait une vĂ©ritĂ© quelconque quâelle soit prise Ă lâanecdote biographique ou Ă la rĂ©vĂ©lation dâun procĂ©dĂ© quelconque de fabrication mais plutĂŽt Ă poursuivre dans la relation Ă©pistolaire ce que fait lâĆuvre Ă son auteur comme Ă son lecteur lâĂ©change de cette recherche augmentant certainement ce que lâĆuvre fait Ă chacun. Chaque Ă©lĂšve peut Ă©crire au poĂšte, y compris dans des formes qui ne sont pas forcĂ©ment canoniques, et si ce dernier ne rĂ©pond pas Ă chacun â ce qui serait certainement beaucoup trop lui demander â, sa rĂ©ponse au collectif classe saura entendre chacun et donc rĂ©pondre Ă chacun dans les inflexions de sa lettre. Si lâenseignant ne sait pas oĂč adresser la correspondance, rien nâest plus facile il suffit dâĂ©crire Ă lâĂ©diteur qui saura transmettre le courrier, ce qui signalera dâailleurs que cette correspondance est partie de la lecture du livre publiĂ© chez cet Ă©diteur ! Car pas de correspondances sans lectures il ne sâagit pas de jouer Ă la rencontre mais de la jouer Ă partir de ce qui seul peut la nourrir les poĂšmes et leurs lectures. Rencontres poĂ©tiques La PoĂ©sie Ă plusieurs voix. Rencontres avec trente poĂštes dâaujourdâhui, prĂ©face de Jean-Pierre SimĂ©on, coll. Le Français aujourdâhui », Paris Armand Colin, 2010, 264 p. Un jour alors peut arriver qui permettra une rencontre de vive voix Ă©change de regards et surtout de voix, câest-Ă -dire dâĂ©coute les yeux dans les yeux. Moments parfois magiques, souvent dĂ©cevants mais toujours marquants quand le poĂšme est passĂ© dans les voix comme dans les yeux ou encore un geste, une inflexion minuscule, un sourire mĂȘme. Il faudrait conclure sur la nĂ©cessitĂ© de varier de telles rencontres dans le domaine qui nous concerne ici. Cela demande de concevoir le continu des rencontres avec un poĂšte, avec dâautres personnes Ćuvrant chacune dans un domaine prĂ©cis mais toutes engagĂ©es par et dans le langage. Câest alors que la rencontre jouera son rĂŽle montrer la force du langage parce quâelle est lâĂ©thique de la relation quand elle devient poĂšme-relation. Et cela, un poĂšte est en devoir de le faire mais quiconque peut le rĂ©ussir. Alors chaque Ă©lĂšve comprendra quâil nây a pas de rencontres plus grandes » que dâautres parce que le partenaire de la rencontre est reconnu avant puisque cĂ©lĂšbre ou mĂ©diatisĂ©. Les rencontres sont grandes » parce que le partenaire nous engage Ă y ĂȘtre grands », plus grands que nous sommes, dans une rĂ©ciprocitĂ© certaine. Câest dâailleurs ce que font les poĂšmes quand ils sont poĂšmes nous faire plus grands dans et par le langage avec les autres car la grandeur ici nâest pas celle qui se mesure Ă lâaune dâune comparaison avec les autres mais avec soi en relation. Câest aussi tout lâenjeu de nâimporte quelle activitĂ© avec les poĂšmes les pratiques que nous venons de suggĂ©rer nâont pour finalitĂ© que cet agrandissement qui est aussi la condition dâun apprentissage langagier et littĂ©raire consĂ©quent. Avec les poĂšmes, les activitĂ©s scolaires mettent lâenfant en mesure de connaĂźtre et de grandir Ă la fois. il peut alors porter ce beau nom dâĂ©lĂšve puisquâil est pris dans une dĂ©marche dâĂ©lĂ©vation. Par une comptine, lâenfant saute Ă pieds joints par-dessus le monde sur mesure dont on lui enseigne les rudiments. Il jongle dĂ©licieusement avec les mots, et sâĂ©merveille de son pouvoir dâinvention. Il prend sa revanche, il fait servir ce quâil sait au plaisir dĂ©fendu dâimaginer, dâabuser. Paul Eluard 1954 Pour conclure sur lâensemble de ces rituels voir les billets prĂ©cĂ©dents, il faudrait repartir du plus cĂ©lĂšbre dâentre eux et qui semble se confiner aujourdâhui Ă lâĂ©cole maternelle, donc au cycle 1 de lâenseignement primaire, pour parfois sây trouver de plus instrumentalisĂ© Ă des fins dâenseignement phonologique le rituel de la comptine. Ce dernier nâest pas Ă proprement parler scolaire mais lâĂ©cole maternelle a su lui accorder depuis longtemps une place quasiment quotidienne il permet de constituer la classe en chorales, de laisser chaque voix trouver ses gestes relationnels et surtout dâengager le langage dans tout le corps, dâengager le corps dans tout le langage, Ă condition certes dâĂ©couter chaque voix, chaque geste dans une polyphonie indispensable Ă la comptine elle-mĂȘme. Observer les comptines dans les pratiques enfantines montre trĂšs vite que le langage y est entiĂšrement engagĂ© dans une pragmatique qui elle-mĂȘme devient entiĂšrement langage. Ce qui pourrait dâune certaine façon orienter notre attention Ă ce qui fait poĂšme lâinvention dâun rapport Ă soi, aux autres, et au monde » Meschonnic, 2001, p. 44. Car les comptines sont irrĂ©ductibles Ă quelque schĂ©ma ou recette que ce soit dans leur diversitĂ© considĂ©rable quâaucun savant â folkloriste, ethnologue, sociologue, littĂ©raire, pĂ©dagogue, psychologue⊠â nâa rĂ©ussi Ă ce jour Ă considĂ©rer dans leur force. Quâon sâintĂ©resse Ă leur dĂ©nomination mĂȘme â nous disons comptine depuis que Pierre Roy en 1926 a rassemblĂ© ces formulettes, comptes, rengaines, disettes et autres amusiottes voir Roger Pinon, Les noms de la comptine » dans Jean Baucomont et alii, 1961, p. 52 et suivantes.⊠â, quâon se prĂ©occupe de leur origine, de leur dissĂ©mination, de leur Ă©volution, de leurs multiples variantes, et surtout quâon soit attentif Ă leurs valeurs poĂ©tiques et relationnelles dans et par le langage, on ne peut manquer dâabord et avant tout de considĂ©rer le corps-langage quâelles inventent Ă chaque fois. Ce corps-langage est celui de chaque acteur en comptines comme celui de chaque petite ou grande collectivitĂ© quâelles constituent immanquablement ne serait-ce que dans cette activitĂ© qui est toujours une transmission de relation, une invention de gestes langagiers relationnels. Jean Baucomont a pu parler avec justesse Ă leur sujet de gestateurs » et a pu Ă©voquer dâune façon absolument pertinente la transe » poĂ©tique, montrant ainsi quâil faut considĂ©rer ces productions Ă Ă©galitĂ© avec les plus grandes Ćuvres de la littĂ©rature. Or elles sont encore trop souvent considĂ©rĂ©es comme puĂ©riles et, par consĂ©quent, souvent instrumentalisĂ©es Ă des fins strictement didactiques phonologie et prononciation par exemple. Le spectacle de cette transe » poĂ©tique incite Ă Ă©voquer dâautres faits de mĂȘme nature lâivresse linguistique des inventions vocabulaires chez Rabelais, le dĂ©bordement jaculatoire des sibylles antiques, le flux des lamentations vocĂ©ratrices corses, les inĂ©puisables phantasmes de certains textes rĂ©alistes obtenus par lâĂ©criture automatique, voire les piĂ©tinantes litanies des versets de PĂ©guy. Baucomont et alii., 1961, p. 23 Câest que les comptines, quand elles ne sont pas rĂ©duites Ă un simple divertissement futile et naĂŻf, ad usum Delphini » Baucomont et alii., 1961, p. 12, font bien plus visiblement que ce que tous les poĂšmes font , ainsi que Henri Meschonnic le prĂ©cise fortement dans une dĂ©finition qui vient dĂ©faire bien des prĂ©jugĂ©s et engager le poĂšme dans le vivre tout entier La poĂ©sie comme activitĂ© dâun poĂšme, est un des universaux du langage. Anthropologiquement. Câest une dĂ©finition qui Ă©chappe au signe. Elle fait du poĂšme une Ă©thique en acte, en acte de langage. InsĂ©parablement du fait que le poĂšme est ce quâun corps fait au langage. Meschonnic, 2001, p. 41 Comment ne pas conclure alors cette rĂ©flexion sur les rituels par une comptine et par une fable⊠Sâentretenir, câest se tenir ensemble, câest-Ă -dire vivre ensemble dans et par le langage. Je te tiens Tu me tiens Par la margoulette ou par la barbichette ou par la barbette ou par la barbignette ; Le premier qui rira ou Celui de nous deux qui rira ou le premier des deux qui rira Aura la claquette ou la tapette ou la clafette. DiffĂ©rents dĂ©partements Par la barbe je te tiens ; Si tu me tiens, je te tiens. Le premier dânous qui rira, Une claque il aura. Brest Je te tiens par le menton, Barbichon ; Et moi aussi, Barbiche ; Premier dânous deux qui rira, Un bon souffle aura, Lâoreille tirĂ©e, La cuisse pincĂ©e. SaĂŽne-et-Loire Cette comptine et ses variantes viennent du chapitre VII, Jeux et formulettes de jeux ; Le Pince-sans-rire », du trĂšs beau livre dâEugĂšne Rolland, Rimes et jeux de lâenfance publiĂ© en 1883 2002. Elles sont introduites ainsi par lâauteur Deux enfants se tiennent rĂ©ciproquement par le menton en chantant la formulette qui suit. Le premier qui rit reçoit de lâautre une claque ». Lâethnographe Thierry Charnay prĂ©face la réédition bienvenue de cet ouvrage. Il voit, dans lâanthologie rééditĂ©e du folkloriste, un rĂ©pertoire authentique » avec des matĂ©riaux pour une Ă©tude comparative et historique », des curiositĂ©s [âŠ] liĂ©es au contexte socio-culturel de lâĂ©poque » et des textes vraiment originaux ». Il note le manque dâindications ethnographiques, comme les circonstances du jeu, le lieu, sa pĂ©riodicitĂ©, lâĂąge des joueurs, leur sexe, sa frĂ©quence, etc. ». Voici sa conclusion LâintĂ©rĂȘt des Rimes et jeux de lâenfance, de tout le folklore enfantin, rĂ©side dans le fait quâil sâagit dâun mode de transmission traditionnel reposant sur le bouche Ă oreille, sur lâimitation, sur lâimprĂ©gnation culturelle [suit lâexemple du jeu de billes appris par lâenfant hors tout magistĂšre]. Il nây a pas dâĂ©criture, ces formulettes et ces jeux enfantins, transmis entre pairs mais lâĂ©cole peut aussi jouer un rĂŽle, le sont oralement, et, comme pour la âlittĂ©rature oraleâ, admettent des variations, des variantes car la reproduction exacte nâest guĂšre possible. Ce sont des Ćuvres ouvertes, toujours disponibles pour ĂȘtre rĂ©alisĂ©es selon des conditions qui en permettent la reconnaissance mais qui admettent Ă©galement des innovations. En somme, les activitĂ©s ludiques des enfants relĂšvent du âpatrimoine immatĂ©rielâ comprenant cette culture enfantine transmise entre pairs notamment dans les cours de rĂ©crĂ©ation des Ă©coles, pratiquement le seul espace oĂč elle peut circuler, se constituer, socialiser les enfants ; câest pourquoi les rĂ©crĂ©ations sont des espaces de libertĂ© Ă garder, Ă condition que le football ne les occupe pas tout entiĂšres. Comme Rolland, nous souhaitons par cette publication attirer lâattention sur la production enfantine qui devrait mĂ©riter tout notre intĂ©rĂȘt pour une meilleure comprĂ©hension de notre sociĂ©tĂ© . Observons que lâobjectivitĂ© ethnographique laisse entendre son soubassement subjectif une historicitĂ© des savoirs et mĂ©thodes que le scientisme socio-ethnologique ne peut masquer. Lâethnographie depuis Rolland a certainement progressĂ©. Elle attache dorĂ©navant autant dâimportance au faire quâau dire. Mais elle semble maintenir les points de vue traditionnels de lâethnographie du XIXe quand Charnay, voulant ne serait-ce quâĂ la marge contrĂŽler lâincontrĂŽlable, oublie que le football est une pratique et donc une invention jamais fixĂ©e dans telle ou telle rhĂ©torique du jeu, et surtout quand il rapporte, sous prĂ©texte dâabsence dâĂ©criture, la culture enfantine Ă la culture populaire et donc au langage ordinaire, ce no manâs land du discours, ce non-lieu du littĂ©raire. Son il nây a pas dâĂ©criture » vient comme rĂ©pĂ©ter les clichĂ©s habituels qui dĂ©clinent les dichotomies naturalisĂ©es de lâordinaire et du littĂ©raire, de lâoral et de lâĂ©crit, de la variation et de la fixation, jusquâĂ celle du populaire et du savant, qui toutes conduisent Ă sĂ©parer la littĂ©rature de la vie. Mais lâethnographe est savant et il sait que cet ordinaire » est extraordinaire » aussi remet-il cette spĂ©cificitĂ© dans une pragmatique de lâactualisation dâune forme immatĂ©rielle » soumise Ă une performance de la quotidiennetĂ©. Mais il sâagit de bien autre chose ! Certes lâethnographe voit passer un sujet de lâimitation sociale, du conformisme groupal, intĂ©grant une certaine innovation forcĂ©ment nĂ©cessaire, le temps passant, les conditions Ă©voluant. Mais il est sourd et nâentend pas le sujet du langage qui est au cĆur de tels processus, dont seule la considĂ©ration permet de penser lâarticulation de la sociĂ©tĂ© et du langage hors de toute instrumentalisation et du langage et du sujet. Ces formulettes sont bel et bien Ă©crites » ! Il faut le rappeler Ă lâethnographe oublieux, parce quâelles font lâĂ©criture dâun sujet un sujet-relation dont tout le corps est langage non seulement parce que les formulettes exigent la performance dans ses variantes et variations, mais parce quâelles inventent chaque fois nouvellement une performativitĂ© du corps-langage, Ă savoir une Ă©thique du dire par son faire. Reprenons notre formulette. Il faut vraiment se tenir » pour que la formulette marche⊠En effet, le se tenir » qui fait la rĂ©ciprocitĂ© est une forme de vie transformĂ©e en une forme de langage et lâinverse. Se tenir » par ce quâon nâa pas la barbe⊠câest justement faire la dĂ©monstration que le langage nous tient plus que ses signes. Câest cette tenue qui est la relation dans et par le langage, sa prosodie, son rythme, que la transmission ne cesse de rejouer dans les formulettes et autres jeux de rĂ©crĂ©ation, de re-crĂ©ation. Alors on ne peut se contenter de rapporter cette transmission Ă une simple actualisation, il faut la concevoir comme lâinvention dâun noyau poĂ©tique, forme interne de ce discours, historicisation radicale qui met toute actualisation au diapason dâune relation et non dâune rĂ©pĂ©tition. On voir par lĂ que la transmission transmet dâabord de la transmission, de lâentretien pour le moins. Laissons maintenant la formulette et passons Ă la fable. Nous allons vite voir que lâentretien, ou plutĂŽt lâentretenue, en fait toute la force. Nous la prenons dans une vieille Ă©dition scolaire Jean de La Fontaine, Fables prĂ©cĂ©dĂ©es dâune notice biographique et littĂ©raire et accompagnĂ©es de notes grammaticales et dâun lexique, dans Radouant, 1929. Le Corbeau et le Renard MaĂźtre corbeau, sur un arbre perchĂ©, Tenait en son bec un fromage. MaĂźtre renard, par lâodeur allĂ©chĂ©, Lui tint Ă peu prĂšs ce langage HĂ© ! bonjour, Monsieur du Corbeau, Que vous ĂȘtes joli ! que vous me semblez beau ! Sans mentir, si votre ramage Se rapporte Ă votre plumage, Vous ĂȘtes le phĂ©nix des hĂŽtes de ces bois. » A ces mots le corbeau ne se sent pas de joie ; Et pour montrer sa belle voix, Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie. Le renard sâen saisit, et dit Mon bon Monsieur, Apprenez que tout flatteur Vit au dĂ©pens de celui qui lâĂ©coute Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. » Le corbeau, honteux et confus, Jura, mais un peu tard, quâon ne lây prendrait plus. Cette tenue par le corps-langage dâun sujet-relation que la formulette suggĂšre, on peut aussi entendre son activitĂ© dans la poĂ©sie » de la rĂ©citation scolaire, celle qui rejoue plus un enchantement » quâelle ne reprĂ©sente un théùtre de la parole ». Câest que, pour se limiter Ă la fable du corbeau et du renard, lâenchantement de lâ arbre perchĂ© », paradoxalement bien remarquĂ© par Rousseau, se poursuit dans tous les Ă©changes que fait faire la fable ramage-plumage », fromage-langage » pour une analyse plus dĂ©taillĂ©e et pour une considĂ©ration plus vaste de cette lecture dans lâhistoire de la poĂ©sie » Ă lâĂ©cole, voir Martin et S. Martin, Les PoĂ©sie, lâĂ©cole, p. 69-72.. Passage dâun corps-langage, formaticum, par la tenue rĂ©ciproque. Nâest-ce pas cette tenue que la rĂ©citation scolaire de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration a transmise bien plus quâune morale de lâinterlocution ? Ce qui serait tout autre chose quâune leçon de rhĂ©torique sur cette question, je me permets de renvoyer Ă Faire poĂ©sie, faire rĂ©citation, produire un poĂšme chercher le ton ou chercher la voix ? » dans F. Marcoin, 2002 ? Cette poĂ©tique relationnelle fait lâenchantement de la fable de La Fontaine . Ce langage nouveau » qui fait parler le Loup et rĂ©pondre lâAgneau », est un poĂšme-relation que la rĂ©citation a peut-ĂȘtre plus rĂ©ussi Ă entendre que ne le font certaines activitĂ©s pĂ©dagogiques portĂ©es sur la versification ou lâargumentation quâAnne-Marie Malazeyrat 1996 juge avec raison rĂ©ducteurs. DĂ©montrer la polyphonie narrative » permet certes de prendre conscience de lâĂ©cart » quâinstaure lâĂ©criture de La Fontaine avec la formule attendue, avec les rĂšgles traditionnelles du genre », avec la parole figĂ©e ». Mais cela revient Ă rĂ©duire le rĂ©citatif de la tenue rĂ©ciproque du corps et du langage, du langage et de la sociĂ©tĂ©, Ă une mise en scĂšne de la parole des personnages » puis du narrateur » Mazaleyrat, 1996 alors que câest le rĂ©citatif continu dâune voix-relation qui lâemporte sur la reprĂ©sentation de voix. Le théùtre est dans la voix et non lâinverse, tout comme la performance est dans la formulette et non lâinverse. Par consĂ©quent, la rĂ©citation scolaire, dans son aveuglement mĂȘme, son approche peu littĂ©raire » qui laisse bien des Ă©coliers » seulement entrevoir quelque chose de La Cigale et la Fourmi ou du Corbeau et du Renard » ibid., a pu transmettre ce théùtre de la fable plus que son explication. Câest cette tenue dâun sujet-relation qui fait le poĂšme du langage. Il est dans cet ordinaire de la cour de rĂ©crĂ©ation et de la rĂ©citation en classe, ordinaire qui ne lâest donc plus. Et nos rituels de devenir alors extraordinaires tous les jours que lâon fait classe⊠Cette troisiĂšme catĂ©gorie de rituels ne doit pas nous bercer dâillusions et vise au contraire Ă nous mĂ©fier de ce que lâĂ©cole et certaines traditions culturelles voudraient parfois faire accroire soit la crĂ©ation poĂ©tique est innĂ©e, soit elle est apprise ! Dans le premier cas, elle est rĂ©servĂ©e Ă une catĂ©gorie de personnes les gĂ©nies ou Ă une pĂ©riode de la vie lâenfant-poĂšte » ; dans le second cas, elle peut sâenseigner par une transmission de techniques dâexpression ou de fabrication ateliers dâĂ©criture inspirĂ©s du modĂšle amĂ©ricain creative writing ou du modĂšle français OULIPO pour Ouvroir de LittĂ©rature Potentielle ou encore rhĂ©torique ancienne que les lycĂ©es du XIXe siĂšcle enseignaient avec leurs exercices dâimitation des Anciens. Ces deux versions de la crĂ©ation poĂ©tique sont les deux faces dâune mĂȘme conception qui sĂ©pare le poĂšme du langage sous lâappellation de langage poĂ©tique » opposĂ© au langage ordinaire » alors que le gĂ©nie poĂ©tique » est au cĆur de toute activitĂ© langagiĂšre tout au long de la vie tout comme on ne peut rĂ©duire aucun poĂšme Ă quelque procĂ©dĂ© que ce soit sous peine de sĂ©parer la dĂ©finition du poĂšme de sa valeur et la valeur du poĂšme de sa dĂ©finition. Avec les consĂ©quences qui sâen suivent relativisme subjectiviste ou dogmatisme traditionnaliste. Comme dit Henri Meschonnic 2006, p. 14 Alors, que fait un poĂšme ? Un poĂšme fait la poĂ©sie. Sinon il est refait par elle. Refait, dans tous les sens du mot. Et quâest-ce que câest ? Ce nâest pas raconter une histoire, ce nâest pas dire une vĂ©ritĂ©, la vĂ©ritĂ©, aucune vĂ©ritĂ©. Je ne vois pas autre chose qui reste sinon sâinventer langage, vivre sa vie, et une vie langage. Ces rituels ne viseront donc pas autre chose que dâintensifier lâactivitĂ© langagiĂšre pour quâon y augmente lâattention au langage. Car cette derniĂšre est certainement la condition de la crĂ©ation de poĂšmes, plus prĂ©cisĂ©ment la condition de crĂ©ation de moyens permettant quâon les Ă©coute, les poĂšmes, dans et par les activitĂ©s langagiĂšres, en lecture comme en Ă©criture, Ă lâoral comme Ă lâĂ©crit. De la notation rapide au journal au long cours Le fruit de lâexpĂ©rience mâa permis de dĂ©gager trois types dâexercice dans la composition du haĂŻku Ă©veiller les enfants au rĂŽle de chaque mot dans une phrase, les habituer Ă manipuler les mots, affiner leur sensibilitĂ© Ă lâĂ©gard des mots et de leur usage. Fujii Kunihiko, Composons des haĂŻku, 1989 [citĂ© par Alain Kervern, 1995, p. 113] On sait le succĂšs des haĂŻku dans lâenseignement lâĂ©criture courte a toujours eu bonne presse parce quâelle permettait de tenir dans le temps scolaire et dans le cahier des charges de lâenseignant corriger 25 expressions Ă©crites⊠et lâon sait que bien des ZEP ou lieux Ă©quivalents nâoffrent comme projet dâĂ©criture Ă leurs Ă©lĂšves que ces carnets de haĂŻku » qui permettent de donner de la place Ă tous » et dâacculturer avec presque rien⊠MalgrĂ© ces critiques que dâaucuns trouveront rapides et faciles, gardons toutefois de ces expĂ©riences largement connues et explorĂ©es ce qui en constitue le plus grand intĂ©rĂȘt, lâĂ©criture de notations rapides, et ajoutons leur ce qui souvent leur manque une temporalitĂ© adĂ©quate et un travail de la reprise et du montage. Dans un premier temps, il semble tout Ă fait judicieux de faire noter rituellement des brĂšves â remarques, citations, notations sur le vif⊠â qui, dâune part, sâaccumulent lâintĂ©rĂȘt de ces brĂšves consiste dâabord Ă rendre disponible rapidement une certaine quantitĂ© pour la réécriture et, dâautre part, entraĂźnent une dextĂ©ritĂ© de la prise de notes comme pour tous les projets dâĂ©criture dans les classes, il est nĂ©cessaire de penser leur durĂ©e qui doit Ă la fois ne pas ĂȘtre trop longue mais assurer assez de possibilitĂ©s de reprise. Dans un second temps, lâactivitĂ© dâĂ©criture se transforme en celle de lecture, de relecture et surtout de sĂ©lection et de montage, voire dâillustration et dâĂ©dition, sans pour autant viser quoi que ce soit dâambitieux si ce nâest de se constituer un parcours qui montrerait une histoire, ne serait-ce que lâhistoire de cette activitĂ© de prises, au quotidien ou presque, sur le rĂ©el. La justification dâune telle activitĂ© est plus Ă rechercher par le moyen dâun support et dâun moment adĂ©quats quâĂ initier par une connaissance de la tradition japonaise ce qui me paraĂźt soit irrĂ©alisable avec de jeunes enfants et de moins jeunes apprenants !, soit dĂ©magogique et dâun exotisme de trĂšs mauvais goĂ»t car les haĂŻku constituent certes une tradition populaire au Japon mais on oublie souvent que leur dimension savante est extrĂȘmement rigoureuse sans parler de la prĂ©gnance dâune dimension Ă©rotique si ce nâest vulgaire⊠qui en fait tout le charme si ce nâest le sel. On comprendra alors quâil est plus sain, non seulement pour les enfants mais pour lâenseignant qui alors ne se joue pas dâun pseudo-savoir transmissif, de proposer de noter des bribes de rĂ©el sensations, visions, Ă©vocations voire citations en utilisant la page dâun carnet minuscule afin de favoriser lâagrandissement de la bribe ou de la brĂšve Ă la dimension de la page lui confĂ©rant ainsi une unitĂ© formelle mais Ă©galement temporelle immĂ©diate tout en la situant dans une opĂ©ration dâaccumulation â ce qui permet Ă la fois de rester sec un jour pour devenir disert un autre jour et surtout ce qui permet que les bribes sâenchaĂźnent les unes les autres sans forcĂ©ment suivre la mĂȘme logique, le mĂȘme thĂšme⊠Il y a lĂ des libertĂ©s et des nĂ©cessitĂ©s hasardeuses ! qui sont au principe dâune telle activitĂ© qui paradoxalement retrouvera alors lâesprit de la tradition japonaise, sachant bien que cette derniĂšre nâest pas homogĂšne et quâelle est trĂšs ancienne⊠et donc diverse historiquement. Ce rituel de la notation sur le vif peut se construire avec des consignes rĂ©pĂ©tĂ©es Ă satiĂ©tĂ© au moins une dizaine de fois et toujours assez simples â notez ce que vous avez vu en sortant de chez vous⊠â notez les paroles entendues Ă la rĂ©crĂ©ation⊠â notez la mĂ©tĂ©o du jour dans une acception trĂšs large, on peut noter les humeurs et autres sentiments du moment⊠â etc. Ce rituel peut alors se transformer progressivement en un jeu collectif petits groupes dâabord pendant lequel les participants enchaĂźnent leurs notations brĂšves comme dans un dĂ©fi, une joute verbale en lâoccurrence Ă©crite. Il serait judicieux alors que les Ă©lĂšves puisent dans leur stock de notations pour venir rĂ©pondre aux brĂšves lancĂ©es par leurs camarades. En groupe de 4, les Ă©lĂšves proposent une sĂ©rie enchaĂźnĂ©e de 12 notations en puisant dans leurs carnets puis les proposent Ă la classe oralement en prenant la parole chaque fois quâil sâagit de leur notation. En groupes plus importants, les Ă©lĂšves vont Ă©crire sur une grande affiche une notation qui vient rĂ©pondre aux prĂ©cĂ©dentes⊠Le principe du jeu doit mĂȘler le dĂ©fi et la participation de tous. En conclusion, ces notations ne prennent saveur quâau long cours. De la citation au collage Nous avons dĂ©jĂ Ă©voquĂ© lâactivitĂ© de notations et de diction de citations, donc de brefs fragments pris aux textes poĂ©tiques voire Ă dâautres textes ; aussi, il sâagirait de suggĂ©rer aux Ă©lĂšves de poursuivre cette activitĂ© de notations jusquâau montage-collage de nombreuses citations quâon appelait centon » Le terme dĂ©signe un texte en vers ou en prose dont les fragments sont empruntĂ©s Ă divers auteurs ou Ă diverses Ćuvres dâun mĂȘme auteur Demougin, 1985. Ces mĂ©langes qui introduisent pratiquement Ă lâanthologie nous y revenons bientĂŽt nâont pas pour objectif de prĂ©senter un simple ensemble de citations mais bien un texte cohĂ©rent, du moins dont le continu est perceptible â ce qui nâexclut pas des sauts et gambades », comme disait Montaigne de son Ă©criture. Ces rituels peuvent se contenter de crĂ©er non des poĂšmes mais bien plutĂŽt des ensembles qui, de la liste Ă©criture en lignes au texte continu Ă©criture en prose, permet de dĂ©couvrir par lâĂ©criture les traits saillants dâune recherche du poĂšme ce qui coupe / ce qui enchaĂźne ; ce qui reprend / ce qui perturbe ; ce qui sâallie / ce qui dĂ©sunit ; ce qui accentue / ce qui fond ; ce qui annonce / ce qui rĂ©pond ; ce qui accompagne / ce qui sĂ©pare ; ce qui se retranche / ce qui sâaffirme ; ce qui ralentit / ce qui accĂ©lĂšre ; ce qui ouvre / ce qui ferme ; etc. Bref, autant de catĂ©gories discursives qui font entendre du poĂšme dans et par une activitĂ© de reprise multiple. De lâimitation Ă la crĂ©ation Continuer CĂ©zanne est impossible. On ne peut le continuer que par de tout autres chemins. Ernest Pignon 1966 Mais nous savons que la tradition scolaire qui prend sa source dans les anciens exercices de rhĂ©torique tout comme dans certaines pratiques des ateliers dâĂ©criture, prĂ©conise lâactivitĂ© dâimitation pour produire » des textes dits poĂ©tiques en vertu de procĂ©dĂ©s de fabrication qui garantirait le label de poĂ©ticité⊠La littĂ©rature didactique et pĂ©dagogique sur la question naturalise cette activitĂ© en confondant procĂ©dĂ© ou technique dâĂ©criture et valeur poĂ©tique mĂȘme si lâintitulĂ© de tels exercices » dâimitation est plus que suggestif et engage bien autre chose que lâapplication de procĂ©dĂ©s Ă la maniĂšre de ». Câest que la maniĂšre » est un concept qui fait problĂšme est-ce seulement une affaire de main », un savoir faire transmissible, dâautant plus rĂ©duit Ă un tour de main » le plus souvent ! Non ! Nous savons bien que la maniĂšre conceptualisĂ©e dans le domaine pictural Ă lâĂ©poque classique rentre en concurrence dans le domaine littĂ©raire avec la notion de style, laquelle nâest pas moins problĂ©matique puisque le concept semble se confondre avec lâindividu quand, ailleurs, on sait que le style fait la caractĂ©ristique dâune Ă©poque, dâune Ă©cole, dâune sĂ©rie de fauteuils, etc., bref dâun collectif, dâun passage Ă lâanonyme. Câest pourquoi GĂ©rard Dessons a rĂ©introduit le concept de maniĂšre dans lâattention au poĂšme pour lui donner sa force conceptuelle de prise sur lâactivitĂ© subjective au cĆur du langage et des discours. Câest justement en considĂ©rant la maniĂšre comme ce qui permet que, par le langage comme aventure du dire, lâexpĂ©rience dâun seul devient lâexpĂ©rience de tous » Dessons, 2004, p. 380. Ce que pose Dessons, câest que la maniĂšre est un opĂ©rateur relationnel qui oblige chacun Ă trouver son rythme et non, Ă la diffĂ©rence du pastiche, de la parodie ou de la caricature, par exemple, de dissoudre le transubjectif dans une rĂ©pĂ©tition dâobjet et/ou de sujet qui achĂšve lâĆuvre dans ses dĂ©tails, dans ses tics, dans ses signes quand la maniĂšre engage Ă la continuer dans et par sa réénonciation. Aussi, sâagirait-il de travailler Ă des copies qui ne sont pas, Ă proprement parler, des copies » Octave Mirbeau dans Nathalie Heinich, 1991, p. 226, câest-Ă -dire de continuer la maniĂšre dâune Ćuvre plutĂŽt que de la rĂ©pĂ©ter, selon la formulation de Dessons p. 267. Jean-Claude Touzeil, Maud legrand ill., Parfois, Coll. Le farfadet bleu », ChaillĂ©-sous-les-Ormeaux, LâIdĂ©e Bleue, 2004, p. 20-21 Parfois, geai zĂ©ro phote an ortografe. oui, je lâai relu trois fois avant de comprendre!!! DĂ©cidĂ©ment, je ne suis pas encore habituĂ©e au langage SMS⊠Parfois, Tintin rejoint Titeuf au âBar des Bullesâ pour taper le carton avec ObĂ©lix et les frĂšres Dalton. jâimagine bien la scĂšne, au PrĂ©-en-Bulles, un bar de ma ville⊠Parfois, lâavenir du futur antĂ©rieur me semble problĂ©matique. Ă moi aussi⊠câest quoi dâailleurs? Parfois, Ă Ixelles Belgique, on ne trouve plus que des grandes tailles. va falloir que jâaille y faire un tour ^^ Le livre de poĂšmes de Jean-Claude Touzeil illustrĂ© par Maud Legrand, Parfois 2004, semble proposer une mĂȘme formule rĂ©pĂ©titive dâengendrement poĂ©tique » du dĂ©but Ă la fin du livre puisquâil est constituĂ© dâune litanie de propositions quâouvre lâadverbe parfois ». Mais, dâune part, lâillustration qui met deux blocs colorĂ©s face Ă face les anime de petits personnages qui progressivement dĂ©veloppent une Ă©popĂ©e minuscule et mystĂ©rieuse et, dâautre part, la litanie construit des registres thĂ©matiques, des parallĂ©lismes, des Ă©chos aussi variĂ©s quâinattendus. Bref, la rĂ©pĂ©tition se fait rythme du texte Ă lâimage et de fragments en fragments. Ce que chaque page, mĂȘme sans illustration, impose par son organisation en quatre propositions comme les quatre points cardinaux du sens en mouvement, une girouette au vent toujours changeant⊠Contentons-nous dâobserver ces deux pages 20 et 21 si les jeux de mots ou approximations nous mettent sur la piste dâun procĂ©dĂ© unitaire, un fragment la rose des sables » nây concourt pas et donc dĂ©fait cette premiĂšre rĂ©duction possible de la litanie Ă la rĂ©itĂ©ration dâun procĂ©dĂ© unique ; la structure syntaxique de la proposition est Ă©galement trois fois identique syntagme nominal+groupe verbal mais la premiĂšre proposition commence par un impersonnel ; trois propositions font deux lignes mais la quatriĂšme se contente dâune ligne ; etc. La litanie est donc plus un montage de propositions, souvent mais pas forcĂ©ment analogues par un de leur aspect. Ces propositions visent dâabord Ă construire un souffle ininterrompue de remarques certes hĂ©tĂ©roclites mais qui progressivement font entendre une maniĂšre de voir, de sentir, de vivre le monde, la pensĂ©e et le langage. Cette maniĂšre devient alors inimitable. Aussi, que reste-t-il Ă faire sous peine de rĂ©duire ce souffle Ă quelques procĂ©dĂ©s au souffle court, voire au souffle coupĂ© qui enterrerait la maniĂšre de Touzeil et celle du livre, donc aussi lâĂ©popĂ©e de lâillustration⊠? Il reste Ă continuer cette maniĂšre, Ă inventer si ce nâest avec des lanceurs du type de parfois », du moins avec des observations qui trouvent en mĂȘme temps quâelles se poursuivent un chemin pour une pensĂ©e qui se trouve dans le jeu de langage. Il nây a pas de recettes⊠pour passer de lâimitation Ă la crĂ©ation car, pas seulement parfois » mais toujours, faire la doublure / en retournant sa veste est une autre paire de manches » Touzeil, 2004, p. 43 Vous voyez, je ne nomme pas avant que de faire. Si on savait, si on savait, on ne serait pas lĂ dâabord. Câest lâimmense part dâinconnu ! Quand on parle de signe, on entre dans le connu ! Il y aurait une connaissance avant que fĂ»t le savoir. Pierre Tal-Coat 2007, p. 22, p. 27, p. 76 Les poĂšmes nâexistent pas hors du livre, plus prĂ©cisĂ©ment, les poĂšmes sont Ă©ditĂ©s et ces Ă©ditions les proposent trĂšs souvent avec un accompagnement artistique de type graphique ou plastique. Câest Ă cette dimension que dâautres rituels peuvent sâattacher sans que cela ne demande Ă proprement parler dâexplications autres quâune frĂ©quentation ouverte Ă toutes les sollicitations. Donner Ă lâillustration sa force premiĂšre de rendre illustre, de faire briller, et donc de faire mieux entendre le poĂšme en le voyant mieux, puis donner toute leur valeur dâopĂ©rateurs poĂ©tiques Ă tout ce qui concoure Ă lâĂ©dition dont lâillustration mais Ă©galement la mise en page, la typographie, etc., câest tenter de trouver des activitĂ©s rĂ©guliĂšres qui font aller plus vite au cĆur du livre de poĂšmes, au cĆur de la lecture. De lâillustration Ă lâĂ©dition Parfois, le poĂšme voudrait changer de page. Jean-Claude Touzeil 2004 Merci Ă Marie-Therese Cuenat Lâhabitude scolaire de recopier des poĂšmes peut-ĂȘtre considĂ©rĂ©e de deux façons soit il sâagit dâoccuper les Ă©lĂšves et de leur demander de recopier tel texte poĂ©tique en pariant sur le fait quâils ne perdent pas leur temps Ă recopier un beau texte » dâautant plus que la poĂ©sie Ă©tant ce quâelle est et les Ă©lĂšves aussi, il vaut mieux ne pas se faire dâillusion et assurer les compĂ©tences de base manuscrites et orthographiques avant dâenvisager autre chose⊠soit il sâagit de considĂ©rer une telle activitĂ© comme une vĂ©ritable activitĂ© intellectuelle non dĂ©nuĂ©e de sensations qui touchent Ă une physique de la lecture ainsi que Walter Benjamin le signalait avec beaucoup dâhumour dans un beau texte Objets de Chine » dont je retiens lâextrait suivant La force dâune route de campagne est autre, selon quâon la parcourt Ă pied, ou quâon la survole en aĂ©roplane. La force dâun texte est autre Ă©galement, selon quâon le lit ou quâon le copie. Qui vole voit seulement la route sâavancer Ă travers le paysage elle se dĂ©roule Ă ses yeux selon les mĂȘmes lois que le terrain qui lâentoure. Seul celui qui va sur cette route apprend quelque chose de sa puissance, et apprend comment, de cet espace qui nâest pour lâaviateur quâune plaine dĂ©ployĂ©e, elle fait sortir, Ă chacun de ses tournants, des lointains, des belvĂ©dĂšres, des clairiĂšres, des perspectives, comme lâordre dâun commandant qui fait sortir des soldats du rang. Il nây a que le texte copiĂ© pour commander ainsi Ă lâĂąme de celui qui travaille sur lui, tandis que le simple lecteur ne dĂ©couvre jamais les nouvelles perspectives de son intĂ©rioritĂ©, telles que les ouvre le texte, route qui traverse cette forĂȘt primitive en nous-mĂȘmes, qui va toujours sâĂ©paississant car le lecteur obĂ©it au mouvement de son moi dans lâespace libre de la rĂȘverie, tandis que celui qui copie le soumet Ă une discipline. Aussi lâart chinois de copier les livres fut-il la garantie incomparable dâune culture littĂ©raire, et la copie une clĂ© pour les Ă©nigmes de la Chine. Benjamin, 1950, 115-116 Demander rĂ©guliĂšrement de copier des poĂšmes pour les lire demande de laisser les Ă©lĂšves effectuer ce travail Ă leur guise, câest-Ă -dire en leur donnant le temps Ă lâissue de lâactivitĂ© dâĂ©changer rapidement sur leurs pratiques de la copie. Cela constitue un rituel de lecture extrĂȘmement consĂ©quent si lâon y rĂ©flĂ©chit bien. Dâautant plus quâen poursuivant la proposition de Walter Benjamin et se rappelant du fait que les chinois calligraphient, on peut suggĂ©rer aux Ă©lĂšves de dessiner au cĆur mĂȘme de leur activitĂ© de copie. PlutĂŽt que de sĂ©parer le dessin et la copie comme le faisait le cahier de poĂ©sies traditionnel, il serait judicieux dâengager les Ă©lĂšves Ă dessiner en mĂȘme temps quâils copient. Non pour tout confondre, encore quâun continu de la pensĂ©e du lecteur peut sây inscrire, mais pour donner prendre le temps de la lecture. Ajoutons que la pratique dâĂ©criture de bon nombre de poĂštes associent dĂšs le manuscrit ou dans des pratiques de prise de notes diverses, dessin et Ă©criture. On verra ci-dessous que le dessin peut se prolonger voire disparaĂźtre au profit du collage. Pour commencer de tels rituels, il est nĂ©cessaire de lancer des activitĂ©s trĂšs rĂ©guliĂšres de copie » qui convoquent des poĂšmes » ou plutĂŽt des extraits de poĂšmes trĂšs courts. Par exemple, la lecture magistrale ou par des Ă©lĂšves dâun poĂšme peut ĂȘtre suivie immĂ©diatement par le copiage dâun extrait soit imposĂ© soit libre de ce poĂšme. Un petit carnet de lecture â servant par ailleurs Ă dâautres activitĂ©s â ou plus simplement le cahier du jour, peuvent servir Ă cette activitĂ© qui ne dure pas plus de cinq Ă dix minutes. Des reprises sont toujours possibles en vue dâune Ă©dition de copies »⊠en utilisant, par exemple, la photocopie ! Mais alors, le montage va intervenir. On y revient plus loin. Il faudrait particuliĂšrement rĂ©server cette activitĂ© de copie aux poĂšmes » car câest avec de tels textes que vont se rencontrer un certain nombre de problĂšmes de lecture et dâĂ©criture et donc se construire des problĂ©matisations et conceptualisations importantes et dĂ©cisives pour tout lecteur. Le plus important â et peut-ĂȘtre le premier dans la genĂšse de lâĂ©criture et de la lecture â est celui de la justification qui ne peut se rĂ©duire Ă un vulgaire code typographique quand il sâagit de faire sens, de donner vie. La manipulation par la copie, quâelle soit manuscrite ou tapuscrite jusquâau traitement de texte, demande de penser lâĂ©criture dans son activitĂ© quasiment physique comme invention de son espace en mĂȘme temps que de sa temporalitĂ©, de son continu en mĂȘme temps que de ses discontinuitĂ©s, de sa volubilitĂ© en mĂȘme temps que de ses silences, etc. Les questions naĂŻves des jeunes Ă©lĂšves copiant un texte sont des questions fondamentales de lecture pourquoi, comment aller Ă la ligne ? », pourquoi, comment couper un mot ? », pourquoi, comment des majuscules, des signes de ponctuation⊠? » pourquoi, comment disposer dans la page ? », etc. Tenant compte de ces objectifs et des possibilitĂ©s dâaccorder toute son importance Ă lâactivitĂ© de copie de poĂšmes voire, de prĂ©fĂ©rence, dâextraits choisis de poĂšmes, il paraĂźt judicieux de continuer Ă utiliser le cahier de poĂ©sie. Cela demande alors de le transformer de deux points de vue varier son format et surtout ne plus opposer texte et illustration en recherchant des formes libres dâassociation et en laissant sâaccumuler des essais de copie mĂȘlant Ă©crits et dessins. NĂ©cessairement, les enseignants et peut-ĂȘtre les parents demanderont alors Ă vĂ©rifier ces copies » de poĂšmes mais dans un premier temps il semble prĂ©fĂ©rable dây attacher de lâattention et de les relire ensemble ou, mieux, dây consacrer de courts moments pour voir ce qui a Ă©tĂ© fait, ce qui est nouveau⊠et les erreurs de copie se corrigeront dâelles-mĂȘmes puisque le seul moyen de vĂ©rification est de repartir de lâoriginal, de lâĂ©dition officielle » du poĂšme en vue de cette Ă©dition personnelle quâest sa copie. Du collage au montage Une autre modĂšle du rituel pour illustrer avec les poĂšmes demande de donner toute sa place Ă lâactivitĂ© de collage. Comme dit Michel Butor, dans le collage, les mots ne sont plus quelque chose que lâon trace, mais que lâon trouve » Butor, 1974, p. 88. Si Butor parle des collages de fragments dâimprimĂ©s, on peut gĂ©nĂ©raliser sa proposition Ă©galement Ă tous les types de collage matiĂšres, couleurs, illustrations diverses et bien Ă©videmment morceaux de textes imprimĂ©s ou manuscrits car le collage demande, aprĂšs voire au cours de sa rĂ©alisation, dâengager une parole qui construit une lecture. Cette parole prendra forcĂ©ment appui sur les rapports qui peuvent apparaĂźtre entre la lecture premiĂšre du poĂšme ou fragment de poĂšme qui prĂ©cĂšde le poĂšme et la lecture seconde qui voit se superposer ou se juxtaposer collage et poĂšme. Prenons quelques exemples qui donnent matiĂšre Ă ces activitĂ©s de collage lire un poĂšme, ou rĂ©pĂ©tons-le une derniĂšre fois, un fragment de ce poĂšme, Ă cĂŽtĂ© de papiers de couleur dĂ©chirĂ©s ou dĂ©coupĂ©s qui viennent lâaccompagner observer alors les diffĂ©rences de lecture selon les accompagnements colorĂ©s et ne coller les papiers quâune fois lâexpĂ©rience conduite aprĂšs plusieurs essais ; rĂ©aliser le mĂȘme genre dâexpĂ©rience avec des papiers transparents en variant les couleurs, les formes, les superpositions, finir par une proposition ; prendre dans une banque dâimages de reproductions dâĆuvres ou de photographies paysages, portraits,objets⊠et essayer des combinaisons avec le poĂšme coller aprĂšs avoir effectuer si nĂ©cessaire des prĂ©lĂšvements, des superpositions⊠Si ces activitĂ©s avec bien dâautres variantes peuvent se rĂ©aliser dans le traditionnel cahier de poĂ©sies, elles peuvent Ă©galement en sortir et sâouvrir Ă des boĂźtes de poĂ©sies qui feront place Ă des objets â sâinspirant , par exemple, des boĂźtes de Joseph Cornell, autant quâĂ des papiers pour que la lecture alors prenne la troisiĂšme dimension sans hĂ©siter ! Mais avec le montage, câest vers la quatriĂšme dimension que les Ă©lĂšves vont alors se diriger⊠Joseph Cornell Navigating the Imagination Pour concrĂ©tiser cette activitĂ©, nous allons observer un ouvrage publiĂ© dans la collection Le farfadet bleu ». Au-delĂ , une observation de plusieurs ouvrages de cette collection permettrait dâailleurs aux Ă©lĂšves de trouver par eux-mĂȘmes des idĂ©es de montage avec les poĂšmes et les images⊠Le Capitaine des myrtilles de Daniel Biga est accompagnĂ© par un carnet de dessins » p. 25 Ă 34 rĂ©alisĂ© par KĂ©lig Hayel. Les 29 poĂšmes de Biga qui font comme une courte anthologie de son Ćuvre pour ses jeunes lecteurs puisquâils ont Ă©tĂ© pris Ă trois ouvrages antĂ©rieurs, sont parfois annotĂ©s dâun renvoi au carnet de dessin. Ce livre propose donc un montage Ă©tonnant un ensemble de poĂšmes et un carnet de dessin avec un systĂšme de renvois des uns aux autres ! Mais si lâon observe de plus prĂšs ce dispositif, on voit que câest lâĂ©criture de Biga qui lâa suggĂ©rĂ©. Le poĂšme qui suit est prĂ©cĂ©dĂ© de la mention manuscrite dessin du carnet ». PAYSAGE RAPIĂCĂ haies de cyprĂšs de saules de peupliers longues et hautes allĂ©es de domaines inconnus chemins terreux route de goudron limites de champs et vignobles ruisseaux serpentins bordĂ©es de forĂȘts de cannes talus frontaliers enchevĂȘtrĂ©s de garrigues lambeaux campagnards bourrelets cicatrices hachĂ© coupĂ© retaillĂ© bordĂ© surfilĂ© patchwork multiples coutures reprises du paysage image Ă venir Ce poĂšme et ce dessin quâil faut donc associer en tournant les pages du livre nous font faire ce quâils font et ce quâils disent quâils font rapiĂ©cer » ! Mais ce montage qui est un travail de reprise par les bordures, les enchevĂȘtrements, les cicatrices, le surfilage et les coutures, lie dans un continu le texte Ă lâimage, le propos Ă la maniĂšre, le rythme au sujet. Aussi, le paysage nâest plus une description statique mais un mouvement de va-et-vient qui ne cesse de tisser une voix autant quâun regard, une expĂ©rience autant quâune pensĂ©e. Pour encore mieux prĂ©ciser la dĂ©marche ici proposĂ©e avec les Ă©lĂšves, il sâagit bien de considĂ©rer lâactivitĂ© dâĂ©criture de listes voir nos sĂ©quences avec un livre de poĂšmes et la premiĂšre activitĂ© proposĂ©e liste lexicale hiĂ©rarchisĂ©e comme une vĂ©ritable activitĂ© dâĂ©criture. Ici, lâĂ©criture de listes inclut la prise dâĂ©lĂ©ments graphiques et illustratifs, du moins nâhĂ©site pas Ă passer des uns aux autres. Quand la collection a Ă©tĂ© plus ou moins rĂ©alisĂ©e, les Ă©lĂšves sont amenĂ©s Ă la prĂ©senter et donc Ă effectuer un montage. Ce montage peut sâeffectuer linĂ©airement comme fait Daniel Biga dans son poĂšme â ce qui correspond Ă lâactivitĂ© de hiĂ©rarchisation prĂ©cĂ©demment proposĂ©e â ou tabulairement comme fait KĂ©lig Hayel pour son dessin d ». Ce tableau » est en effet concentrique par son organisation signifiante collage concentrique de fragments de dessins, pastels grattĂ©s et encres » autour de reproductions dĂ©coupĂ©es de papillons venant elles-mĂȘmes entourer une liste de ces mĂȘmes papillons â ces derniers ayant Ă©tĂ© pris Ă un manuel » ou guide » naturaliste. Il faut toutefois ajouter que cette organisation concentrique est perturbĂ©e puisquâelle est orientĂ©e vers le coin supĂ©rieur droite de la double-page et que les dessins » noirs y concourent par leur disposition. Un peu comme la liste hiĂ©rarchisĂ©e des Ă©lĂ©ments du paysage rapiĂ©cĂ© » de Daniel Biga est lancĂ©e par le syntagme haies de cyprĂšs » qui met le lecteur au cĆur si prĂšs ! de ce qui organise ce poĂšme-paysage ses coutures ». De ce principe dĂ©sorganisateur, le poĂšme fait une orientation qui paradoxalement construit un continu dans et par la fragmentation haies de cyprĂšs-de saules-de peupliers » oĂč dĂšs la premiĂšre ligne nous lisons cette accumulation apparemment hĂ©tĂ©roclite puisque chaque fragment est une reprise du paysage » . Le continu du poĂšme puise son principe dans lâexigence du continu du microcosme au macrocosme et de lâextĂ©rieur Ă lâintĂ©rieur, que la voix du poĂšme rĂ©alise. Il ne faudrait surtout pas perdre ces moments qui permettent Ă la classe de continuer Ă apprendre sans se soucier dâobjectifs Ă atteindre, de savoirs prĂ©cis Ă trouver, de dĂ©marches Ă contrĂŽler⊠Ces moments ritualisĂ©s sont comme bien des moments de la vie, ceux oĂč lâon fait sans trop savoir ce que lâon fait mais en sachant bien quâon le fait bref, ce sont des moments dâĂ©coute ou de diction flottante, de lecture Ă vue et dâĂ©criture au fil de la plume parce quâon se laisse aller dans un cadre ritualisĂ© qui assure quâon en reviendra sain et sauf et mĂȘme ragaillardi, rĂ©joui, et pourquoi pas reposĂ© aussi. Ces rituels sont gĂ©nĂ©ralement courts certains les ont appelĂ©s gouttes de poĂ©sie » mais une tornade ne peut prendre que quelques instants et le goutte-Ă -goutte est souvent le dernier remĂšde avant lâextinction ! Alors de la minute qui vient comme ponctuer les autres activitĂ©s scolaires Ă ce petit moment rĂ©gulier quâon retrouve tous les jours ou tous les deux jours et qui nous met tous ensemble pour entamer une activitĂ© sĂ©rieuse ou au contraire boucler une activitĂ© qui manque de sĂ©rieux⊠de la minute au quart dâheure, on peut trouver une variĂ©tĂ© de rituels qui mettent les poĂšmes au diapason des habitudes toujours vives et pas forcĂ©ment empĂȘtrĂ©es dans la morositĂ©, les mauvaises habitudes ou les facilitĂ©s occupationnelles. Rituels pour rĂ©citer les poĂšmes Le souci Et pour qui sont ces six soucis ? Ces six soucis sont pour mĂ©moire. Ne froncez pas les sourcils Ne faites donc pas une histoire, Mais souriez, car vous aussi, Vous aussi aurez des soucis. Robert Desnos 1991, p. 42. De la rĂ©citation au rĂ©citatif Le rituel le plus rĂ©pandu dans lâĂ©cole câest la rĂ©citation qui est Ă la fois un exercice trĂšs ancien et progressivement rĂ©duit Ă lâinstrumentalisation de la poĂ©sie. On aurait tendance aujourdâhui Ă le vouer aux gĂ©monies. Pourquoi ne pas le garder en lui redonnant ses lettres de noblesse, peut-ĂȘtre mĂȘme en le rĂ©inventant ! Par exemple, la rĂ©citation pourrait sâinspirer de cet extrait du théùtre de ValĂšre Novarina 1997, p. 142-144 Lâenfant dâoutrebref Vous nâavez plus que cinquante-huit phrases Ă dire. La figure pauvre En tout et pour tout ? Le plancher est ; la pluie coule Ă verse ; jâai passĂ© les tuyaux au ZĂšbracier ; jâai dĂ©placĂ© sur ma table les galets tĂ©moins ; de plus en plus de personnes en moi, ou hors de moi, disent quâelles ont froid aux pattes ; le soleil luit aujourdâhui ; jâirai faire un tour chez les vĂ©nĂ©naux ; puis je me lĂšverai matin ; bĂ©nis ceux dont les langages me parlent dans la tĂȘte ; bĂ©nie soit la vie qui nous Ă©chappe ; ombre verte est lâombre verte ; je vais balayer. » Lâenfant traversant Encore trois cent quatre-vingt-neuf mots. La figure pauvre [âŠ] Lâenfant traversant Trois-cent vingt et un. La figure pauvre Par la fenĂȘtre, on voit un groupe de sapins ; un sapin isolĂ© Ă double tronc ; une maison en ruine avec des poutres ; une haie dâorties ; une prairie dâherbes avec des chardons ; les sapins vert sombre ou bleu sombre, vert-bleu sombre ; les sapins toujours lĂ sombrement ; une colline bleue ou bleu-gris ; le ciel trĂšs-trĂšs-trĂšs blanc au-dessus du bas de la colline ; le ciel un peu plus bleu au-dessus ; des rojales oyu Ă©pilobes au milieu des orties. â Nom des herbes, dire le nom des herbes ! â Je peux encore dire le nom des herbes ? Lâenfant traversant Dites le nom des herbes que vous savez ! La figure pauvre La tramine, lâĂ©pieuse, le lactis, les foliacĂ©es, lâĂ©grangette, la bardane, lâĂ©pilobe, la prĂȘle, la fĂ©tuque, la brize, le dactyle, le vulpin, le scirpe, la laĂźche, la luzule, le colchique, le narcisse, lâiris, lâoseille, le mĂ©landre, le coucou, lâĆillet, le caltha, le trolle, la renoncule, la cardamine, la parnassie, lâansĂ©rine, la benoĂźte des ruisseaux, la valĂ©riane, la succise, la scabieuse, le coult, la campanule, la marguerite, lâarnica, le sĂ©neçon, la carline, le salsifis, le pissenlit, la chicorĂ©e sauvage, la piloselle, la folle avoine, le muscari, la tulipe sauvage, la petite oseille, la renouĂ©e, la dauphinelle, lâadonide, le pavot, le coquelicot, le fumeterre, le sĂ©nevĂ©, la ravenelle, le bec de grue, lâeuphorbe, la pensĂ©e, le liseron, la morgeline, le lamier, la galĂ©opse, la menthe, la mĂ©lampyre, la niĂšble, la matricaire, lâanthĂ©mide, la centaurĂ©e, le laiteron, le cirse. Nâavoir que 58 phrases Ă dire, que 389 mots ou encore dire le nom des herbes que lâon sait⊠autant de pistes de rĂ©citation ! Quâest-ce Ă dire ? Quâil sâagit de rĂ©citer des listes qui ne sont pas seulement nominales, de maniĂšre adĂ©quate au niveau ou aux finalitĂ©s que lâon se donne un rĂ©citant et un chĆur qui reprend â le rĂ©citant pouvant ĂȘtre lâenseignant, le chĆur pouvant ĂȘtre la classe ou de petits groupes qui rĂ©citent alternativement⊠des listes ; un ou plusieurs Ă©lĂšves lisent des listes dans un premier temps puis progressivement emportĂ©s par la rĂ©citation se mettent Ă improviser des suites de listes ou des listes nouvelles⊠Ces rĂ©citations nâont pas pour objectif premier de bien lire, de bien articuler, de bien exprimer ces listes mais de faire passer des fragments certes sensĂ©s dâun discours qui nâa de tenue que par sa profĂ©ration, son passage en bouches â voire en boucles â exactement comme les ritournelles enfantines qui dâailleurs peuvent ĂȘtre pour les plus petits lâoccasion de rĂ©citations semblables. Ces rĂ©citations habituent Ă mettre le corps dans des dispositions libres pour que les textes prennent voix indĂ©pendamment des volontĂ©s et autres stratĂ©gies dâarraisonnement Ă des fins trop rĂ©flĂ©chies. Il sâagit de faire venir lâĂ©nergie discursive proche de la volubilitĂ© des parleurs engagĂ©s dans des conversations passionnantes des enfants qui parlent pour parler, par exemple comme font bien des adultes au tĂ©lĂ©phone ou au cafĂ© voire dans les soirĂ©es mondaines dont lâart, rappelons-le, est de tenir la conversation coĂ»te que coĂ»te⊠Quand la rĂ©citation de listes acquiert cette volubilitĂ©, elle peut alors facilement sâĂ©tendre Ă nâimporte quel texte pour faire peut-ĂȘtre entendre son poĂšme câest-Ă -dire ce qui peut en faire un poĂšme, Ă©tant entendu que la volubilitĂ© entraĂźne tout le discours dans lâinconnu de la relation langagiĂšre. Câest un test excellent pour voir si un texte mis en bouche fait poĂšme. Et il faudrait autant sinon plus que par lâexplication tester les textes ainsi. Ce qui nâa rien Ă voir avec la diction théùtrale qui peu ou prou entre dans une culture qui surplombe le texte bien souvent ou avec la diction dite expressive qui vient comme confirmer la comprĂ©hension et lâinterprĂ©tation scolaires ou savantes. Les unes comme les autres ne rendront jamais tel texte de Henri Michaux 1963, p. 92-93 Ă son poĂšme autant quâune rĂ©citation-profĂ©ration. Dans la nuit Dans la nuit Dans la nuit Je me suis uni Ă la nuit Ă la nuit sans limites Ă la nuit. Mienne, belle, mienne. Nuit Nuit de naissance Qui mâemplit de mon cri De mes Ă©pis. Toi qui mâenvahis Qui fais houle houle Qui fais houle tout autour Et fumes, es fort dense Et mugis es la nuit. Nuit qui gĂźt, nuit implacable. Et sa fanfare, et sa plage Sa plage en haut, sa plage partout Sa plage boit, son poids est roi, et tout ploie sous lui Sous lui, sous plus tĂ©nu quâun fil Sous la nuit, La Nuit. Tous les poĂšmes de cet ensemble intitulĂ© PoĂšmes » â il y en a treize ! â peuvent ainsi ĂȘtre mis en bouche pour le seul enjeu de vivre leur volubilitĂ© qui fait le plein de poĂšmes. Celui qui figure ici â le neuviĂšme â commence par se rĂ©pĂ©ter pour ne plus arrĂȘter de se reprendre un peu comme sâil bĂ©gayait mais, plus quâune hĂ©sitation dans la diction, il sâagirait dâune insistance, dâun tournoiement, dâun abandon Ă cette nuit », Ă cette obscuritĂ© envahissante qui tient autant Ă sa prosodie quâĂ sa thĂ©matique, qui tient Ă sa voix Ă©blouissante. LâĂ©nergie discursive se trouve dans la diction qui se cherche en rĂ©pĂ©tant, en reprenant presque inlassablement jusquâĂ un certain Ă©puisement, un certain oubli du texte, de la situation mĂȘme⊠Câest que lâenjeu dâune telle activitĂ© consiste Ă faire venir jusquâĂ son Ă©coute lâinconnu dâun texte autant que lâinconnu de lâactivitĂ© elle-mĂȘme. La surprise est imprĂ©visible ; la trouvaille ne se maĂźtrise pas. De la citation Ă lâaction Ăcrire au tableau une phrase du jour ou, variante, faire Ă©crire aux Ă©lĂšves la phrase du jour sur une affiche qui accumule ainsi les phrases, extraits de proses et de vers⊠pour que chacun les recopie, les redise, les apprenne par cĆur on vĂ©rifie ces mĂ©morisations dans la journĂ©e, le lendemainâŠ, sachant bien que la sĂ©lection sâopĂ©rera dâelle-mĂȘme pour chacun mais aussi dans le groupe. Ce bon mot » du jour peut se voir reconsidĂ©rer de plusieurs maniĂšres le recopier, certes, mais en travaillant le graphisme sans, pour autant, faire calligramme de ce qui nâa pas Ă©tĂ© Ă©crit pour cela mais simplement pour dĂ©monter lâextrait, le montrer autrement, se lâapproprier La riviĂšre parfois tremble se noue pourtant jamais elle ne se retourne pour voir si on la suit. Alexandre Voisard dans Guy Goffette, 2003, p. 92 le contextualiser en lisant le contexte de lâextrait avant et/ou aprĂšs, en donnant les rĂ©fĂ©rences, en se documentant sur lâauteur, le thĂšme, les mots⊠Voulez-vous parlons dâautre chose Il y a des esprits moroses Des esquimaux des ecchymoses Louis Aragon, 2003, p. 72. lâafficher dans des lieux insolites dans la classe, dans lâĂ©cole pour que ces nouveaux contextes obligent Ă lire autrement, Ă inventer dâautres lectures, Ă trouver dâautres lecteurs tout lâintĂ©rĂȘt de cette activitĂ© câest aussi dâĂȘtre rĂ©guliĂšre jusque dans ses surprises mĂȘmes. Liste indicative de telles possibilitĂ©s souvent inspirĂ©es par Amandine Marembert dans Cahiers pĂ©dagogiques, n° 417, 2003, p. 37-38 corbeille de fruits poĂ©tiques Ă lâentrĂ©e de la classe, de lâĂ©cole fil Ă linge poĂ©tique dans le couloir self poĂ©tique un poĂšme sur le plateau du self le midi post-it poĂ©tiques sur les marches dâescalier, aux plafonds parapluie, parasols et paravents poĂ©tiques dans la BCD papillotes, boules et autres guirlandes poĂ©tiques dans lâarbre de la cour portes-clĂ©s, badges, tickets et autres petits matĂ©riels poĂ©tiques pour une fĂȘte de lâĂ©cole sms, timbres et enveloppes poĂ©tiques pendant une semaine de la poĂ©sie petites annonces poĂ©tiques sur le panneau des informations tracts poĂ©tiques la matin ou le soir avant ou aprĂšs les heures de classe fusĂ©es, avions et cerfs-volants poĂ©tiques etc. le jouer de multiples fois pour en tester la force en variant les dispositifs scĂ©niques ou vocaux La source tombait du rocher Goutte Ă goutte Ă la mer affreuse. LâOcĂ©an, fatal au nocher, Lui dit Que me veux-tu, pleureuse ? Je suis la tempĂȘte et lâeffroi ; Je finis oĂč le ciel commence. Est-ce que jâai besoin de toi, Petite, moi qui suis lâimmense ? » La source dit au gouffre amer Je te donne, sans bruit ni gloire, Ce qui te manque, ĂŽ vaste mer ! Une goutte dâeau, quâon peut boire. » Ce poĂšme de Hugo tirĂ© des Contemplations avril 1854 dans Hugo, 1973, p. 254 demanderait plus quâune mise en scĂšne dialogique qui dâailleurs dĂ©truirait la continuitĂ© de la voix du fabuliste. Il exige un long travail de variations sur un ou deux vers seulement, quels quâils soient. Dire de trĂšs nombreuses fois un ou deux vers, les passer de bouche en bouche, les faire vivre dans des dĂ©placements du corps et dans des gestes, vont alors permettre que les commentaires fusent et surtout que le poĂšme de cette fable sâincorpore, devienne le propre de chacun sans quâaucune explication nâait Ă©tĂ© donnĂ©e. Ces variations partagĂ©es sur de petits moments poĂ©tiques dâun texte ouvrent un vrai dĂ©bat interprĂ©tatif dans et par lâattention prĂ©cise aux dĂ©tails les plus infimes de ce que fait un poĂšme au corps, Ă la voix, Ă chacun et Ă tous. Parions que le mot goutte » ne sera plus jamais entendu, compris, employĂ© comme avant⊠Deux ouvrages seulement pour le collĂšge mais aprĂšs ceux des cycles 2 et 3, chacun comprendra aisĂ©ment la dĂ©marche et saura lâadapter aux autres ouvrages que nous avons proposĂ©s et Ă bien dâautres tout aussi forts de lecture. Certes, lâampleur et la difficultĂ© augmentent mais rien ne remplace, contrairement aux habitudes souvent acquises dans le secondaire, cette dĂ©marche qui laisse toute sa place Ă lâaventure de la lecture et des lecteurs Ă©tant donnĂ© quâelle est toujours lâexigence de leur libertĂ©, câest-Ă -dire de lâĂ©coute la plus proche des Ćuvres. Avec Blaise Cendrars et ses Feuilles de route Il nây a pas plus allĂ©gorique de la lecture elle-mĂȘme que le journal de voyage et câest un tel journal que Cendrars propose comme livre de poĂšmes avec ses Feuilles de route la dĂ©dicace fort longue qui ouvre le livre parle de cahier » ; ce qui nous fait songer au carnet de bord. Lequel est constituĂ© de trois parties I. Le Formose », du nom du bateau quâemprunte Cendrars en direction du BrĂ©sil en passant par Bilbao et Dakar, dont nous connaissons lieux et dates dâĂ©criture puisquâon lit au bas de cette premiĂšre partie la mention Le Havre-Saint-Paul, fĂ©vrier 1924 »; II. Sao-Paulo », le Saint-Paul de la mention finale de la premiĂšre partie, qui comprend six courts poĂšmes ; III. », la troisiĂšme partie du cahier » sans autre titre que sa numĂ©rotation qui commence par un DĂ©part » pour sâachever sur un question abyssale Pourquoi jâĂ©cris ? » Ă laquelle est donnĂ© la rĂ©ponse la plus ouverte qui soit Parce que⊠» avant que ne figure lâannĂ©e de cette Ă©criture 1924 ». On notera toutefois que les Ă©ditions Gallimard ont donnĂ©, dans le sommaire le titre du premier poĂšme » Ă la troisiĂšme partie sans utiliser les rĂšgles typographiques qui sâimposent⊠Câest donc un cahier » de 80 pages environ quâon peut lire dâune traite comme lâinvention dâun livre qui se cherche autant dans ses lecteurs que dans son propos, mĂȘme si Cendrars semble nous donner des pistes rassurantes autant que dĂ©routantes avec sa lettre-ocĂ©an » LETTRE-OCĂAN La lettre-ocĂ©an nâest pas un nouveau genre poĂ©tique ⊠La lettre-ocĂ©an nâa pas Ă©tĂ© inventĂ©e pour faire de la poĂ©sie Mais quand on voyage quand on commerce quand on est Ă bord quand on envoie des lettres-ocĂ©an On fait de la poĂ©sie p. 22 Passage qui pourra certainement susciter un dĂ©bat nourri tout au long du livre mĂȘme si les formes du dĂ©bat peuvent rester allusives voire silencieuses⊠*** Les listes lexicales possibles sont bien Ă©videmment nombreuses ; il semble toutefois que des pistes exemplaires puissent ĂȘtre empruntĂ©es et la classe pourra utiliser Ă bon escient des rĂ©partitions en sous-groupes Ă©tant entendu que chaque liste lexicale hiĂ©rarchisĂ©e rĂ©alisĂ©e ne peut lâĂȘtre quâindividuellement puisquâil sâagit toujours de se montrer un parcours de lecture dans lâĆuvre. Observez quelques personnages rencontrĂ©s par Cendrars au long de son voyage et ordonnez-les Ă votre convenance ; Le narrateur du cahier livre ses impressions de voyageur au long cours, relevez-les et ordonnez-les ; Listez quelques activitĂ©s des voyageurs Ă bord des transatlantiques telles que dĂ©crits par le narrateur de ces Feuilles de route et ordonnez-les dans lâordre de prĂ©fĂ©rence de ce mĂȘme narrateur. Il sâagit, on lâaura compris, de pĂ©nĂ©trer la voix narrative, dâen comprendre les accents, dâen saisir la force jusque dans son ironie parfois grinçante et sa porositĂ© aux clichĂ©s de lâĂ©poque quoiquâelle ne cesse de sây opposer â perdons lâhabitude de dire que le poĂšte pense que, parle de⊠et considĂ©rons en poĂ©sie comme en roman, y compris autobiographique, que le narrateur que nous prĂ©fĂ©rons appeler, dĂšs quâil y a poĂšme, le raconteur » nâest pas lâauteur ! *** Les instantanĂ©s théùtraux peuvent avoir pour objectif de montrer le travail dâĂ©criture pensive et aventuriĂšre de Cendrars Ă©criture au prĂ©sent de lâĂ©criture. Cendrars donne toujours lâimpression du poĂšme en train de sâĂ©crire au moment du vivre. On pourrait donc proposer aux Ă©lĂšves de dire tel ou tel passage de leur choix en mimant leur Ă©criture machine Ă Ă©crire ou plus certainement traitement de texte avec vidĂ©o-projecteur si le collĂšge a les moyens. Ce mode de diction en Ă©crivant â mĂȘme fictivement car un diaporama projetĂ© peut trĂšs bien avoir dĂ©jĂ Ă©crit le texte qui se projette sâĂ©crivant â permet Ă la voix de sâintĂ©rioriser dans son passage au public. Un exemple avec trois poĂšmes » qui vont ensemble p. 34-35 LâĂQUATEUR LâocĂ©an est dâun bleu noir le ciel bleu est pĂąle Ă cĂŽtĂ© La mer se renfle tout autour de lâhorizon On dirait que lâAtlantique va dĂ©border sur le ciel Tout autour du paquebot câest une cuve dâoutremer pur LE PASSAGE Ă LA LIGNE Naturellement jâai Ă©tĂ© baptisĂ© Câest mon onziĂšme baptĂȘme de la ligne Je mâĂ©tais habillĂ© en femme et lâon a bien rigolĂ© Puis on a bu JE NAGE JusquâĂ la ligne câĂ©tait lâhiver Maintenant câest lâĂ©tĂ© Le commandant a fait installer une piscine sur le pont supĂ©rieur Je plonge je nage je fais la planche Je nâĂ©cris plus Il fait bon vivre Ce passage de la ligne lâĂquateur peut ĂȘtre lu comme un passage Ă la ligne dans lâĂ©criture, passage qui renverse toute lâĂ©criture comme lâĂquateur traversĂ© renverse les saisons. Ce qui rappelle le sĂ©rieux dâune anecdote dans lâĂ©criture aller Ă la ligne. SĂ©rieux qui aussitĂŽt peut aussi faire rire, dĂ©faire le sĂ©rieux de lâĂ©crire je nâĂ©cris plus »⊠LâinstantanĂ© théùtral peut suggĂ©rer ce passage Ă la ligne en crĂ©ant cet espace brisĂ© et renversant espace qui doit dâabord sâentendre dans la diction qui explorera les modes du passage Ă la ligne liĂ©es et sĂ©parĂ©es, les lignes inventent une danse de la voix⊠*** Les Ă©crits Ă la premiĂšre personne emprunteront bien Ă©videmment le genre » qui nâen est pas un ! de la lettre-ocĂ©an. La plus grande libertĂ© est possible quant aux signataires de ces lettres-ocĂ©an un papillon » Un papillon grand comme la main est venu virevolter tout autour du paquebot / Il Ă©tait noir et jaune avec de grandes stries dâun bleu dĂ©teint », p. 39 ou un ouistiti » jâai achetĂ© trois ouistitis que jâai baptisĂ©s Hic Haec Hoc », p. 78 ; voir aussi p. 82 peuvent fort bien en ĂȘtre les signataires ; mais le charpentier » p. 82 ou encore Christophe Colomb p. 83 peuvent signer de belles lettres-ocĂ©an en Ă©cho Ă celles de Cendrars. La mythologie personnelle de Cendrars pourrait aussi venir nourrir une lettre-ocĂ©an signĂ©e dâOrion, sa constellation de prĂ©dilection p. 30 qui est sa main montĂ©e au ciel » p. 34. LâĂ©criture de telles lettres demandent de se nourrir du poĂšme, de ne pas hĂ©siter Ă le citer, de glaner des documents dans les dictionnaires, bref, de dĂ©river, de voyager dans et par lâĂ©criture. Didactiquement, il est certainement prĂ©fĂ©rable dâorienter la libertĂ© dans un projet dâĂ©criture qui montera progressivement en puissance. Par exemple, en suivant une progression de ce type 1. Ăcris la rĂ©ponse Ă la Lettre » p. 13 ; 2. Europe » rĂ©pond Ă la lettre En route pour Dakar » p. 17-18 ; 3. Cendrars a trouvĂ© une lettre-ocĂ©an » dans un cachot » de GorĂ©e » p. 24 mais ne lâa pas publiĂ©e ; tu dĂ©cides de nous la montrer ; 4. Orion envoie une lettre-ocĂ©an » Ă Cendrars voir p. 30 et 34 ; Etc. Avec ValĂ©rie Rouzeau et Pas revoir Ce petit livre est un grand livre. Cela commence par son titre son attaque qui fait entendre la premiĂšre syllabe de lâĂȘtre cher disparu Papa » ; sa syntaxe ouverte, bĂ©ante sur tout ce qui sây entend si fort mais qui ne peut ĂȘtre nommĂ©, seulement suggĂ©rĂ© ; son refus du syntagme figĂ© au revoir » des rituels relationnels y compris avec les morts, son refus du semblant, cette exigence de dire vrai, non le vrai ; son anonymat qui crie lâĂ©nonciation la plus singuliĂšre parce que justement sây entendrait cette voix dâenfant â peu importerait son Ăąge â qui sâaffirme face au pĂšre et avec lui, dans ce face Ă face oĂč lâaltĂ©ritĂ© la plus grande la mort devient forme de vie. Donc, un grand poĂšme de vie, non qui rend vie, mais qui vit, donne vie Ă qui lâentend, le lit. Soixante-dix-neuf stations dâun thrĂšne au pĂšre font de ce livre une course Ă©perdue Toujours courir » de Toi » Ă mon pĂšre », premier et derniers mots du livre tout le contraire dâune lente remĂ©moration, dâune commĂ©moration. La mĂ©moire est au prĂ©sent dâune syntaxe qui rĂ©cupĂšre, Ă©vacue, redistribue, un peu comme le pĂšre faisait dans son mĂ©tier avec son camion. Les voix sâemmĂȘlent pour peut-ĂȘtre mieux entendre celle quâon cherche Ă Ă©couter ça va quand on demande moi je dis bien surtout sâil y a du monde je prends sur moi trĂšs bien ». Et câest dit trĂšs fort Tu me fais marcher ». Car ce long poĂšme est aussi le rythme dâun sujet qui travaille son Ă©coute, lâaffine, parce que justement la voix du pĂšre rĂ©sonne la voix de sa fille, et lâinverse Les fleurs seront bientĂŽt trĂšs bleues. / Mon Ćil, tes yeux ». Le thrĂšne nâest pas un chant dĂ©senchantĂ© mais lâĂ©change comme enchanteur Tu as mes fleurs jâai ton sourire on est quittes ». Et câest par moments, un bouquet dâair, presque une voix qui comptine, un rire quand pas les mots ». Et câest Ă la fin Ma main lĂ posĂ©e sur la table de dehors. / De la mĂȘme couleur que sa main Ă mon pĂšre. » Le poĂšme a juste mesurĂ©, et mesurĂ© juste il faudrait dire rythmĂ©, car rien nâest calculĂ© et tout est trouvĂ©, cette distance deux phrases ou lignes sĂ©parĂ©es par un point et cet Ă©change extĂ©rieur/intĂ©rieur ; ma main » / sa main ». A-t-il aussi trouvĂ© la couleur Ă mon pĂšre » ? La lamentation serait alors un hymne Ă la vie ? Les grands poĂšmes font vivre pas revivre nos morts. Pas revoir en est un, il participe, Ă sa maniĂšre de poĂšme, dâune invention de lâanthropologie du quotidien, de la mort dans et avec la vie, dont nous avons tous le dĂ©sir quand ce nâest le besoin. Toutes les activitĂ©s que nous avons proposĂ©es dans les sĂ©quences prĂ©cĂ©dentes viennent ici empĂȘcher que lâon rĂ©duise ce livre, comme les prĂ©cĂ©dents, Ă ce dont il parle car ce qui compte avec les poĂšmes câest de sâintĂ©resser Ă ce quâils nous font, Ă ce quâon fait avec eux au dire plus quâau dit, au sentir plus quâau senti, au ressentir plus quâau ressenti, etc. Câest pourquoi on raterait le poĂšme de ce livre si sa lecture Ă©tait dâemblĂ©e placĂ©e sous le signe de son genre le thrĂšne ou chant pour les morts ou de son thĂšme la mort du pĂšre⊠Les activitĂ©s proposĂ©es, si elle nâempĂȘche pas la problĂ©matisation gĂ©nĂ©rique ou thĂ©matique visent dâabord Ă laisser agir les lectures au plus prĂšs de chacun et de tous dans les circonstances de ces lectures. *** La premiĂšre activitĂ© attire lâattention des lecteurs sur les passages jugĂ©s difficiles bizarres » si lâon prĂ©fĂšre en les ordonnant par ordre de difficultĂ© ou, si lâon prĂ©fĂšre, de bizarrerie ». Il ne sâagit pas de rĂ©soudre » ces difficultĂ©s mais seulement de montrer par ces prises dâabord hasardeuses que le poĂšme fait systĂšme et que telles difficultĂ©s locales va soudain sâĂ©clairer du contexte ou dâoccurrences semblables. La consigne peut se prĂ©ciser ainsi RelĂšve quelques passages qui te paraissent difficiles. Attention pas plus dâun par page les 79 stations » ! Ordonne ces passages par ordre de difficultĂ© ». ApparaĂźtront donc des similitudes et donc ainsi certaines difficultĂ©s sâĂ©limineront dâelles-mĂȘmes quand dâautres seront rendues moins difficiles par comparaisons et, forcĂ©ment, relectures. Quelques exemples La premiĂšre station en offre bon nombre mais suivons la consigne Toi mourant man au tĂ©lĂ©phone pernoctera pas voir papa p. 7 Comment lire ce verset » ? OĂč dĂ©couper les syntagmes signifiants ? Tout sâenchaĂźne et pourtant⊠tout est suggĂ©rĂ© dans cet enchevĂȘtrement, dans ce chamboulement des habitudes que fait la mort au langage, Ă la vie, jusquâĂ inventer des mots pernocter »⊠Il y aurait peut-ĂȘtre des coquilles dans ce livre La neige a ses rĂȘves quâelle ignore de tant tomber de ciel sur nous p. 13 On dit toujours tomber du ciel » ! Mais ici câest le ciel qui tombe ! Et puis plus bas, lâaccord nâest pas fait pour la neige » quand il semble fait pour la voix » Beau neige voix blanche. p. 13 Etc. Mais on retiendra pour montrer la direction de cette activitĂ© un des faits les plus saillants de tout lâouvrage et qui en constitue certainement lâenjeu Je prends son vĂ©lo Ă mon pĂšre. p. 31 Ma main lĂ posĂ©e sur la table de dehors. De la mĂȘme couleur que sa main Ă mon pĂšre. p. 85 Ce doublement du possessif est bien autre chose quâune faute » enfantine ou populaire » la duplication est lâĂ©criture dâun Ă©change qui met les corps et le langage dans le mouvement dâun passage rĂ©alisant ainsi une transmission rĂ©ciproque masculin/fĂ©minin, troisiĂšme et premiĂšre personneâŠ. *** On peut alors sâengager dans les instantanĂ©s théùtraux qui chercheront ces passages de voix. Prenons un seul exemple pour montrer lâenjeu de cette recherche, par ces essais qui doivent bien Ă©videmment ĂȘtre multiples, se jouer seul ou Ă plusieurs, une fois ou de nombreuses fois en variations infinitĂ©simales⊠Te parler papa jâai pu te paparler un peu un petit peu paparce que nous nâavions plus tout le temps. p. 30 Le bĂ©gaiement Ă©crit nâest pas un symptĂŽme dâun hors-langage deuil qui empĂȘche de dire⊠mais lâĂ©coute dans le discours de ce qui le double, de ce qui va plus vite que lui, de ce qui vient dans le dire avant le dit lâappel de lâinterlocuteur envahit tout le dit et met le dire te dire » au premier plan. Ce qui laisse une marge plus quâimportante Ă la force de lâadresse que toute diction cherchera Ă trouver dans des gestes et dâabord dans des gestes de paroles pensons aux postillons que lâocclusive ne manque pas de lĂącher !. Alors les rĂ©pĂ©titions qui suivent ne sont plus les tics dâun bĂ©gaiement mais les gestes dâune relation quâil faut faire entendre, faire voir, faire sentir et dâabord en les sentant dans sa bouche Te parler papa jâai pu te paparler un peu un petit peu paparce que nous nâavions plus tout le temps. Dehors le monde ses oiseaux blancs comme des avions, le mur du son. Tes mains sur le drap blanc jaunissaient jaunissaient. Ils nâont sĂ»rement pas le droit de voler aussi bas pas pas le droit de voler aussi bas tu disais. MĂȘme mĂȘme le blanc de tes yeux Ă©tait jaune nous alors nous sommes tout pardonnĂ©. p. 30 *** Ce livre de poĂšmes est Ă©galement un parcours dont les lecteurs peuvent reconstituer les Ă©tapes les stations » si lâon veut filer la mĂ©taphore chrĂ©tienne avec la Passion du Christ qui constitue certainement dans la tradition littĂ©raire un des grands topoĂŻ du passage de la vie Ă la mort. LâĂ©criture dâune anthologie lĂ©gĂšrement commentĂ©e du parcours de la narratrice en choisissant des lieux-moments clĂ©s de ce parcours, mettrait en valeur cette dimension organisatrice du livre. Il y a des lieux qui suivent lâagonie, lâenterrement, lâaprĂšsâŠmais ces lieux dâune temporalitĂ© linĂ©aire qui rendraient compte dâun destin et donc dâune fin qui achĂšverait la vie, sont doublĂ©s voire multipliĂ©s dans tous les sens par dâautres lieux, lieux-souvenirs, lieux-avenirs, lieux-rĂȘves, lieux-dĂ©rivesâŠ, qui alors mettent le rĂ©citatif plus fort que le rĂ©cit, le poĂšme plus fort que le destin, la vie incluant la mort, le vivant des voix plus fort que lâĂ©cho mortel, le pas revoir » dâun appel plus fort que lâau revoir » dâun adieu. On saisira pour lâexemple ces passages de lieux dans ce poĂšme-comptine qui fait entendre bien dâautres poĂšmes de Charles dâOrlĂ©ans Ă Guillevic en passant par Apollinaire Mon pĂšre mon pĂšre mon pĂšre en terre au vent dâĂ©tĂ© au vent dâhiver. Oh mon pĂšre terra terraquĂ© je te rĂ©pĂšte perroquet mon pĂšre mon pĂšre. Au vent dâhiver au vent dâĂ©tĂ© en terre entier au vent chantĂ©. Enfant dans les grands sapins verts câĂ©tait toi qui sifflais soufflais enfant dans les grands sapins blancs. Mon pĂšre je te rĂ©pĂšte en lâair câest une fleur lancĂ©e assez haut. Les deux pieds dans tes graviers clairs. Les mains pour la fleur ou lâoiseau. p. 57 Les lieux circulent de la tombe gravier Ă lâair », de la terre » au ciel, de lâ hiver » Ă lâ Ă©tĂ© », de la fleur » Ă lâoiseau » mais aussi de lâenfance Ă maintenant, du vert au blanc, des pieds aux mains, du siffler » au souffler », etc. Ces itinĂ©raires commentĂ©s doivent rester toujours fort singuliers et les lieux les plus incongrus peuvent donner Ă voir autant de parcours de lecture qui sont des parcours vivants dans le livre. *** Enfin, lâĂ©criture de paroles donnĂ©s aux sans-voix du poĂšme permettrait de laisser entendre le dĂ©bat qui ne manquera pas de sourdre pour chaque lecteur entre tristesse et joie, tendresse et rĂ©volte, dĂ©tresse et joie de vivre, mutisme et jubilation volubile⊠Câest quâil nây a pas Ă choisir mais Ă entendre toutes ces voix qui nous traversent et forment le chĆur dâun poĂšme de vie. Ce poĂšme part certes dâune disparition mais il fait repartir dâune force de vie. Le dĂ©fi maximal serait de faire entendre la voix du pĂšre mort, de faire entendre sa vie non seulement en reprenant des souvenirs que le poĂšme fait revivre mais Ă©galement en trouvant des accents de vie dans une voix qui rĂ©pondrait jusque dans son silence Tu nâĂ©coutes plus rien si je parle plus bas. Ni tu nâentends plus rien des guĂȘpes qui sâoccupent de piquer les lilas. Ni nâen vois la couleur ni celles que jâai sur moi. Ces bottes sont faites pour marcher tu ne chantes plus ça. Câest de la haute fidĂ©litĂ© ton silence mâarrĂȘte lĂ . p. 34 AprĂšs que les Ă©lĂšves du cycle 2 ont commencĂ© la rencontre avec des Ćuvres poĂ©tiques, les Ă©lĂšves du cycle 3 vont augmenter leur capacitĂ© de faire Ćuvre en cherchant Ă augmenter tout ce qui fait la force dâun auteur et en particulier en percevant quâune Ćuvre est toujours une force en mouvement qui peut inclure plus dâun texte, qui ne sait jamais oĂč elle commence ni oĂč elle finit. Avec une anthologie thĂ©matique, La mer en poĂ©sie Comment lire une anthologie en classe ? Sâil est vrai quâune anthologie consĂ©quente comme celle que nous proposons ici ne peut exiger sa lecture intĂ©grale, il nâempĂȘche quâil sâagit dâamener les Ă©lĂšves Ă sa lecture dans tous les sens et donc Ă une lecture du livre pour en comprendre les choix, les valeurs et les enjeux. Lâanthologie, de ce point de vue, est un excellent terrain dâentraĂźnement pour la lecture critique. La table des matiĂšres du livre offre la liste des auteurs et surtout lâorigine bibliographique des extraits qui constituent lâanthologie thĂ©matique. VĂ©ritable bibliothĂšque poĂ©tique qui mĂȘle connus et inconnus, cĂ©lĂšbres et oubliĂ©s, cette table est toutefois incomplĂšte puisque les titres des poĂšmes, quand ils existent, nây figurent pas. Pire, on ne voit pas Ă sa lecture si une organisation quelconque prĂ©side Ă lâordonnancement des poĂšmes. Ces lacunes apparentes peuvent ĂȘtre prĂ©texte Ă des interrogations qui relanceront fortement les activitĂ©s proposĂ©es. Le dossier pĂ©dagogique sera laissĂ© Ă lâusage libre des Ă©lĂšves car il nous semble ne pas rĂ©pondre Ă notre objectif, lire une anthologie, quand il sollicite simplement des activitĂ©s plutĂŽt occupationnelles non justifiĂ©es par cette anthologie. La plupart des activitĂ©s consisteront Ă mobiliser les Ă©lĂšves dans des activitĂ©s anthologiques quitte Ă faire mieux â câest le dĂ©fi â que lâanthologie convoquĂ©e, du moins Ă engager une critique anthologies dâanthologie⊠pour suggĂ©rer que la lecture nâest rien moins quâune activitĂ© dâĂ©criture anthologique et que toute Ă©criture est une anthologie de lectures. *** La liste lexicale hiĂ©rarchisĂ©e peut viser en plusieurs sĂ©ances, au fil des lectures qui vont parcourir linĂ©airement ou sauvagement » lâanthologie, Ă constituer un rĂ©pertoire de morceaux choisis gĂ©nĂ©ralement courts incluant le mot mer ». Ce rĂ©pertoire devra ĂȘtre hiĂ©rarchisĂ© en suivant le degrĂ© dâĂ©vocation proposĂ© par chaque fragment. Les critĂšres de la hiĂ©rarchisation sâils restent toujours subjectifs sont toujours discutables et donc permettent de mettre en valeur les critĂšres dâapprĂ©ciation construits par les Ă©lĂšves. Depuis la citation de Baudelaire Homme libre, ⊠/ La mer est ton miroir ⊠» jusquâĂ celle de Saint-Pol Roux OcĂ©an // Ciel Ă lâenvers », des rĂ©sonances sâentendent mais dâinfimes gradations peuvent aussi sâĂ©tablir mĂ©taphore abstraite puis concrĂšte ou extĂ©riorisation dâune subjectivitĂ© puis personnalisation dâun Ă©lĂ©ment objectif⊠Et la quĂȘte se poursuit avec Guillevic Mer de ceux qui veulent y mourir » et Maurice Fombeure Si la mer touchait Ă la nuit »⊠Si la consigne paraĂźt trop difficile, la simple recherche des occurrences de mer » et leur hiĂ©rarchisation peut suffire pour aboutir aux mĂȘmes discussions et apprĂ©ciations plus ou moins attentives au travail poĂ©tique quâengage cette anthologie. *** Les instantanĂ©s théùtraux viseront de la mĂȘme maniĂšre Ă monter des passages qui sâenchaĂźnent dâun poĂšme Ă lâautre enchaĂźnements thĂ©matiques ou autres qui feront entendre un parcours de lecture seul ou Ă plusieurs. Ici, le travail en petites Ă©quipes est Ă encourager pour augmenter les lectures en les mutualisant. Le prĂ©texte actif aux enchaĂźnements peut ĂȘtre le passage dâobjets, de mots, de matiĂšres, de lumiĂšres â des lectures qui incluent un Ă©clairage, voire une projection de diapositives ou dâombres colorĂ©es, seraient propices Ă cette anthologie vivante. Loin dâaboutir Ă un quelconque spectacle, cette activitĂ© nâa pour objectif que de faire vivre la lecture dans et par lâactivitĂ© corporelle dont la voix constitue le cĆur le plus vivant, le plus extime », câest-Ă -dire nouant sans faire appel aux intentions explicites lâintime dâune lecture Ă son exercice public â Ă©tant entendu que le public ici convoquĂ© lâest toujours dans lâĂ©galitĂ© du partage et de lâĂ©change rĂ©ciproque des lectures, donc du respect de chacune. Des montages plus faciles peuvent ĂȘtre rĂ©alisĂ©s les poĂšmes de Jules Supervielle prĂ©sents dans lâanthologie, tous les poĂšmes sâintitulant Marine », etc. *** La rĂ©alisation de documentaires » avec tous ces poĂšmes peut rappeler des expĂ©riences Ă©ditoriales frĂ©quentes en littĂ©rature jeunesse mais tout particuliĂšrement celles quâa initiĂ©es Georges Jean voir Jean, ????. Rassembler des citations autour dâobjets marins » prĂ©sentĂ©s thĂ©matiquement bateaux et marins, plages et tempĂȘtes⊠ou encore rĂ©aliser un glossaire de tel ou tel aspect de la mer » avec, pour chaque entrĂ©e du glossaire », une citation ou plusieurs bien rĂ©fĂ©rencĂ©es, prises Ă un ou plusieurs poĂšmes de lâanthologie, voilĂ de quoi relire et proposer une lecture dans et par lâĂ©criture anthologique. Exemple de rĂ©alisation par un Ă©lĂšve sur le premier tiers du livre Petit glossaire des bateaux de La mer en poĂ©sie BaleiniĂšre Alors dans sa baleiniĂšre le pĂšre tout seul sâen est allĂ© » Jacques PrĂ©vert, La pĂȘche Ă la baleine » Barque Lâun nâa-t-il pas sa barque et lâautre sa charrue ? » Victor Hugo, Oceano Nox » ; Sur la mer blanche de colĂšre, par cette blanche nuit de neige, les barques plongent, aux arpĂšges de la rafale et de la mer » Paul Fort, Puisquâil faut toujours que lâon parte » ; La barque est belle fille / Du flĂšche Ă la quille » Saint-Pol Roux, PriĂšre Ă lâOcĂ©an » Caravelle ⊠penchĂ©s Ă lâavant des blanches caravelles, / Ils regardait monter en un ciel ignorĂ© / Du fond de lâOcĂ©an des Ă©toiles nouvelles » JosĂ© Maria de Heredia, Les conquĂ©rants » Cargo Au loin un cargo fait naufrage » Jacques PrĂ©vert, Le gardien du phare aime trop les oiseaux » Esquif Chaque vague en passant dâun butin sâest chargĂ©e ; / Lâune a saisi lâesquif, lâautre les matelots ! » Victor Hugo, Oceano Nox » Felouque La felouque a coupĂ© lâĂ©treinte de leurs mains / ⊠/ La felouque glisse au creux des vagues de guerre » Robert Arnaud, Le pirate dâAlger » Motogodille Maintenant les autres vont me pourchasser en motogodille » Jacques PrĂ©vert, La pĂȘche Ă la baleine » Navire En pierre mon navire sâembosse Ă la Terre » Saint-Pol Roux, PriĂšre Ă lâOcĂ©an » Nef Lente la nef cambre les muscles de son torse » Robert Arnaud, Le pirate dâAlger » Vaisseau Et comme un jour les vents, retenant leur haleine, /Laissaient paisiblement aborder les vaisseaux » La Fontaine, Le berger et la mer » ; Voici rentrer lâofficier de marine, / ⊠/ Il dit combien de vaisseaux il a pris » Charles Cros, Chanson de la cĂŽte » ; DĂ©mon de verre cassant des vaisseaux comme on casse des noix » Saint-Pol Roux, PriĂšre Ă lâOcĂ©an » En vue dâun tel Ă©crit, on pourrait envisager la collaboration de plusieurs Ă©lĂšves mais rappelons que jamais lâexhaustivitĂ© nâest lâobjectif et que lâengagement personnel jusque dans les erreurs est une condition de lâappropriation puis de la discussion avec lâĆuvre. *** Donner la parole Ă la mer en rĂ©alisant un montage de citations des poĂšmes de lâanthologie permettrait de boucler » ces activitĂ©s en laissant toutefois lâĂ©criture dĂ©river et donc les citations passer dans lâĂ©criture des Ă©lĂšves les citations se perdant donc dans lâĂ©criture deviennent ainsi non seulement la parole de la mer mais la parole de chacun des lecteurs. Exemple de rĂ©alisation LâOcĂ©an parle Ă la suite de Claude Roy, Guillaume Apollinaire, Pablo Neruda, Paul Verlaine et Victor Hugo Je suis beau je suis sel je suis vent je suis bleu Je suis immense et fou je suis avide et tout Autour de ta maison il y a moi que tu connais Et qui ne repose jamais Et jâĆuvre en ton silence Tu ne reposes pas auprĂšs de ce rocher Je palpite sous lâĆil de la lune en deuil et palpite encore Je vais, viens, luis et clame Le sombre oubli que jette le temps sur tous ceux que jâenfouis Avec AnacoluptĂšres de James SacrĂ© Ce petit livre porte jusquâau bout son Ă©nigme avec un plaisir certain qui demande toujours de revenir en arriĂšre souvenirs dâenfance et dâaller de lâavant surprise dâun poĂšme quâon nâattendait pas comme ces fourmis qui vous montent dans les jambesâŠ. On comprend quâil ne sâagira jamais dâen venir Ă bout â qui prĂ©tendrait maĂźtriser le monde des insectes, monde infini comme celui des poĂšmes⊠On comprend aussi quâil sâagira de beaucoup sâamuser tout en se posant des questions redoutables la mort rĂŽde ou plutĂŽt lâexpĂ©rience Ă©lĂ©mentaire de ce pouvoir dâĂ©craser, de punaiser nâimporte quel insecte avec les meilleurs prĂ©textesâŠ. Ce petit livre et les lectures quâil va entraĂźner demandent lâattention la plus forte possible aux toutes petites choses qui vont sây faire un peu comme un collectionneur dâinsectes sait que la valeur de sa collection est dans les toutes petites diffĂ©rences. Le titre constitue Ă lui seul une Ă©nigme qui peut-ĂȘtre le restera aprĂšs la lecture des Ă©lĂšves⊠mais ces titres Ă©nigmatiques ne sont-ils pas ceux qui laissent le plus de souvenir parce quâils Ă©veillent la rĂȘverie. Ce titre est un mot valise qui emmĂȘle anacoluthe » et colĂ©optĂšres », donc deux types dâobservation concernant le langage et le monde. Ce qui montre bien que ce petit livre possĂšde dĂšs son titre une rĂ©versibilitĂ© des plus actives. ANACOLUTHE. Ce terme est utilisĂ© traditionnellement et encore par LittrĂ© pour dĂ©signer deux phĂ©nomĂšnes syntaxiques diffĂ©rents. La tradition grammaticale faisait de lâanacoluthe lâemploi du pronom relatif sans antĂ©cĂ©dent par exemple il y aurait ellipse de lĂ dans Il va oĂč le devoir lâappelle, ou de celui dans Qui vivra verra. Lâanacoluthe est dĂ©finie, plus gĂ©nĂ©ralement, comme une rupture de construction, un changement dâorientation, une asymĂ©trie pouvant produire divers effets surprise, suspens, etc. En fait les exemples classiques relĂšvent dâune possibilitĂ© trĂšs gĂ©nĂ©rale le dĂ©placement Ă gauche » ou thĂ©matisation » Le nez de ClĂ©opĂątre sâil eĂ»t Ă©tĂ© plus court⊠». Demougin, 1985 COLĂOPTĂRE gr. koleos, Ă©tui, et pteron, aile. ColĂ©optĂšres ordre dâinsectes Ă mĂ©tamorphoses complĂštes, pourvus de piĂšces buccales broyeuses et dâailes postĂ©rieures pliantes protĂ©gĂ©es au repos par une paire dâĂ©lytres cornĂ©s, comprenant plus de 300 000 espĂšces parmi lesquelles le hanneton, le charançon, la coccinelle, etc. Larousse, 1995 Les activitĂ©s avec ce livre vont tenter de tenir cette rĂ©versibilitĂ© jusquâau bout, rĂ©versibilitĂ© quâil faudrait dâailleurs gĂ©nĂ©raliser description et narration, vers et proses, rĂ©flexion et divagation, etc. *** Viser un premier parcours dans lâĆuvre demande de hiĂ©rarchiser un lexique. Ce livre commence et finit par une liste alphabĂ©tique de colĂ©optĂšres Liste quelques-uns de ces colĂ©optĂšres en commençant par ceux que tu connais ». Ce premier lexique hiĂ©rarchisĂ© prĂ©cĂšde un second qui semble indispensable Ă un premier parcours personnel dans lâĆuvre RelĂšve les colĂ©optĂšres Ă©voquĂ©s par le livre de James SacrĂ© â en excluant ceux listĂ©s au dĂ©but et Ă la fin de lâouvrage â puis Ă©numĂšre-les dans lâordre de tes prĂ©fĂ©rences ». Les Ă©lĂšves apercevront dans les Ă©changes qui sâen suivront bien des spĂ©cificitĂ©s de lâouvrage le premier fragment signale le cĂ©toine et le calosome », si le premier est mentionnĂ© dans la liste ouvrant le livre, le second ne lâest pas ! le second qui est consacrĂ© au carabe dorĂ© » sâachĂšve sur les cicindĂšles » les deux figurent dans la liste mais on ne comprend pas facilement le rapport entre eux ; le troisiĂšme consacrĂ© au criocĂšre », lequel ne figure pas dans la liste augurale, mais les colĂ©optĂšres Ă©voquĂ©s avec lui sont des paysans perchĂ©s dans les peupliers » ! qui pourraient â pourquoi pas ? â venir complĂ©ter la liste des colĂ©optĂšres⊠; les fourmis » Ă©voquĂ©es dans le cinquiĂšme fragment sont-elles des colĂ©optĂšres ? si lâon en croit le Larousse illustrĂ©, non ! puisque les hymĂ©noptĂšres, sâils sont des insectes, ne sont pas des colĂ©optĂšres ! Le livre sâouvre donc Ă une dĂ©couverte des insectes plus que des colĂ©optĂšres au sens strict ! Sans compter que maman » est comparĂ© par le narrateur Ă une grande fourmi dans le temps » ! etc. sans oublier le termite » et non la » ! qui est inclus sur la liste des isoptĂšres⊠Conclusion du narrateur Ă propos du dictionnaire Dans le gros livre qui est un arrangement systĂ©matique des mots ça fait une dĂ©rive de vocabulaire mal tenu » 6e fragment ! De la mĂȘme façon, les listes des Ă©lĂšves pourront mal se tenir puisque les dĂ©rives lexicales inĂ©vitables auront suivi lâimprĂ©visibilitĂ© des passages entre dĂ©couverte du monde et dĂ©rive langagiĂšre. Ces rĂ©versibilitĂ©s tenues jusque dans les listes rĂ©pondent au poĂšme Un poĂšme comme un doigt levĂ© ou comme Un coup de balai bien donnĂ©, vraiment, Le voilĂ -t-y qui ruse encore, Autrement que jâai pu penser ? 13e fragment PrĂ©cisons-le Ă cette occasion cette activitĂ© qui gĂ©nĂ©ralement ouvre les lectures-Ă©critures-jeux avec les livres de poĂšmes demande Ă lâenseignant dâaccepter et mĂȘme dâĂ©couter au plus prĂšs toutes les propositions des Ă©lĂšves autrement quâil a pu penser »⊠Câest certainement dans ces altĂ©ritĂ©s » de la pensĂ©e, dans ces imprĂ©vus de la didactique que se construisent les valeurs de lâĆuvre. Si, par exemple dans la classe, un dĂ©bat prend sur lâinclusion ou non de la nicole » fragment 16 qui ne figure pas dans la liste du livre mais qui bien Ă©videmment semble ĂȘtre le nom pour la coccinelle, lâoccasion est belle de faire travailler la confusion toujours forte de lâexpĂ©rience personnelle et de la connaissance du monde parce que, comme dit le narrateur au fragment 18 Peine perdue de pas le croire, tu joues / Ă transformer la bestiole et ton poĂšme en je. » DĂšs lâĂ©criture de liste lexicale hiĂ©rarchisĂ©e, lâenjeu câest bien de faire venir ce je » qui nâest pas le moi » de lâindividu, ou de lâĂ©lĂšve mais le sujet dâune activitĂ© que le poĂšme seul peut faire advenir au cĆur du langage. Des variantes de consignes sont tout Ă fait possibles faire une liste non exhaustive des souvenirs dâenfance du narrateur et les ordonner dans lâordre dâimportance ; faire une liste non exhaustive des comparaisons que le narrateur effectue et les ordonner Ă sa convenance ; etc. *** La seconde activitĂ© demanderait de laisser une grande libertĂ© de choix aux Ă©lĂšves avec une consigne Ă la fois trĂšs ouverte et extrĂȘmement ferme choisis un passage du livre â pas trop long â et joue-le en lâaccompagnant dâun geste fort et dâun objet Ă©vocateur ». Cette association du fragment textuel, dâun geste et dâun objet oblige les Ă©lĂšves Ă chercher entre lâillustration littĂ©rale et lâanalogie la plus suggestive possible leur voix propre que peut seul permettre une mise en espace rapide mais dĂ©cisive. Exemples de rĂ©alisations sachant bien que mille autres sont possibles et quâaucun modĂšle ne peut ici intervenir ; on considĂšrera Ă©galement que la classe est par ailleurs entraĂźnĂ©e Ă des activitĂ©s rĂ©guliĂšres de jeu dramatique avec les textes littĂ©raires instantanĂ©s théùtraux Maman sâen va, jâentends mal ce que dit maman⊠maman comme une grande fourmi dans le temps » peut faire entendre un Ă lâĂąge que tâas ! » dit par une mĂšre qui est trop prise par ses occupations domestiques entre les deux parties de ce fragment ; ce qui oblige le joueur Ă se dĂ©doubler et Ă remplir » la suspension qui sĂ©pare ce court fragment. Qui câest quâa peur des libellules ? / Petites filles princesses dragons » lâadresse demande dâinterpeller fortement le public, de lui dĂ©crire en deux temps trois mouvements des mĂ©tamorphoses subites petites filles=>princesses=>dragons⊠La nicole. Le seul insecte Ă qui presque on donnait de lâaffection. La voilĂ montĂ©e au bout de ton doigt, du cĂŽtĂ© quâelle sâenvolera tu te marieras ! » finir sur une comptine en ayant jouĂ© des doigts auparavant facile et difficile car il faut se retenir et faire tenir toute la diction sur un doigt⊠Lâenseignant peut aussi faire jouer toute la classe dans une course Ă la liste des insectes diction articulĂ©e mais rapide, diction sans compĂ©tition mais pour que chaque voix fasse entendre sa propre polyphonie diction qui prend bien entendu place dans lâanthologie sonore de chacun. *** LâĂ©criture documentaire avec ce livre de poĂšmes semblerait couler de source puisque le poĂšme parle dâinsectes » fragment 13 et quâil Ă©voque les soixante-dix illustrations en noir et une planche en couleurs pour les seuls papillons » dans le dictionnaire Larousse de mille neuf cent soixante-trois » dessine la planche des anacoluptĂšres de James SacrĂ© en utilisant comme lĂ©gendes des citations de cet ouvrage » ! Mais ne pourrait-on pas le faire parler dâautre chose⊠et par exemple de poĂšmes rĂ©alise une anthologie des passages de ce livre qui parle de poĂ©sie » ou bien encore de souvenirs confectionne un album des souvenirs du narrateur de AnacoluptĂšres un peu comme un album photos de famille »⊠Plus quâen cycle 2, les Ă©lĂšves vont maintenant chercher Ă mieux coudre » les Ă©lĂ©ments de leur documentaire. De deux points de vue soit en proposant un court texte de prĂ©sentation des Ă©lĂ©ments regroupĂ©s chapeau dâintroduction ou quatriĂšme de couverture du livret, soit en liant les Ă©lĂ©ments du documentaire avec des titres qui sâenchaĂźnent voire se rĂ©pondent, ces titres pouvant mĂȘme ouvrir Ă de courts textes de liaison qui montrent une progression, un ordre de prĂ©sentation. Exemple de rĂ©alisation dâun petit livret anthologique commentĂ© des illustrations peuvent lâaccompagner, en lâoccurrence, collage de photocopies de dictionnaires divers couverture Nom et prĂ©nom de lâĂ©lĂšve-auteur pseudonyme possible Les poĂšmes du poĂšme de James SacrĂ© Ăditions de lâĂ©cole X p. 1 Le poĂšme rassemble Il collectionne une tellement courte collection » Il arrange que ça fasse un parterre de ces mots un poĂšme » Il ordonne tout un dictionnaire vivant » p. 2 Le poĂšme accueille Il sâouvre au monde ramener du printemps dans les mots dâun poĂšme » Il sâouvre aux mots câest plus que des mots » p. 3 Le poĂšme se cache Dans le corps des poĂšmes comme des fourmis dans les jambes » Dans le langage tu joues Ă transformer la bestiole et ton poĂšme en je » p. 4 Le poĂšme surprend On ne sait pas exactement oĂč il est une ruse pour surprendre en lâarrangement de ses propres mots ce qui le fait poĂšme, ou si vraiment câest pour ĂȘtre mais comment ? avec la nicole qui voulait pas sâenvoler de nos doigts dâenfants, ou le barbot lent que maman balayait vivement de la chambre humide sans surtout lâĂ©craser ? » quatriĂšme de couverture Dans son livre AnacoluptĂšres, le poĂšte James SacrĂ© parle de la poĂ©sie. Il va chercher les poĂšmes dans les petites bĂȘtes. Il a parfois envie de les Ă©craser mais il les laisse vivantes. Pour lui, les poĂšmes sont comme des insectes bien vivants. Alors, dĂ©couvrez la poĂ©sie comme on dĂ©couvre le monde des insectes. *** Les insectes nâont pas vraiment la parole dans ce livre de poĂšmes. Donnons-la leur ! Il sâagit de rĂ©pondre au narrateur ou bien encore de les faire dialoguer entre eux Ă propos de cet ouvrage, de ce poĂšme voire dâun fragment seulement. Le choix peut rester libre ou bien un projet peut aider chacun Ă progresser. Exemples de consignes Le carabe dorĂ© ou le criocĂšre prend la parole afin de commencer par une ou plusieurs reformulations Ă la premiĂšre personne du texte descriptif du narrateur ; La nĂšpe, la punaise et le termite du Larousse de 1963 Ă©changent leurs impressions on peut lire des Larousse ultĂ©rieurs sur les articles qui leur sont consacrĂ©s et sur ce quâen dit le poĂšme ; LâaraignĂ©e du fragment 17 rĂ©pond au narrateur qui avait une familiaritĂ© mĂ©chante et joueuse avec ce qui Ă©tait dĂ©clarĂ© mauvais » et qui tuait occasionnellement un insecte »⊠Les insectes Ă©pinglĂ©s dans lâespĂšce de tiroir ⊠selon lâordre » que lui a montrĂ© un livre sur les insectes, discutent entre eux du collectionneur dâinsectes devenu poĂšte⊠Nous proposons deux sĂ©quences avec des Ćuvres pour le cycle 2, lâune avec une Ćuvre classique et lâautre avec une Ćuvre contemporaine ; paradoxalement la seconde est certainement plus facile que la premiĂšre car le texte est moins important et donc elle devrait prendre place avant la premiĂšre prĂ©sentĂ©e ici dans le cursus de lâĂ©lĂšve. Mais tout est relatif dans de telles progressions, car il est tout Ă fait envisageable de reprendre une Ćuvre et câest ce que nous proposerions concernant celle de Desnos qui est un incontournable dans un programme » poĂ©tique Ă lâĂ©cole et au collĂšge. Nous la verrions bien abordĂ©e au cycle 2 puis reprise en dĂ©but de collĂšge ! Avec Robert Desnos Chantefables et Chantefleurs Câest lâannĂ©e de son arrestation que Robert Desnos 1900-1945, en 1944 donc, porte Ă Michel GrĂŒnd un manuscrit de trente Chantefables Ă chanter sur nâimporte quel air que RenĂ© Poirier publia dans sa collection Pour les enfants sages » avec des illustrations dâOlga Kowalewsky. Ce nâest quâen 1952 que ces poĂšmes furent Ă©ditĂ©s accompagnĂ©s des Chantefleurs dans une Ă©dition illustrĂ©e par Christiane Laran Ă la Librairie GrĂŒnd, et il fallut attendre 1955 pour que paraisse une Ă©dition dĂ©finitive comprenant 80 poĂšmes qui, depuis lors, eurent le succĂšs que lâon sait auprĂšs des enfants des Ă©coles. Mais Desnos lui-mĂȘme notait, non sans modestie, dans son journal de fĂ©vrier 1944 que ces Chantefables seraient la part la plus durable de son Ćuvre, ce qui nâest pas sans tĂ©moigner dâun grand respect et dâune grande confiance pour ses jeunes lecteurs. De lâalligator au zĂšbre et de lâangĂ©lique Ă la violette, ce bestiaire doublĂ© dâun livre des fleurs rassemble ce que certains appellent des comptines » Par exemple, Marie-Claire Dumas, Ă©ditrice des Ćuvres 1999 qui sâachĂšvent sur ce recueil. On observera dâailleurs dâune Ă©dition Ă lâautre dâinfimes diffĂ©rences ponctuation, majuscules⊠; ce qui pourrait engager les Ă©lĂšves dans des lectures attentives dâune Ă©dition Ă lâautre pour tenter de donner valeur Ă ces diffĂ©rences. *** Autour de sĂ©ances qui sâouvrent toujours avec des lectures Ă voix haute de nombreux poĂšmes â chaque sĂ©ance pouvant recommencer par des rappels des poĂšmes antĂ©rieurs celui que vous voulez quâon relise »⊠â la sĂ©quence commence par la rĂ©alisation de listes. Si tout est possible car lâobjectif premier consiste Ă ce que les Ă©lĂšves se fraient chacun un chemin lexical » et donc une mĂ©moire lexicale dans lâĆuvre, il semble fort judicieux de partir avec des listes de rimes. Syllabes, mots, syntagmes ? On doit surtout laisser les Ă©lĂšves dĂ©cider par eux-mĂȘmes des unitĂ©s Ă convoquer dans leur recherche â cela fera dâailleurs lâobjet de discussions aprĂšs comparaisons⊠Consignes 1. cherche au moins trois sĂ©ries de rimes ; 2. ordonne ces sĂ©ries dans lâordre de tes prĂ©fĂ©rences. ModalitĂ©s travail individuel dâabord avec, selon le niveau, coloriage au crayon puis notations sur le cahier ou notations directes ; puis Ă©changes en petits groupes avec Ă©change collectif dirigĂ© pour faire Ă©merger quelques trouvailles et questionnements ; enfin, chacun retient une ou deux remarques quâil fait siennes sur son cahier. LâintĂ©rĂȘt est double la dĂ©finition de la rime est Ă construire et doit absolument rester ouverte, discutĂ©e et discutable â de ce point de vue, les notations des Ă©lĂšves sont dâune importance cruciale dĂ©coupage, mise en rapport⊠et il sera important de les faire expliciter dans la mesure du possible en respectant les trouvailles et mĂȘme les incohĂ©rences voire les erreurs Ă©ventuelles ; Ă©tant donnĂ© lâimportance des rimes dans ces poĂšmes, leur manipulation par les Ă©lĂšves permettront de nombreuses remarques et surtout les points dâappui essentiels pour la mĂ©morisation non pas pour tout retenir mais pour pouvoir aisĂ©ment survoler le corpus de poĂšmes et surtout sâimprĂ©gner de la culture prosodique de Desnos. *** Deux activitĂ©s parallĂšles peuvent alors sâengager, lâenseignant se chargeant principalement dâaider, ne serait-ce que par une Ă©coute active, la seconde activitĂ© qui demande une bonne organisation spatiale la rĂ©alisation dâune courte anthologie personnelle et de petites mises en voix ou en scĂšne de deux ou trois poĂšmes Ă deux ou trois enfants. Consignes 1. Choisis quatre poĂšmes de Robert Desnos, prĂ©sente-les dans un petit livret que tu illustreras. 2. Ă deux ou trois, choisissez deux ou trois poĂšmes de Robert Desnos que vous allez prĂ©senter Ă toute la classe. Les consignes sont volontairement trĂšs ouvertes car lâobjectif est une appropriation la plus personnelle possible de lâĆuvre et lâĂ©coute des trouvailles des autres pour penser sa propre lecture, la rejouer diffĂ©remment en lâincorporant par lâĂ©crit et par lâoral, en observant les rĂ©alisations des autres lecteurs. Quelques prĂ©cisions cependant pour mieux orienter ces activitĂ©s sont nĂ©cessaires. *** Concernant lâanthologie, il sâagit de rĂ©aliser de petits livrets une feuille A4 pliĂ©e en 4 est largement suffisante venant sâajouter Ă une collection rĂ©guliĂšrement rĂ©alisĂ©e par chaque Ă©lĂšve autant de petits carnets de lecture, si lâon veut. La perspective anthologique est bien Ă©videmment importante sâagissant de lâĆuvre dâun auteur classique. Chaque Ă©lĂšve obtiendra ainsi son Desnos ! Nous nous situons dans la tradition du cahier de poĂ©sie recopier un poĂšme dâun auteur ; en lâoccurrence quatre ! Si la quantitĂ© paraĂźt trop Ă©levĂ©e pour certains Ă©lĂšves, ils peuvent se contenter de recopier quelques vers les prĂ©fĂ©rĂ©s des quatre poĂšmes choisis. On aperçoit que le premier objectif est celui du choix la sĂ©lection des poĂšmes prĂ©fĂ©rĂ©s dans le corpus des 80 poĂšmes des Chantefables et Chantefleurs lâenseignant peut avoir rĂ©duit le corpus aux 60 voire seulement aux fables ou aux fleurs⊠mais la quantitĂ© ne doit pas ĂȘtre nĂ©gligeable sous peine de retirer Ă toutes les activitĂ©s leur intĂ©rĂȘt quelle que soit lâautonomie des Ă©lĂšves dans les performances de lecture ; en effet, la lecture des titres peut suffire⊠puis lâappropriation par le recopiage de certains de ces poĂšmes voire de fragments, câest-Ă -dire leur passage par la main du lecteur. Cette activitĂ© prend tout son sens et ne reste pas un simple exercice de recopiage si lâensemble forme un rĂ©el petit livret dont lâĂ©lĂšve est rendu entiĂšrement responsable. Câest pourquoi, il a en charge lâordre de prĂ©sentation des poĂšmes. Plusieurs possibilitĂ©s sâoffrent Ă lui ordre fidĂšle Ă celui de Desnos ; ordre alphabĂ©tique des titres ; ordre thĂ©matique deux animaux, deux fleurs ; seulement des oiseaux⊠; ordre rhĂ©torique ou mĂ©trique poĂšmes Ă rimes semblables ; poĂšmes qui posent des questions ; poĂšmes de huit syllabesâŠ. Ordre choisi voire construit que lâĂ©lĂšve explicitera dans un petit sommaire en fin de livret auquel il donnera un titre personnel et quâil signera comme auteur en page de titre bien entendu ; si la classe est habituĂ©e Ă cette activitĂ© de rĂ©alisation de livret, on peut envisager une quatriĂšme de couverture avec un court texte de prĂ©sentation visant le lecteur potentiel et cherchant Ă le captiver⊠Un tel livret ne peut se passer dâun accompagnement illustratif plusieurs solutions sâoffrent alors aux Ă©lĂšves que lâenseignant rendra ou non obligatoires en fonction des expĂ©riences antĂ©rieures. Prioritairement dans le cadre de cette activitĂ©, il sâagit de signaler que la littĂ©rature est un mode de dĂ©couverte du monde. Aussi, lâaccompagnement illustratif pourra-t-il tout simplement bĂȘtement ! prendre la caractĂšre dâune illustration de type sciences naturelles » en empruntant aux ouvrages adĂ©quat dictionnaires, manuels⊠et effectuer des collages ou des dĂ©calques de ce type dâillustrations. LâintĂ©rĂȘt didactique est double puisque les Ă©lĂšves croiseront des lectures lecture du poĂšme et du texte dĂ©finitionnel ou scientifique » concernant, par exemple le ZĂšbre ou le Souci et devront Ă©galement confronter manuellement, pourrions-nous dire, texte et image et donc organiser la confrontation sur chaque page de leur livret soit en conservant un mode de confrontation, soit en le variant et lâadaptant Ă chaque cas⊠Toute cette expĂ©rience nâa pas pour objectif de rĂ©aliser des chef-dâĆuvres. Toutefois, au bout dâun certain nombre dâexpĂ©riences du mĂȘme type, le niveau dâexigence puisse bien sĂ»r sâaccroĂźtre, mais nous proposerions plutĂŽt dâatteindre de tels objectifs en cycle 3 et au collĂšge. Cette expĂ©rience a dâabord pour objectif de faire expĂ©rimenter un mode de réénonciation de lâĆuvre littĂ©raire dans un temps limitĂ© mais suffisant pour que lâĂ©lĂšve sâapproprie trĂšs concrĂštement des fragments de lâĆuvre et surtout pour quâil commente, Ă©change, confronte avec ses camarades les conditions hypothĂšses, trouvailles, Ă©vocations diverses⊠de cette lecture en actes. Ces Ă©changes doivent cependant rester assez libres et câest Ă lâenseignant, si nĂ©cessaire, de les susciter, de les soutenir, de les valoriser sans jamais vouloir obtenir des savoirs qui viendraient confirmer ou infirmer lâexpĂ©rience des Ă©lĂšves, laquelle doit toujours rester ouverte Ă condition quâelle soit constamment confrontĂ©e Ă lâĆuvre elle-mĂȘme. Aussi, la rĂ©ussite dâune telle activitĂ© est-elle mesurable au degrĂ© dâengagement de chacun plus quâĂ la qualitĂ© matĂ©rielle de la rĂ©alisation finale mĂȘme si celle-ci tĂ©moignera forcĂ©ment dâun engagement ; toutefois beaucoup dâĂ©lĂšves de cycle 2, voire de cycle 3, nâont pas la dextĂ©ritĂ© manuelle habiletĂ© graphique⊠nĂ©cessaire Ă une rĂ©alisation magistrale ! Mais ils ont tous la possibilitĂ© de montrer quâils peuvent rendre compte de leur lecture par un petit objet » dans lequel ils ont investi beaucoup dâeux, de leur lecture qui a valeur dorĂ©navant tant pour lâenseignant que pour eux-mĂȘmes⊠*** Le jeu dramatique proposĂ© avec les poĂšmes de Desnos doit lui aussi rester modeste tout en engageant fortement chaque Ă©lĂšve. Sâil vise certes Ă rĂ©citer les poĂšmes choisis librement par les enfants en petits groupes, chacun en apprenant quasiment par cĆur un, il vise Ă©galement Ă augmenter lâĂ©coute des poĂšmes dans la bouche des autres car on ne peut se contenter dans cette activitĂ© dâun passage de trois Ă©lĂšves devant la classe rĂ©citant chacun son tour trois poĂšmes. En effet, la consigne demande de prĂ©senter ensemble et donc de savoir ce que les deux Ă©lĂšves ne rĂ©citant pas vont faire pendant quâun Ă©lĂšve rĂ©cite⊠sans que pour autant ils soient obligĂ©s de le rĂ©citer en silence !!! câest-Ă -dire de mimer chaque mot comme si le sens devait se voir dans une explicitation qui rend tout le monde idiot⊠Pas facile ! et pourtant pas si compliquĂ© si nous prenons quelques exemples. Un Ă©lĂšve sur les trois pourrait, comme dans le théùtre de Bertolt Brecht â voir lâarticle sur lâOpĂ©ra de Quatâsous dans â, utiliser une petite pancarte une feuille A4 bien tenue pour commencer⊠pour indiquer le titre du poĂšme ou le refrain ou encore une image⊠pendant que le second jouerait un geste, une mimique voire montrerait un objet⊠Exemple La Sauterelle ». Pancarte Saute, saute, sauterelle ». Mimique lâĂ©lĂšve assis derriĂšre une table couchĂ© au sol⊠fait mine de suivre une sauterelle qui traverse la table, la scĂšne⊠en le faisant discrĂštement pour seulement appuyer la diction de son camarade qui rĂ©cite ou lit le poĂšme. En conservant le mĂȘme dispositif, une variante consiste Ă faire participer vocalement les deux Ă©lĂšves accompagnateurs pour les refrains quand il y en a, y compris avec les variantes comme dans LâĂglantine, lâAubĂ©pine et la Glycine » vers 2, Rouge, rouge, rouge et blanc. » puis vers 6, Bouge, bouge, bouge et vlan ! » et enfin vers 9, Et vlan, vlan, vlan ! » ; idem pour La Girafe » avec sans variante le refrain des vers 2 et 4 des quatre quatrains Vent du sud et vent de lâest » puis Vent du nord et vent de lâouest ». Mais les Ă©lĂšves sauront trouver dâeux-mĂȘmes des petits dispositifs simples et efficaces comme, par exemple pour La Fleur de Pommier », la pancarte indiquant Joli rossignol et fleur de pommier » et lâĂ©lĂšve-acteur faisant tomber quelques petits flocons de coton devant la pancarte pour Ă©voquer les fleurs de pommier qui font de la neige » en plein mois de Juillet »⊠Ainsi on gagnerait certainement des dictions plus lentes ou plus rapides si nĂ©cessaire mais moins scolaires » puisque les trois acteurs » doivent se coordonner, sâĂ©couter et au fond faire passer le poĂšme, devenir des passeurs de poĂšmes. Il va de soi que le dispositif nâa dâintĂ©rĂȘt que si les Ă©lĂšves changent de rĂŽle Ă chaque poĂšme, que si les expĂ©riences sont partagĂ©es avec toujours beaucoup de bienveillance dans des moments et des lieux adaptĂ©s pour que lâĂ©coute et les Ă©changes qui sâen suivent atteignent leur objectif partager un moment poĂ©tique oĂč beaucoup de poĂšmes vont sâĂ©changer de vives voix. ConcrĂštement, pour que tous les Ă©lĂšves passent, cela demande certainement plusieurs sĂ©ances soit deux moments forts ou plusieurs petits qui vont ponctuer dâautres activitĂ©s. *** Cette sĂ©quence ne peut sâachever sans que les Ă©lĂšves soient sollicitĂ©s pour prendre la parole, plutĂŽt sans donner la parole Ă ceux qui ne lâont pas eue dans les poĂšmes de Desnos ou dont la voix ne sâentend pas â ce qui est une maniĂšre de prendre la parole en la donnant, de ne plus confondre le je » et le moi », de prĂ©server Ă©galement ce qui dans le cadre collectif de la classe ne peut se dire sans quelques risques. Ce don de parole est aussi une maniĂšre de vivre ensemble en prĂ©servant lâintĂ©gritĂ© de chacun. La consigne est simple mais demande effectivement que les Ă©lĂšves sâhabituent Ă ce genre dâactivitĂ©s Donne la parole Ă un personnage qui ne lâa pas dans un poĂšme de Robert Desnos ». Prenons quelques exemples et montrons quelques rĂ©alisations qui vont du plagiat Ă lâinvention folle »⊠Nous suivons les poĂšmes dans lâordre de lâĂ©dition GrĂŒnd et nous proposons des rĂ©alisations dont lâorthographe a Ă©tĂ© revue. La Rose » parle Ah ! il mâa cueilli. Eh bien, je vais lâendormir »; Je suis rose ou blanche ou dâor / Je suis en branche pas encore Ă©close » ; Rose, il dit rose, mais je suis blanche ! » ⊠Le GlaĂŻeul », câest le fils du PĂšre GlaĂŻeul » qui parle Je suis au Cap, je suis Ă Gand, / Je suis Ă Nice et Ă Tunis, / Et je suis Ă Senlis. / Je suis perroquet dans une oasis » ; Comment mon pĂšre GlaĂŻeul sait-il oĂč je suis ? Si encore câĂ©tait mon aĂŻeul qui est au pĂŽle Nord, je lui dirais dâaller au pĂŽle Sud Ă mon pĂšre GlaĂŻeul ! Câest pas tout, jâai froid gla-gla ! » La Pivoine », câest la marchande qui parle Pivoine, pivoine, / Qui veut mes belles pivoines ? » ; ou câest la pivoine qui dit Je ne veux pas aller sur lâeau avec ces matelots / ils vont me laisser faner pour les beaux yeux de la marchande. » LâAlligator » pense tout en parlant au nĂ©grillon », Bonjour, mon garçon » Un tendre nĂ©grillon, ce serait bon pour mon rĂ©veillon » ; et Ă la fin, il pense RatĂ© pour aujourdâhui mais demain, mon petit, je tâoffrirai un bonbon et tu feras mon rĂ©veillon. » Etc. PlutĂŽt que de faire Ă©crire des poĂšmes » aux Ă©lĂšves, il est prĂ©fĂ©rable de les faire Ă©crire avec les poĂšmes et dâengager un mode dâexpression qui permette Ă chacun de se prĂ©server tout en ayant toute sa libertĂ© dâĂ©criture. Aussi, cette consigne permet dâune part de choisir le poĂšme, de choisir le mode dâĂ©criture en ligne, en prose, avec ou sans rimes, en reprenant tout ou partie du texte de Desnos, en ignorant complĂštement le poĂšme⊠pour rĂ©pondre au poĂšme dâune maniĂšre personnelle tout en prĂ©servant son quant-Ă -soi puisque lâĂ©lĂšve peut toujours dire que ce nâest pas lui qui parle, sâexprime, rĂ©pond⊠étant entendu quâil est le scribe de ce personnage qui prend la parole Ă partir du poĂšme. Comme pour les autres activitĂ©s, le rĂ©sultat nâest pas toujours Ă la hauteur de ce quâon espĂ©rerait mais lâessentiel est cette reprise par lâĂ©lĂšve dâun fragment de lâĆuvre. Reprise qui est en lâoccurrence une réénonciation, une appropriation. *** Ces quatre activitĂ©s conduites constituent un petit ensemble qui permet aux Ă©lĂšves de parcourir lâĆuvre, de se lâapproprier dâune maniĂšre personnelle tout en ne cessant dâĂ©changer avec les autres. Chaque Ă©lĂšve a ainsi la possibilitĂ© de choisir les modes de son engagement avec lâĆuvre attente, observation, reprise, engouement⊠sans jugement de valeur et surtout sans ennui. En effet, lâenseignant veille Ă ce que chacun sâengage au moins dans deux ou trois des quatre activitĂ©s et surtout il veille Ă ne pas surcharger ses Ă©lĂšves dâexplications, de consignes et dâexercices qui souvent dĂ©goĂ»tent mĂȘme les meilleurs. Ici les activitĂ©s constituent dâabord des reprises assez libres des poĂšmes que lâenseignant est toujours le premier Ă proposer Ă ses Ă©lĂšves dans des moments de lecture magistrale. Sans que cela soit une obligation on peut conclure par un petit dĂ©bat collectif ou par un moment conclusif. Par exemple, en demandant aux Ă©lĂšves dâĂ©changer sur ce qui les a fait le plus rire ou ce qui les a le plus intriguĂ©s dans tous ces poĂšmes. Discussion permettant de remĂ©morer les poĂšmes mais aussi de pointer la force humoristique, joueuse de Desnos sans quâĂ aucun moment un consensus ne soit Ă imposer Ă chaque Ă©lĂšve qui peut prĂ©server son jardin secret, son Desnos Ă lui⊠Dâailleurs, ce moment conclusif peut consister Ă garder pour soi dans son carnet de lecture ce quâon aimerait garder de Desnos aprĂšs tout ce travail⊠Mon dernier lilas bien qui lilas le dernier », Ă©crivait Desnos dans le Lilas » ! Avec En toutes circonstances dâAlbane GellĂ© Ce livre de poĂšmes poursuit la tradition forte dâun Robert Desnos. Le refrain nâest pas sans faire penser Ă sa fourmi de dix-huit mĂštres Au 10, de la rue de lâespoir, assise sur le trottoir⊠une fourmi mĂȘme pas noire agitait lâun de ses 937 mouchoirs. [âŠ] » Donc comme sâil y avait six refrains mais avec des variations et comme une progression puisque le dernier commence par un dĂ©cidĂ©ment » et propose un retour Ă la case dĂ©part puis retourna sâasseoir sur le trottoir » ! Six refrains ponctuĂ©s de 5 couplets » comprenant chacun 6 puis 5, 5, 5 et enfin 6 sĂ©quences trĂšs courtes toutes aussi insolites afin de dessiner un univers du rĂȘve ? du jeu ? de lâĂ©numĂ©ration ? et surtout du plaisir de dire, de la volubilitĂ© de raconter, rĂ©citer, imaginer, jouer, plus quâavec les mots, avec tout le langage. *** On pourrait rapidement lister les consignes que nous ne commenterons pas aussi longuement que pour Desnos Liste lexicale 1. Lister au moins cinq personnages du livre ; 2. Les classer dans lâordre de prĂ©fĂ©rence et donner un titre Ă la liste ». Il sâagit bien de permettre Ă chaque Ă©lĂšve de poser ses marques pour assurer les lectures ultĂ©rieures ; ces marques les plus diverses dont la dimension subjective ou plus certainement dont la connaissance dĂ©jĂ assurĂ©e monde connu » ou univers dâexpĂ©rience proche » mais aussi dont les possibles surprises et plaisirs attirent, constituent autant de parcours personnels de lecture que les Ă©changes vont faire se croiser et forcĂ©ment sâouvrir les uns aux autres. Jeu dramatique 1. Choisir un couplet du livre et le jouer seul ou Ă plusieurs ; 2. Apprendre par cĆur un ou deux refrains puis progressivement improviser des histoires de fourmi noire ». Il sâagit de jouer la jubilation rĂ©citative du poĂšme se raconter des histoires Ă dormir debout mais aussi faire tenir des histoires courtes sur leur force rĂ©citative, leur prosodie de comptine, leur entrain ludique dans et par le langage. Les ratĂ©s sont forcĂ©ment de la partie et chaque partie est toujours Ă remettre. Documentaire Faire un bestiaire Ă partir du livre En toutes circonstances de quatre Ă huit pages avec des illustrations adĂ©quates ». Les Ă©lĂšves ne manqueront pas de profiter des propositions de Alain Bahuaud, lâillustrateur des poĂšmes dâAlbane GellĂ©, qui utilise les techniques du collage. Les bĂȘtes » du bestiaire peuvent au demeurant sâhumaniser ou se chosifier au grĂ© des trouvailles plastiques et verbales⊠La parole vive Deux personnages de deux couplets diffĂ©rents de En toutes circonstances dialoguent ». La notion de personnage est ici Ă prendre dans sa plus grande extension. Exemples de dialogues possibles entre les chanteurs de rock » et la vieille dame » ou entre le cheval en colĂšre » et le placard ouvert »⊠*** Ces quatre activitĂ©s ne cherchent pas Ă faire le tour de tous les dĂ©tails circonstances » ! du poĂšme mais Ă lancer le mouvement qui lâanime celui dâune ritournelle qui met tous les sens au diapason dâune jubilation enfantine des plus Ă©couteuses comme le montre dĂšs le dĂ©but la premiĂšre sĂ©quence du premier couplet si le ciel est un peu en dĂ©sordre câest pour faire joli ? La question qui ressemble Ă toutes celles des enfants combien dâĂ©toiles y a-t-il dans le ciel ? » reste nĂ©anmoins prudente un peu » vient renforcer la proposition hypothĂ©tique tout en proposant sur le mode interrogatif une rĂ©ponse pour faire joli » qui empĂȘche toute instrumentalisation du jeu enfantin. Ce que confirmerait une autre sĂ©quence prise au troisiĂšme couplet trĂšs trĂšs loin les Ă©toiles se demandent si câest possible une seule fois de redescendre pas pour longtemps Ces parenthĂšses commentatives mettent beaucoup dâhumour et de prudence dans le jeu enfantin qui est toujours la tentative de refaire le monde sans le dĂ©truire, bref de le faire jouer un peu, beaucoup, passionnĂ©ment⊠*** On peut facilement parier quâĂ lâissue de ces activitĂ©s, beaucoup dâĂ©lĂšves auront mĂ©morisĂ© nombre de passages du livre. Ce petit livre dâAlbane GellĂ© les aura mis au cĆur dâune parole libre, assez jubilatoire mais Ă©galement pleine dâinterrogations naĂŻves ou abyssales mais toujours joueuses et, en fin de compte, rieuse pour ne pas dire rimeuse »⊠Câest quâau cycle 2, on poursuit tout ce que le cycle 1 a engagĂ© lâattention au langage dans toutes ses composantes puisque la dimension prosodique voire pragmatique des textes nây est jamais oubliĂ©e car, Ă nâimporte quel Ăąge mais particuliĂšrement Ă lâĂąge oĂč lâon apprend Ă lire, la parole, quâelle soit Ă©crite ou orale, est Ă la hauteur dâun acte qui transforme le monde, change le locuteur et emporte lâauditeur. Pas de sĂ©quences poĂ©sie » sans livres de poĂšmes ! Ce premier impĂ©ratif demande quelques remarques. Si les livres sont chers, ils restent indispensables ne serait-ce quâun livre dans les mains de lâenseignant et les poĂšmes ne sont plus les mĂȘmes ! Ils viennent du livre autant sinon plus que de la bouche du professeur ! Ces livres sont constamment Ă la disposition des Ă©lĂšves tout simplement parce que câest lâĆuvre quâil sâagit de transmettre et non telle ou telle notion, tel ou tel savoir . Aussi on abandonnera dĂ©finitivement les mauvaises habitudes qui parfois cachaient aux Ă©lĂšves tout ou partie de lâĆuvre et du livre sous des prĂ©textes fallacieux divers ; celui de lâanticipation Ă©tant le plus curieux puisquâau prĂ©texte de travailler cette facultĂ© on interdisait aux Ă©lĂšves de dĂ©couvrir lâĆuvre en les privant de celle-ci⊠alors que la facultĂ© anticipatrice nâa quâĂ ĂȘtre exercĂ©e et si elle doit ĂȘtre rĂ©flĂ©chie, elle peut lâĂȘtre toujours a posteriori et non a priori allez donc au cinĂ©ma et coupez le film au bon moment, vous verrez que les spectateurs demanderont le remboursement du ticket dâentrĂ©e ! Ces mĂȘmes spectateurs nâont pas besoin quâon coupe le film pour exercer leur facultĂ© dâanticipation ! Tout lecteur sait bien quâelle est en Ă©veil constant ; ce qui nâempĂȘche pas que des activitĂ©s visant Ă observer lâactivitĂ© dâanticipation, Ă augmenter sa puissance ne soient organisĂ©es dans la classe, mais jamais elles ne doivent lâĂȘtre au dĂ©triment de la dĂ©couverte dâune Ćuvre littĂ©raire et encore moins poĂ©tique ! Câest pourquoi, toutes ces sĂ©quences visent Ă faire connaĂźtre le plus rapidement possible lâintĂ©gralitĂ© de lâĆuvre ; la premiĂšre condition Ă©tant que le livre soit toujours accessible pour tous et chacun. Le mieux Ă©tant certainement que chacun en dispose mais les conditions matĂ©rielles de lâenseignement ne le permettant pas toujours, lâenseignant saura le mettre Ă disposition de chacun par divers moyens un livre par groupe dâĂ©lĂšves, un livre par Ă©lĂšve pour un groupe qui rĂ©alise une activitĂ© avec lâĆuvre pendant que les autres font autre chose dans un autre domaine et quoiquâil en soit le livre prĂ©sent dans la classe, bien visible et lisible Ă tous moments en classe. Le lecteur de ces billets ne manquera pas de lire lâensemble de ces sĂ©quences indĂ©pendamment du niveau dont il est chargĂ© car nous dĂ©veloppons des points particuliers dans chaque sĂ©quence et inversement nous passons plus rapidement sur des aspects dĂ©jĂ traitĂ©s dans des sĂ©quences antĂ©rieures. Tout particuliĂšrement, le lecteur lira la premiĂšre sĂ©quence puisquâelle permet de donner concrĂštement le cadre gĂ©nĂ©ral de la conception de ces sĂ©quences. Ajoutons quâun enseignant peut fort bien selon les circonstances se nourrir des maniĂšres de faire qui font les lectures et la programmation de sa classe Ă un autre niveau que celui de ses Ă©lĂšves⊠Nous proposons ci-dessous une programmation dâĆuvres pour lâĂ©cole et le collĂšge avec des variantes possibles. Ă raison de deux ou trois Ćuvres par an, un Ă©lĂšve aurait en fin de cycle un corpus de 7 Ćuvres poĂ©tiques intĂ©grales, puis en fin dâĂ©cole primaire, au moins 14 Ćuvres et en fin de scolaritĂ© obligatoire, environ 24 Ćuvres, ce qui est loin dâĂȘtre nĂ©gligeable ! RĂȘvons Ă cette bibliothĂšque de 24 Ćuvres poĂ©tiques qui constituerait le socle commun dâun enseignement avec les poĂšmes ! Cette programmation peut paraĂźtre assez arbitraire mais elle rĂ©pond toutefois aux critĂšres suivants Ă©quilibrer les Ćuvres pour que la poĂ©sie reste en tension voir toute la premiĂšre partie de cet ouvrage, varier les voix pour que la pluralitĂ© appelle chacun Ă entendre sa propre diversitĂ© et donner Ă entendre la force du langage avec des Ćuvres qui engagent tout ce quâon a de meilleur et de fort. Les rĂ©fĂ©rences prĂ©cises des ouvrages sont donnĂ©es en bibliographie sur cette page Cycle 2 GS CP CE1 Ćuvres Luce Guilbaud, Qui, que, quoi ? Albane GellĂ©, En toutes circonstances Robert Desnos, Chantefables et Chantefleurs EugĂšne Guillevic, Ăchos, disait-il Victor Hugo, Chansons pour faire danser en rond les petits enfants et autres poĂšmes Jean-Marie Henry, Le Tireur de langue Jean-Damien ChĂ©nĂ©, Jâai un chut ! dans la gorge Cycle 3 CE2 CM1 CM2 Le ClĂ©zio, Sirandanes Jean-Pascal Dubost, Câest corbeau Pierre Marchand et Vincent Besnier, La mer en poĂ©sie Lucien Suel, Visions dâun jardin ordinaire Jacques Roubaud, Les Animaux de tout le monde James SacrĂ©, AnacoluptĂšres Jean-Marie Henry, Tour de terre en poĂ©sie CollĂšge 6e 5e 4e 3e Jeanne Gatard, La Grande gigue Jean-François Bory, Le Cagibi de MM. Fust et Gutenberg Antoine Emaz, De lâair Jean Tardieu, LâAccent grave et lâaccent aigu Daniel Biga, La Chasse au haĂŻku Blaise Cendrars, Feuilles de route Jean de La Fontaine, Les Fables, Livre 1 ValĂ©rie Rouzeau, Pas revoir Henri Meschonnic, Les cinq rouleaux Jacques PrĂ©vert, Histoires Quelques remarques complĂ©mentaires afin de mieux comprendre une telle programmation dont on peut sâinspirer pour en Ă©tablir dâautres, la renouveler partiellement, la complĂ©ter avec dâautres lectures⊠Si on ne peut parler de lecture de livres de poĂšmes en cycle 1, il va de soi que la lecture de poĂšmes y est par contre tout Ă fait nĂ©cessaire et utile. Aussi nous incluons dans notre programmation deux ouvrages destinĂ©s Ă la grande section dont on connaĂźt le statut Ă cheval » sur les deux cycles. Lâouvrage de Luce Guilbaud est explicite par son titre et montre comment les poĂšmes font autant mouvement avec les questions quâavec les rĂ©ponses ici les rĂ©ponses sont dans le mouvement de la devinette dont on sait que lâintĂ©rĂȘt rĂ©side autant sinon plus dans le jeu de lâinterlocution que dans la rĂ©ponse finale. Lâillustration et la mise en page avec un jeu de cache entrent pleinement dans lâactivitĂ© des poĂšmes-devinettes qui font patienter, rĂȘver, jouer. Le livre dâEugĂšne Guillevic continue cette pratique interlocutive doublement. Paroles rapportĂ©es, ces poĂšmes constituent Ă©galement autant dâĂ©chos Ă ce qui nâa pas de source prĂ©cise mais qui permet une recherche infinie de lâaltĂ©ritĂ© et surtout un jeu de la relation. Comme pour le livre prĂ©cĂ©dent, lâaccompagnement illustratif est indispensable et poursuit la chaĂźne des Ă©chos. Lâouvrage qui ouvre lâĂ©cole Ă©lĂ©mentaire Ă la lecture intĂ©grale dâun livre de poĂšmes est pris Ă une collection particuliĂšrement fĂ©conde, Le farfadet bleu », dont les livres constituent Ă la fois de vrais livres de poĂšmes plus que de simples recueils dâautant plus que les accompagnements graphiques participent chaque fois singuliĂšrement au projet. Si certains ouvrages peuvent convaincre plus que dâautres, tous constituent une premiĂšre collection qui pourra accompagner les jeunes lecteurs tout au long de leur scolaritĂ©. En toutes circonstances poursuit les pratiques poĂ©tiques de lâĂ©cole maternelle qui mettent le corps-langage dans une jubilation certaine tout en introduisant Ă une pensĂ©e du langage en actes quâun Robert Desnos viendra confirmer en fin de cycle avec son livre universellement reconnu et devenu un monument patrimonial dans la bouche des enfants eux-mĂȘmes. Aussi faudrait-il montrer le continu dâune poĂ©sie contemporaine, celle dâAlbane GellĂ© avec des monuments » scolaires anciens que sont devenus Hugo puis Desnos. Les chansons de Victor Hugo nâimitent pas la chanson enfantine mais introduisent dans la grande poĂ©sie la fraĂźcheur enfantine et dĂ©rident le sĂ©rieux patrimonial en mĂȘme temps. Lire une anthologie des jeux de mots avec ce titre qui leur donne un enjeu tout autre que seulement le ludisme gratuit dâune enfance naĂŻve voire bĂȘte, câest montrer dĂšs le cycle 2 que le langage nâest pas coupĂ© en deux le discours sĂ©rieux et ce qui ne veut rien dire mais bien continu car tirer la langue » câest sĂ©rieux comme nâimporte quel jeu de mots lâenjeu est bien celui de la force du langage plus que le seul plaisir des mots. Le petit livre de devinettes de Jean-Damien ChĂ©nĂ© dont les illustrations de Bernadette ChĂ©nĂ© redoublent lâintĂ©rĂȘt, vient poursuivre cet enjeu. il fait du livre lâobjet mĂȘme de la lecture voir ses index alphabĂ©tique », index matiĂšre » et sommaire » ce qui met le jeu de mots dans le poĂšme et donc dans la voix, le geste, le corps-langage plus que dans une mĂ©taphysique des mots, des lettres ou de lâĂ©criture Ă laquelle on soumet plus tĂŽt quâon ne le pense les lecteurs Ce quâil vous plaĂźt ne le sachant pas, de chercher, puis-je pouvons-nous lâĂ©crire sâil nous plaĂźt ? ChĂ©nĂ©, 2002, p. 51 Le cycle 3 sâouvre alors sur un semblable recueil de devinettes qui viennent de loin et dont Jean-Marie-Gustave Le ClĂ©zio et son Ă©pouse nous offrent avec la version originale de belles traductions. Des Ăźles Maurice, nous devinons toute la richesse dâune vie qui emmĂȘle la nature, la culture, les bĂȘtes et les hommes, le corps et le langage jusque dans les couleurs vives de ces broderies qui illustrent les sirandanes. Elles illustrent ainsi le jeu infini de la dĂ©couverte du monde et de lâhomme avec les poĂšmes des devinettes jeu de la relance, jeu de la relation. Câest que le poĂšme nous fait revoir le monde. Ainsi Lucien Suel et son jardin ordinaire » met les visions » dans notre langage de tous les jours avec les moyens du poĂšme. Passer des devinettes ancestrales Ă une Ă©criture dâaujourdâhui qui rappelle sans nostalgie tout ce qui disparaĂźt sous nos yeux ces jardins ouvriers qui assuraient plus quâun approvisionnement substantiel une vie de rĂȘve dans une vie de labeur⊠Si le poĂšme fait rĂȘver câest pour mieux vivre, pour vivre la vraie vie. Dans la vraie vie, il y a la mort et Jean-Pascal Dubost raconte cette arrivĂ©e avec son corbeau ». Cette Ă©criture de notations qui construit un journal dâimpressions montre comment le poĂšme peut transformer des jours sans lendemain en une vie qui nâa pas fini de laisser vivre lâintrusion de lâĂ©trange, de lâaltĂ©ritĂ© radicale, dans nos vies. Cette Ă©criture est lancĂ©e par le prĂ©sentatif du titre câest corbeau ». Le poĂšme invente sa grammaire comme il invente la vie. Mais jamais il ne lâinvente dans lâisolement, dans lâincommunicabilitĂ©. Le livre de Jacques Roubaud voir pour sa lecture intĂ©grale le livre dâAgnĂšs Perrin, 2004, dans la longue tradition des bestiaires que ce cycle 3 explore en filigrane jusquâĂ James SacrĂ© et ses AnacoluptĂšres, rassemble les animaux comme il rassemble tout le monde. Ces jeux qui sont souvent des clins dâĆil amicaux mettent en verve le lecteur comme dans une grande parade et les dĂ©guisements animaliers ouvrent au carnaval des discours, des genres ; alors le poĂšme mĂšne la danse. Deux anthologies viennent complĂ©ter ces livres dâauteurs une anthologie thĂ©matique autour de la mer et une anthologie de poĂ©sies du monde entier avec les versions originales qui montrent la diversitĂ© des langues et des cultures tout en signalant certainement trop rapidement que les poĂšmes ne connaissent pas les frontiĂšres, quâil suffit de chercher sa voix pour dire lâaltĂ©ritĂ© dans sa langue. De telles anthologies ne sont que des portes ouvertes vers des lectures multiples, des lectures toujours plus appropriĂ©es qui font de chacun un sujet du langage. Au collĂšge, la classe de sixiĂšme peut permettre de dĂ©couvrir un personnage qui nâexiste quâen poĂšme, La Grande Gigue de Jeanne Gatard ouvre Ă cette existence que seul le poĂšme permet dâinventer. Force du geste qui met du corps dans des proses pleines de poĂšme au singulier car il sâagit bien de chercher du poĂšme. En sixiĂšme on peut alors partir pour une chasse au poĂšme Ă la maniĂšre de cette chasse au haĂŻku que Daniel Biga propose dans ses notations ultrarapides et quotidiennes. Cette Ă©criture prosaĂŻque met le poĂšme dans la vie Ă condition quâon entende ce que le poĂšme invente et dispose en ouvrant les yeux et les oreilles comme on nâa pas lâhabitude. Il faudrait aussi se lancer dans la lecture des textes fondateurs » comme le demandent les Programmes, pas seulement pour en dĂ©couvrir un succĂ©danĂ© Ă©vĂ©nementiel, mais dâabord pour en entendre une voix ou plutĂŽt des voix qui nous font nous dĂ©couvrir. LâĂ©criture du poĂšte et traducteur Henri Meschonnic fait venir Ă nous cette oralitĂ©-lĂ trĂšs ancienne et trĂšs moderne parce quâelle met Ă vif lâĂ©popĂ©e de nos vies. Ces cinq rouleaux font cinq livres de poĂšmes quâil est indispensable de lire dans nos voix, dans toutes les voix de la classe. Câest un voyage, non seulement dans le temps chronologique et historique, mais surtout dans le temps subjectif dâun rĂ©citatif infini, dans le temps divin qui met lâhomme Ă lâĂ©coute de lâhumain. Aventure que poursuit Ă sa façon un livre de poĂšmes comme celui de Blaise Cendrars. Cette recherche du poĂšme de lâaltĂ©ritĂ© est Ă©galement au principe de lâactivitĂ© typographique des textes de Jean-François Bory qui fait Ă©cho dâune maniĂšre trĂšs ludique et savante Ă lâhĂ©ritage poĂ©tique quâun Ă©lĂšve de cinquiĂšme peut alors Ă©voquer en nâhĂ©sitant pas Ă passer dâun livre Ă lâautre, du palais des Belles-Lettres au Cagibi de MM. Fust et Gutenberg, du manuscrit au tapuscrit, etc. Retrouver deux grands auteurs scolaires en quatriĂšme, La Fontaine et PrĂ©vert, câest lâoccasion de faire De lâair comme nous y invite Antoine Emaz ! Les Ă©lĂšves ne peuvent alors que relire ces vieux auteurs pour les retrouver tout neufs, pleins de force. Fables » et histoires » deviennent alors non des poĂ©sies » Ă rĂ©citer mais des textes qui demandent de les vivre dans des activitĂ©s oĂč le corps, la voix, la parole se multiplient, sâouvrent Ă lâinconnu, se poursuivent dans des relations qui nâen reviennent pas de se trouver⊠Câest ce que Antoine Emaz fait avec son journal qui cherche le poĂšme de chaque jour, de chaque sensation, de chaque humeur. Et alors la poĂ©sie fait respirer un air neuf, un air vif, un air plein de fables et de paroles vraies. La classe de troisiĂšme peut alors infinir ces lectures en poĂ©sie par deux livres dont le premier, celui de Tardieu, cherche lâaccent qui nous fait toujours nous-mĂȘmes avec les autres, quand le second, celui de ValĂ©rie Rouzeau, nous fait autre avec nos plus proches. Ces passages sont toujours des inventions relationnelles pleines de langage, intensifiant des formes de vie en formes de langage et inversement. Graves ou aigus, nos noms ne sont plus des mots, mais des voix qui marchent, des pas qui font chaque fois des histoires, des histoires de lecteurs toutes indispensables pour chacun. Les poĂšmes des lectures scolaires sont alors devenus des poĂšmes de vie. La poĂ©sie est un acte. Elle nâest pas subie, elle est agie. Pierre Reverdy dans Charpier, 1956, p. 545 Les poĂšmes ne demandent quâune chose Ă lâĂ©cole la vie ! parce quâils sont la vie du langage par excellence. Souvent les faux problĂšmes empĂȘchent de se rendre compte que lâĂ©cole câest tout simplement de longs moments de vie pour toutes les gĂ©nĂ©rations dâĂ©coliers faut-il alors opposer lâĂ©cole Ă la vie ou faire rentrer la vie dans lâĂ©cole ou faire sortir lâĂ©cole dans la vie ? Autant de questions qui ratent le vrai problĂšme faire que les activitĂ©s scolaires soient vivantes, maintiennent et mĂȘme suscitent la curiositĂ©, lâentrain et la vivacitĂ© des Ă©lĂšves et de leurs professeurs. De ce point de vue, on ne peut considĂ©rer les poĂšmes que comme les ferments parmi dâautres dâun tel objectif puisque les poĂšmes sont ce quâil y a de plus vivant dans le langage⊠à condition quâon ne les tuent pas dans lâĆuf. Mais nous savons maintenant comment et pourquoi Ă©viter ce bain de sang qui se fait souvent avec les meilleures intentions puisque nous avons en main les dix clĂ©s du problĂšme ! Nous allons maintenant concevoir au moins trois modes de vie avec les poĂšmes Ă lâĂ©cole et au collĂšge, qui sont trois modes bien connus dâorganisation des activitĂ©s scolaires. Nous les dissocions pour les besoins de lâexposĂ© mais ils sont Ă©troitement associĂ©s et ne vont pas lâun sans lâautre. En effet, pas de surprises sans habitudes, pas de nouveautĂ©s sans acquisitions lentes, pas dâentraĂźnements rĂ©guliers sans explorations hasardeuses et pas dâaventures merveilleuses sans de patients prĂ©paratifs⊠Rituels, sĂ©quences et projets vont alors sâentrelacer pour faire vivre les apprentissages avec les poĂšmes. Les rituels constituent des habitudes que les sĂ©quences permettent de rĂ©flĂ©chir pendant que les projets organisent des sorties la poĂ©sie demande de changer un peu les habitudes langagiĂšres y compris en didactique. Alors, nâhĂ©sitons pas Ă dĂ©placer les habitudes et la langue de bois⊠Lâessentiel consiste Ă observer si nos Ă©lĂšves sây retrouvent, câest-Ă -dire apprennent et aiment. Comment concevoir rituels, sĂ©quences et projets ? Commençons par esquisser une conception de la sĂ©quence. Les poĂšmes demandent de ne pas se fier Ă un seul modĂšle de sĂ©quence dâapprentissage. Il est vrai que lâĂ©cole habitue dans ce domaine Ă ce quâon appelle le moment de poĂ©sie » et que selon les modĂšles didactiques ou le niveau, il est tantĂŽt orientĂ© vers un moment » tout Ă fait original et spĂ©cifique, soit vers un moment » qui se confond avec dâautres. Dâun cĂŽtĂ© le moment » qui, de la maternelle au cycle 3, Ă©volue de lâapprentissage collectif dâune comptine ou poĂ©sie » dans une situation fonciĂšrement interlocutive du type chorale Ă lâapprentissage individuel dâune poĂ©sie » pour la rĂ©citer et lâillustrer ; ce dernier moment Ă©tant accompagnĂ© de menues explications prenant parfois la forme dâun questionnement de texte » pour mieux comprendre la poĂ©sie ». Dâun autre cĂŽtĂ© le moment » qui, de la maternelle au cycle 3, engage dans la crĂ©ation » câest-Ă -dire dans une production dâĂ©crit » plus ou moins libre, parfois fort contrainte, lequel moment se conçoit comme une occasion propice Ă lâactivitĂ© dâĂ©criture inventĂ©e en allant de la dictĂ©e Ă lâadulte bien plus souvent collective quâindividuelle Ă lâexpression Ă©crite avec premier jet » et grille de réécriture Ă©laborĂ©e en commun, câest-Ă -dire sous lâĆil vigilant de lâenseignant qui veille Ă ce que le texte produit apparaisse comme conforme Ă un modĂšle textuel si ce nâest poĂ©tique. Il est vrai que de nombreuses classes dans la tradition dâun Freinet, mettent ce moment sous le rĂ©gime de lâexpression libre non sans renforcer une autre mythologie aussi pernicieuse que la premiĂšre qui vise lâimitation dâun moule syntaxique pendant que la seconde vise lâimitation dâun cadre thĂ©matique que le » surrĂ©alisme a offert Ă Freinet et ses Ă©mules le texte libre » valorisant la dimension imaginative de lâactivitĂ© en nâengageant que la lecture des images produites, rĂ©duisant ainsi la production langagiĂšre Ă la nomination, dâoĂč une valorisation extrĂȘme des noms, des groupes nominaux, dĂšs quâon est en poĂ©sie ». Nous aimerions proposer des activitĂ©s qui concourent Ă une sĂ©quence avec des poĂšmes sans quâaucune instrumentalisation ne dĂ©tourne les Ă©lĂšves, les lecteurs donc, de leur appropriation personnelle-collective de ces poĂšmes entendons bien quâil sâagit de ne jamais utiliser les poĂšmes comme des prĂ©textes Ă une quelconque activitĂ© qui les ignorerait telle que lâentraĂźnement pour la prononciation correcte du français, la diction rhĂ©torique des textes, lâimitation des modĂšles textuels y compris de ce que dâaucuns appellent le texte poĂ©tique »⊠Les activitĂ©s dâune sĂ©quence avec les poĂšmes viennent simplement rĂ©pondre au souci des programmes concernant les Ćuvres littĂ©raires que les Ă©lĂšves soient mis en contact avec des textes forts, quâils se les approprient par les voies les plus directes, les plus simples, les plus engageantes et respectueuses de chacun. Le modĂšle » dâactivitĂ©, si lâon peut employer ce terme, est celui de la reformulation, mais on comprend aussitĂŽt quâil ne peut y avoir de modĂšle puisque chaque texte demande dâinventer ses reformulations, voire de les multiplier. Le fondement de ces reformulations qui constituent autant de modes singuliers dâappropriation, est la lecture magistrale restitution de lâĆuvre par la voix haute du maĂźtre. Celle-ci permet Ă chaque Ă©lĂšve, quelles que soient ses performances en lecture, dâaccĂ©der Ă lâĆuvre littĂ©raire ; en effet, mĂȘme sâil sâavĂšre incapable de lire seul le texte de lâĆuvre, il est tout Ă fait capable de reformuler lâĆuvre aprĂšs quâon la lui ait transmise de cette maniĂšre ; câest pourquoi aucune Ćuvre littĂ©raire dâimportance dans le dispositif didactique ne doit Ă©chapper Ă ce mode de transmission qui nâempĂȘche nullement que les Ă©lĂšves lisent seul le texte â les activitĂ©s les y encouragent â ou dâautres textes, tout simplement parce quâainsi aucun Ă©lĂšve nâest exclu de la dynamique collective quâouvre la lecture magistrale dâune Ćuvre et les activitĂ©s de reformulation qui vont accompagner cette lecture en vue de son appropriation par chaque Ă©lĂšve â y compris, rappelons-le, lâĂ©lĂšve le moins performant du point de vue des techniques de la lecture. Soit une Ćuvre, lâactivitĂ© dâappropriation de cette Ćuvre par la classe et par chacun des Ă©lĂšves est celle de la multiplication des reformulations se redire, relire, réécrire, jouer, transposer, Ă©voquer, citer, manipuler⊠Cette dĂ©marche est au fond celle que nous proposons pour toutes les Ćuvres littĂ©raires qui constituent le socle commun, et donc le fonds de la culture littĂ©raire commune. Les poĂšmes, nous lâavons dit, se prĂ©sentent dâabord, comme les autres Ćuvres littĂ©raires, sous la forme dâun livre, livre de poĂšmes dâun auteur ou anthologie⊠Ils doivent donc dâabord ĂȘtre abordĂ©s Ă ce titre dans la classe. Câest donc Ă ce titre que les sĂ©quences les considĂšrent dâabord. Nous verrons ensuite dans les rituels et projets, dâautres maniĂšres de les rencontrer, de vivre avec eux. Si les reformulations des Ćuvres sont forcĂ©ment multiples, il nous paraĂźt indispensable de les regrouper, quelle que soit lâĆuvre, dans quatre formes dâactivitĂ©s de reformulation complĂ©mentaires et jamais exclusives les unes des autres mais toujours reliĂ©es voire concomitantes si possible pour une contextualisation plus gĂ©nĂ©rale, voir Martin, mai 2005 1. LâĂ©chelle lexicale il serait plus judicieux de la dĂ©nommer liste lexicale hiĂ©rarchisĂ©e » mais la mĂ©taphore de lâĂ©chelle que chaque Ă©lĂšve se construit pour grimper dans lâarbre textuel si ce nâest au ciel des constellations dâun univers textuel, lâemporterait sur le rappel des Ă©chelles dâacquisition de lâorthographe lexicale » Pothier, 2003 que nous respectons tout Ă fait par ailleurs mais qui nâont rien Ă voir avec cette Ă©chelle, ce parcours de lecture personnel dans un texte prĂ©lever, lister, hiĂ©rarchiser et Ă©ventuellement titrer des Ă©lĂ©ments lexicaux du texte pour en faire ressortir une facette, une dimension, un aspect. Cela reviendrait Ă construire un rĂ©seau qui maille le texte, le traverse soit fragmentairement soit complĂštement et ainsi lâĂ©lĂšve se donnerait des prises pour le relire et pour construire sa comprĂ©hension et son interprĂ©tation. 2. Le jeu dramatique dire le texte ou un fragment mĂȘme rĂ©duit du texte pour que sa lecture engage le corps, sa voix et ses gestes afin dâobserver ce quâil nous fait quand il nous traverse ; afin de sentir ce qui lâanime, constitue sa force, organise les Ă©nergies qui sây rencontrent⊠3. Le documentaire dĂ©couvrir le monde construit avec le texte, avec son Ă©nonciation en particulier et pas seulement son Ă©noncĂ©, en reconfigurant ce monde dans un texte documentaire qui met ce monde en rĂ©sonance avec les prĂ©occupations, les interrogations et les mondes dĂ©jĂ construits par les lectures et les expĂ©riences antĂ©rieures. Sachant bien quâil ne sâagit pas ici de construire une vĂ©ritĂ© scientifique mais dâagencer des informations, des notations pour apercevoir une vĂ©ritĂ© du texte dans et par sa lecture. Câest pourquoi lâexercice aurait pu aussi bien sâappeler documenteur » car il se peut que ses informations ne soient pas validĂ©es scientifiquement si elles doivent toujours lâĂȘtre comme vĂ©ritĂ©s dâexpĂ©rience de lecture. Et si mensonge il y avait, on nâoubliera pas la leçon dâAragon avec son mentir-vrai ». 4. La parole vive faire rĂ©sonner le texte lu des paroles quâil recĂšle mais quâil ne livre pas explicitement en donnant la parole Ă des protagonistes du texte, animĂ©s ou inanimĂ©s, protagonistes qui ne lâont pas apparemment mais qui peuvent trĂšs vite la prendre si on la leur donne ; il sâagit dâĂ©crire en je » autant de reformulations incidentes et dialogiques qui vont rĂ©sonner dans la pluralitĂ© les dire du texte souvent localement, parfois plus globalement â par exemple en fin de parcours⊠pour de plus amples dĂ©veloppements sur cette derniĂšre activitĂ©, voir Martin, septembre 2005. Ces quatre activitĂ©s conduites, on peut affirmer que chaque Ă©lĂšve Ă sa façon et la classe dans cette configuration forcĂ©ment singuliĂšre puisque articulĂ©e avec ce quâelle aura auparavant lu et fait, se sont appropriĂ©s lâĆuvre littĂ©raire et en lâoccurrence lâĆuvre poĂ©tique. Mais on perçoit bien que cela demande parallĂšlement un Ă©tayage. Les rituels et les projets vont lâapporter puisque les premiers vont permettre de renforcer des savoir-faire initiĂ©s dans les sĂ©quences et les seconds vont Ă©largir le sens dâactivitĂ©s forcĂ©ment rĂ©duites aux conditions de la classe. On aura compris que le cĆur du dispositif la sĂ©quence est bien scolaire, quâil est expĂ©rientiel et rĂ©flexif sans nĂ©gliger la dimension rĂ©pĂ©titive et entraĂźnante des rituels ni celle plus aventureuse des projets. Les poĂšmes devraient toujours sây retrouver, du moins jamais se perdre, puisque jamais ne devraient sâimposer naturellement dans ce dispositif didactique les sĂ©parations traditionnelles que nous avons dâores et dĂ©jĂ bien pointĂ©es dans la perspective dâune redĂ©couverte du langage avec les poĂšmes. Proposition dâorganisation de sĂ©quences littĂ©raires et donc poĂ©tiques sur deux semaines en cycle 2 et trois semaines en cycle 3. La durĂ©e Ă©tant liĂ©e Ă lâimportance quantitative de lâĆuvre, certaines sĂ©ances peuvent donc sây dĂ©doubler mais le principe est fondamentalement le mĂȘme . Pour le collĂšge, on adaptera cette durĂ©e en comptant les sĂ©ances. Certaines sĂ©ances peuvent ĂȘtre plus longues que dâautres, bien entendu. Ce modĂšle » est bien Ă©videmment Ă adapter aux temporalitĂ©s de la classe entre dĂ©but et fin dâannĂ©e et de lâĆuvre plus ou moins longue. SĂ©ances 1 2 3 4 5 6 7 Lecture magistrale 1 1 1 2 1 Ăchelle lexicale 2 2 Jeu dramatique 2 1 1 3 Documentaire 2 bis 1 bis 1 Parole vive 2 1 bis Les sept sĂ©ances montrent lâorganisation des activitĂ©s suivantes La premiĂšre sĂ©ance est dâabord consacrĂ©e Ă une dĂ©couverte de lâĆuvre par la lecture magistrale inaugurale puis par les premiĂšres prises lexicales personnelles sur lâĆuvre. La seconde sĂ©ance poursuit si ce nâest achĂšve la lecture intĂ©grale et magistrale de lâĆuvre et ouvre deux ateliers concomitants jeu dramatique et documentaire qui vont se poursuivre lors de la troisiĂšme sĂ©ance pour organiser quelques Ă©changes des travaux quelques rĂ©alisations dramatiques et documentaires prĂ©sentĂ©es et apprĂ©ciĂ©es. La quatriĂšme sĂ©ance dĂ©place les activitĂ©s avec lâĆuvre en commençant par une relecture magistrale en relisant des passages dĂ©licats ou choisis par les Ă©lĂšves⊠pour lancer lâactivitĂ© dâĂ©criture personnelle, la parole vive. La cinquiĂšme sĂ©ance croise lecture magistrale et rĂ©alisations dramatiques des Ă©lĂšves veillant Ă ce quâun maximum dâĂ©lĂšves sâexpriment devant la classe, en particulier ceux qui nâauraient pas eu lâoccasion de le faire lors de la troisiĂšme sĂ©anceâŠ. La sixiĂšme sĂ©ance permet Ă tous les Ă©lĂšves dâachever leurs travaux personnels, de les reprendre, de les amĂ©liorer. Enfin, la septiĂšme sĂ©ance vient couronner la sĂ©quence en la bouclant sur une reprise de lâĆuvre par lâenseignant et les Ă©lĂšves lecture magistrale et rĂ©alisations dramatiques qui ouvre Ă une derniĂšre prise sur lâĆuvre peut-ĂȘtre plus problĂ©matique reprise adaptĂ©e de lâactivitĂ© de lâĂ©chelle lexicale afin de lancer un dĂ©bat pour conclure provisoirement du point de vue du travail de lâĆuvre mais dĂ©finitivement du point de vue de son inscription obligatoire dans le temps scolaire. On remarquera que le dernier mot est aux Ă©lĂšves ils font vivre lâĆuvre montrant que cette derniĂšre est maintenant leur responsabilitĂ© alors que câest lâenseignant qui lâavait ouverte. Passage dâĆuvre qui est un passage de sujet â nous y reviendrons dans des billets ultĂ©rieurs. Fables et voix, livres et lecteurs
Ăla Gloire de Jean Corentin CarrĂ© -- 1919 -- images. SĂ©lections AccĂ©der au menu des pages Ă©ditoriales AccĂ©der au menu des pages Ă©ditoriales
Texte intĂ©gral Les hommes ont repris leur place Ă la maison et dans les champs, un peu surpris des changements intervenus ici et lĂ [...]. Ceux dont la femme a eu la charge de tout pendant quatre ans ont plus de mal Ă reprendre le train dâavant. Il leur faut s'imposer de nouveau Ă leur place. Et la femme a pris de telles habitudes, a tellement peinĂ© nuit et jour qu'elle abandonne difficilement ses prĂ©rogatives. Quelques hĂ©ros couverts de mĂ©dailles n'arriveront plus jamais Ă commander. Il est vrai que nous avons des femmes fortes, c'est bien connu ».Pierre Jakez HĂ©lias, Le cheval d'orgueil. MĂ©moires d'un breton du pays bigouden, Plon, 1975, p. 64. La guerre qui exalte les valeurs viriles et opĂšre une sĂ©paration radicale des hommes et des femmes ne me paraĂźt pas favorable Ă une Ă©volution des rĂŽles sexuels ».Françoise ThĂ©baud, La femme au temps de la guerre de 14, Stock, 1986, p. 299. 1Cette divergence d'apprĂ©ciation quant au rĂŽle de 14-18 sur l'Ă©volution de la condition fĂ©minine, et donc du rapport entre les sexes, tĂ©moigne des remises en cause et des progrĂšs de l'historiographie. Elle illustre aussi l'Ă©cart entre la mĂ©moire qui utilise le passĂ© et l'histoire qui cherche Ă le comprendre. 1 Anne Kerhuel, Les Bretonnes avaient de l'avance » dans Le Monde, 30 novembre 1978, p. 4 la f ... 2En 1975, le mĂ©morialiste Pierre Jakez HĂ©lias reconstruit un monde perdu alors que la cause des femmes et le renouveau rĂ©gionaliste s'affirment. Il est d'ailleurs remarquable que dans les annĂ©es 1970 et 1980 plusieurs auteurs s'efforcent de montrer une avance » des Bretonnes dans des Ă©crits qui mettent en exergue les spĂ©cificitĂ©s rĂ©gionales1 Cette double interrogation sur les rapports entre la mĂ©moire et l'histoire, entre l'Ă©volution gĂ©nĂ©rale et l'Ă©volution rĂ©gionale, sous-tend cette Ă©tude sur le rĂŽle de la guerre de 14- 18 dans les reprĂ©sentations du genre en Bretagne et Ă propos de la Bretagne. C'est Ă partir de supports iconographiques et de discours porteurs des stĂ©rĂ©otypes les plus courants que je tenterai d'analyser les reprĂ©sentations du masculin et du fĂ©minin concernant la Bretagne avant, pendant et aprĂšs la Grande Guerre. La Bretagne d'avant 1914,des reprĂ©sentations fĂ©minines dominantes 2 Daniel Imbert, L'HĂŽtel de Ville de Paris genĂšse rĂ©publicaine d'un grand dĂ©cor », dans Le triom ... 3 Philippe Le Stum, La Bretagne dans l'affiche touristique. 1880-1935 », dans Cahiers de l'Iroise, ... 3En 1888, le conseil municipal de Paris lance un concours pour la dĂ©coration de l'HĂŽtel de Ville. Pour la salle des fĂȘtes, des scĂšnes allĂ©goriques sont imposĂ©es. Le peintre François Ehrmann propose, parmi d'autres esquisses, une reprĂ©sentation de la Bretagne sous la forme d'une femme en coiffe tenant un gouvernail. Son projet est retenu et fait l'objet d'une commande en 18912. Cette image est emblĂ©matique d'une certaine perception de la Bretagne qui donne Ă la femme une place centrale. Elle prend appui sur la survalorisation de la Basse-Bretagne3 et le rĂŽle attribuĂ© aux femmes de marins. En 1907, Camille Vallaux Ă©crit dans un livre de gĂ©ographie 4 Camille Vallaux, La Basse-Bretagne. Ătude de gĂ©ographie humaine, Ăd. CornĂ©ly et Cie, 1907, p. 71. Dans la maison du marin, la femme gouverne. Il ne peut en ĂȘtre autrement car le marin-paysan possĂšde Ă terre des intĂ©rĂȘts qu'il ne peut surveiller lui-mĂȘme. Sa maison, sa vache, son champ de choux et de pommes de terre rĂ©clament des soins aussi importants que ceux de la barque et du filet. La femme bĂ©nĂ©ficie de la direction Ă©conomique qui lui est confĂ©rĂ©e ; aux nombreuses absences de son mari, elle doit aussi une libertĂ© d'allure, un quant Ă soi trĂšs accentuĂ©. Cette domination de la femme se vĂ©rifie aisĂ©ment dans les districts oĂč les marins font nombre [...]. D'Ă©conomique, la domination de la femme dans la maison du pĂȘcheur devient morale par une transition naturelle. La femme compte par ses conseils autant que par ses travaux. Rien ne se fait sans elle, tout se fait par elle4 ». 5 L'Illustration. 24 aoĂ»t 1904, n° 3052, p. 129. 6 Ibidem, 11 aoĂ»t 1906, n° 3311, p. 91. 4Cette focalisation sur la place de la femme, par les observateurs de la Bretagne Ă la Belle Ăpoque, est confirmĂ©e par l'Ă©tude de L'Illustration. De 1900 Ă 1914 cette revue, destinĂ©e Ă un lectorat français aisĂ©, publie 77 documents iconographiques concernant la Bretagne. Sur 69 d'entre eux des femmes sont figurĂ©es, trĂšs souvent sans les hommes. Dans 64 cas, elles portent un costume traditionnel. La rĂ©partition thĂ©matique dessine les contours d'un systĂšme de reprĂ©sentations. Les photographies et les dessins de femmes participant Ă des pardons dominent 17 occurrences et sont rĂ©currents 1901, 1905, 1911, 1914. La revue voit dans cette pratique religieuse un tĂ©moignage d'archaĂŻsme Il [le pardon] reste au dĂ©but du xxe siĂšcle en pleine activitĂ© de civilisation, l'Ă©vocation la plus Ă©tonnante des Ăąges disparus [...]. Tout concourt Ă lui donner ce caractĂšre de flagrant anachronisme5 ». Le second thĂšme le plus reprĂ©sentĂ© est celui de la dĂ©fense de l'Ăglise catholique par les femmes contre l'Ătat laĂŻque lutte contre l'expulsion des congrĂ©gations en 1902 11 documents, contre les inventaires en 1906 et 1907 2. La Bretonne incarne ainsi, dans son apparence et dans ses actes, la gardienne des traditions et de la foi. On peut noter que, quand L'Illustration propose des images de femmes en Bretagne Ă©chappant Ă ce registre convenu, elle met en scĂšne des Parisiennes, par exemple Ă Dinard en 1906 Ă l'heure du bain6 ». 7 Jean-François Botrel, La Paimpolaise histoire d'une chanson 1895-1995 », dans Le Pays de Din ... 5Les deux stĂ©rĂ©otypes fĂ©minins les plus connus avant 1914 participent aussi de ce systĂšme de reprĂ©sentations. En 1895, ThĂ©odore Botrel compose La Paimpolaise en empruntant largement Ă PĂȘcheur d'Islande de Pierre Loti. La chanson connaĂźt un succĂšs trĂšs rapide Ă Paris, puis en Bretagne mĂȘme oĂč il semble bien s'ĂȘtre produit une forme d'adhĂ©sion identitaire7 ». La femme qui attend au pays breton » incarne la fidĂ©litĂ© Ă l'homme mais aussi au pays et Ă la religion. Cette fonction de la femme qui reste, La Paimpolaise, est aussi largement celle de la femme qui part, BĂ©cassine. En crĂ©ant en 1905 pour les jeunes lectrices de La Semaine de Suzette le personnage de la petite bonne Ă tout faire » bretonne placĂ©e Ă Paris, Jacqueline RiviĂšre et Joseph Porphyre Pinchon cherchent Ă faire rire leur public enfantin des maladresses et des bĂ©vues commises par BĂ©cassine. Mais ses Aventures sont aussi le reflet de conceptions du monde. Domestique fidĂšle de la marquise de Grand Air dans le faubourg Saint-Germain, la Bretonne est le faire-valoir d'un monde dominĂ© par le conservatisme social dont les valeurs sont l'ordre, l'Ă©conomie, le travail et la religion. Nigaude sĂ»rement, mais sympathique aussi, elle sert Ă promouvoir ce systĂšme de rĂ©fĂ©rences auquel elle adhĂšre. 6Ă la veille de la PremiĂšre Guerre mondiale, les clichĂ©s et les stĂ©rĂ©otypes les plus communs sur la Bretagne sont largement fĂ©minins. La femme est souvent reprĂ©sentĂ©e comme celle qui tient le foyer, garde le cap ou tient la barre ; cette premiĂšre image n'en fait pas pour autant un agent de la modernitĂ© car elle est reprĂ©sentĂ©e, aussi et surtout, comme la gardienne d'un monde traditionnel dominĂ© par la religion ou les superstitions. Pendant la guerre, une nationalisation des images du genre 7La guerre change la rĂ©partition et la fonction des images proposĂ©es au lecteur par une presse qui participe Ă la mobilisation gĂ©nĂ©rale. L'Illustration consacre six articles Ă la Bretagne entre 1914 et 1918. Tous ont un objet militaire, et seuls des hommes figurent dans l'iconographie qui les illustre. Mais les hommes ne sont pas reprĂ©sentĂ©s dans leur seule activitĂ© guerriĂšre. Leur fonction symbolique s'Ă©largit, supplĂ©e celle des femmes restĂ©es Ă l'arriĂšre. Ainsi, en juin 1915, la photographie de fusiliers-marins embellissant une tombe dans le cimetiĂšre de Nieuport est prĂ©sentĂ©e comme un transfert d'une activitĂ© fĂ©minine 8 L'Illustration, 26 juin 1915, n° 3773, p. 651. Nos hĂ©roĂŻques Fusiliers-marins apportent dans les Flandres ce culte des tombes qu'ils entretiennent si fidĂšlement dans leur Bretagne. Comme leurs mĂšres seraient allĂ©es chercher pour eux de beaux coquillages Ă aligner sur leur tombeau, ils ont trouvĂ© dans les ruines des maisons bombardĂ©es de Nieuport des carreaux de faĂŻence avec lesquels ils composent une croix8 ». 9 Ibidem, 3 juillet 1915, n° 3774, p. 1. 10 Ibidem, 26 aoĂ»t 1916, n° 3834 pour Mathurin MĂ©heut, 5 mai 1917, n° 3879 pour Jean-Julien Lemordant 8Les hommes en guerre deviennent les reprĂ©sentants de l'identitĂ© et du talent rĂ©gional tels ces soldats jouant de la bombarde et du biniou9 ou les peintres combattants Mathurin MĂ©heut et Jean-Julien Lemordant mis en avant dans L'Illustration10. 9Les stĂ©rĂ©otypes fĂ©minins d'avant-guerre sont mis au service de la nation dĂ©fendue par les hommes. ThĂ©odore Botrel, engagĂ© volontaire devenu chansonnier des armĂ©es », adapte la version de La Paimpolaise aux circonstances. En 1917, la librairie Larousse publie dans une collection pour la jeunesse les Refrains de guerre de Botrel. La version, rĂ©putĂ©e improvisĂ©e en mars 1917, transforme le pĂȘcheur mĂ©lancolique en protecteur viril de la femme restĂ©e au pays Mais soudain voici que la GuerreNous appelant tous au combat"Le marin pĂȘcheur" de naguĂšreDevient "un col bleu" de l'ĂtatEt le pauvre gĂąs Carte postale patriotique inspirĂ©e par le recueil de Botrel Autour des lits guerre virilise lâhomme et rend le militaire plus sĂ©duisant. Page de garde de BĂ©cassine chez les AlliĂ©s, 1918. BĂ©cassine terrasse le boche » mais seulement par hasard et le temps du tournage d'un film. 11 Refrains de guerre de Botrel le chansonnier des armĂ©es, Librairie Larousse, 1917, p. 11. Soupire tout bas Je serais bien mieuxDevant un joli feu d'ajoncMais je dĂ©fends laPaimpolaiseQui m'attend au pays breton11 ». 10Une Ă©tape supplĂ©mentaire est franchie dans une autre version qui masculinise le titre de la chanson et dans laquelle le hĂ©ros place son amour de la France au-dessus de celui de sa Paimpolaise 12 ThĂ©odore Botrel, Le Paimpolais » dans L'Ăcho des armĂ©es. Chants du Bivouac, novembre 1914, p. 2. J'aime Paimpol et sa falaiseSon Ă©glise et son fin clocherJ'aime encore mieux ma PaimpolaisePlus encore ma France en danger12 ». 13 Louise Bodin 1877-1929 installĂ©e Ă Rennes en 1898 aprĂšs son mariage avec un professeur de l'Ăc ... 11La popularitĂ© du chansonnier incite des Ă©diteurs de cartes postales Ă mettre en images des adaptations de productions de Botrel, comme les Contes du lit clos, dans lesquelles la femme, sur fond de dĂ©cor breton typique », semble vouĂ©e au repos du guerrier » et Ă alimenter les fantasmes des Poilus au front. Ce nationalisme outrancier et cette vulgaritĂ© sont insupportables pour la fĂ©ministe socialiste rennaise Louise Bodin13. Elle propose en 1917 un texte Ă La PensĂ©e Bretonne contre le botrĂ©lisme 14 CitĂ© par Colette Cosnier, La Bolchevique aux bijoux. Louise Bodin, Pierre Horay, 1988, p. 74. Botrel ne pouvait ĂȘtre que Botrel, au cĆur content, content de peu [...]. Il nous suffit d'indiquer le malaise dont nous sommes saisis lorsque nous nous arrĂȘtons Ă certaines chansons qui ne peuvent que nous ridiculiser, nous abaisser dans l'esprit de notre ennemi. Certaines abominables cartes postales de haine puĂ©rile, de plaisanterie grossiĂšre, qui se sont vendues chez nous, nous ont fait Ă©prouver le mĂȘme malaise et monter au visage le rouge de l'humiliation14 ». 15 Caumery et Pinchon, BĂ©cassine pendant la guerre, Gautier-Languereau, 1915 ; BĂ©cassine chez les All ... 12BĂ©cassine est, elle aussi, convoquĂ©e pour promouvoir le patriotisme. Les trois albums publiĂ©s durant la guerre15 font se succĂ©der les exploits d'AnaĂŻck Labornez, la petite bonne bretonne, promue au rang de modĂšle. Son courage Ă©gale, voire surpasse, celui des hommes dans des circonstances pĂ©rilleuses. Mais cette apparente promotion fĂ©minine connaĂźt des limites. D'une part BĂ©cassine est hĂ©roĂŻque presque malgrĂ© elle, agissant par hasard et par impulsion non par raisonnement ; elle reste, selon l'expression de la marquise de Grand Air, une jeune fille qui n'a pas de cervelle mais tant de cĆur ». D'autre part son champ d'action dans la guerre reste limitĂ© par sa condition fĂ©minine. Elle n'a que l'apparence militaire. Alors qu'elle rĂȘve d'ĂȘtre cantiniĂšre, elle est mobilisĂ©e comme receveuse de tramway. Elle terrasse, seule, un soldat allemand, mais il s'agit du tournage d'une scĂšne de cinĂ©ma. Les jeunes lectrices de ces albums dĂ©couvrent la participation des femmes Ă l'effort de guerre, mais aussi que la guerre vĂ©ritable, celle des hommes, est ailleurs dans un front ou un avant » mythifiĂ©. 13Que La Paimpolaise et BĂ©cassine soient bretonnes importe dĂ©sormais peu car la propagande de guerre pousse Ă une homogĂ©nĂ©isation nationale des reprĂ©sentations du genre. StĂ©rĂ©otypes rĂ©gionaux et images de la petite patrie » ne sont plus que des outils au service de la grande patrie ». L'affiche rĂ©alisĂ©e par le peintre concarnois ThĂ©ophile Deyrolle pour la journĂ©e du FinistĂšre » du 10 octobre 1915 est de ce point de vue exemplaire. Au premier plan, l'homme en uniforme marche, fusil Ă l'Ă©paule, d'un pas dĂ©cidĂ© ; au second plan, sa femme, en costume breton, le suit, admirative, un enfant dans les bras. 16 Marthe Dupuy Ă©crit 19 Ă©ditoriaux publiĂ©s Ă la Une de L'Ouest-Ăclair en 1916. 14Le discours tenu sur les rapports du fĂ©minin et du masculin par la presse bretonne Ă grand tirage n'apparaĂźt pas plus spĂ©cifique mĂȘme si le poids de la religion contribue Ă accentuer certains arguments. Le quotidien rĂ©publicain catholique L'Ouest-Eclair s'assure d'ailleurs en 1916 la collaboration de Marthe Dupuy, journaliste Ă L'Intransigeant. Une division sexuĂ©e du travail s'opĂšre alors au sein de la rĂ©daction du journal. Ă l'Ă©ditorialiste fĂ©minine16 Ă©choit la question fĂ©minine » traitĂ©e essentiellement sur le mode de la morale, de la compassion et de la tendresse. Aux Ă©ditorialistes masculins est rĂ©servĂ© le commentaire de l'actualitĂ© militaire, Ă©conomique et politique, souvent traitĂ©e dans un registre virulent. Au fil de ses Ă©ditoriaux, Marthe Dupuy dĂ©veloppe une conception double du rĂŽle de la femme en ces temps de guerre. Elle est tout d'abord celle qui doit assurer son rĂŽle d'Ă©pouse, de mĂšre fidĂšle aux valeurs chrĂ©tiennes, admirative de la vie du Christ souvent mise en parallĂšle avec celle du soldat au front. Pour une veuve de guerre enceinte, elle Ă©crit 17 L'Ouest-Ăclair, 19 fĂ©vrier 1916. La maternitĂ© vous ramĂšnera, petite maman, le soleil que vous croyez Ă©teint, en vous redonnant dans les yeux du nouveau-nĂ© qui bientĂŽt s'ouvriront le regard de Celui qui dort dans la terre de France, le bon sommeil du sublime Ouvrier au repos aprĂšs la tĂąche17 ». 18 Ibidem, 29 mars 1916. 19 Ibidem, 28 avril 1916. 20 Ibidem, 6 mai 1916. 15DĂ©nonçant le bombardement par les Autrichiens de Ferrare et de Ravenne comme le massacre des Innocents », elle en appelle Ă toutes les femmes dont l'Ă©poux offre noblement au feu une poitrine oĂč bat un cĆur honnĂȘte et magnifique. J'en appelle Ă toutes les mĂšres devant lesquelles j'Ă©voque l'image de cette mĂšre italienne tenant, Ă©tendu sur ses genoux, le corps inerte de son fils... Mater, Mater Dolorosa !18 ». Mais la guerre fait naĂźtre une femme nouvelle, partout la femme se lĂšve dans l'ombre du guerrier19 » et la femme de 1916 ne ressemble plus que de fort loin Ă la femme de 1914. La blouse d'infirmiĂšre et le vĂȘtement sobre l'emportent en nombre sur la silhouette bayadĂšre tout comme le dĂ©vouement tangible et le raisonnement pratique l'emportent sur le verbiage lĂ©ger et l'inconscient Ă©goĂŻsme de jadis20 ». S'interrogeant sur l'avenir de cette femme rĂ©vĂ©lĂ©e par la guerre, Marthe Dupuy Ă©crit 21 Ibidem, 28 avril 1916. la vraie femme de France restera ce qu'elle a toujours Ă©tĂ© le modĂšle des mĂšres, la digne compagne du soldat rentrĂ© dans ses foyers, l'Ăąme de la maison mais [...] la femme a dĂ©sormais le droit d'ĂȘtre considĂ©rĂ©e selon sa valeur. Le rire Ă son Ă©gard, le sourire mĂȘme serait injure. Elle n'est plus l'adjointe de l'homme. Elle a fait ses preuves. Elle est son Ă©gale21 ». 22 Ibidem, 6 mai et 12 juin 1916. 23 Ibidem, 30 juin 1916. 24 Ibidem, 31 mai et 16 juillet 1916. 25 Ibidem, 27 dĂ©cembre 1916. 16Mais de ces principes Ă©noncĂ©s, l'Ă©ditorialiste de L'Ouest-Eclair tire des propositions ambivalentes, voire contradictoires. Si elle souhaite que la femme puisse voter sous certaines conditions22, elle fait le vĆu qu'elle puisse retourner Ă la terre23, Ă©lever dignement ses nombreux enfants24, et que lui soit Ă©pargnĂ© le travail Ă l'usine25. Ce programme est sans doute le reflet implicite des attentes du lectorat du journal. En fĂ©vrier et mars 1918, L'Ouest- Eclair lance un dĂ©bat sur le vote des femmes, publie des rĂ©ponses de lectrices et conclut par un avis nĂ©gatif assorti d'une critique de la position de Louise Bodin jugĂ©e dangereuse pour la famille. 26 L'Ouest-Ăclair, 9 mars et 16 mai Nouvelliste de Bretagne, 14 aoĂ»t 1918 et 25 avril 1916 ... 27 Par exemple Ă FougĂšres en 1917 ; voir Olivier Martin, FougĂšres en guerre, 1914-1918, maĂźtrise, Ren ... 28 L'Ouest-Ăclair, novembre-dĂ©cembre 1916. 29 Le Phare de la Loire, 28 mai et 27 juin 1917. 17La multiplication des Ă©loges, des marques de reconnaissance Ă l'Ă©gard des femmes ne remet donc pas en cause les conceptions traditionnelles de leur rĂŽle. Cette rĂ©sistance du temps long » peut mĂȘme trouver des arguments dans la mĂ©fiance, la crainte, la peur qui s'expriment aussi Ă l'encontre des femmes pendant la guerre. Le plus banal est le rappel de la frivolitĂ© fĂ©minine qui conduit Ă condamner l'Ă©volution de la mode26. Des rĂ©serves, voire de l'hostilitĂ©, au sujet de l'emploi des femmes dans les usines sont formulĂ©es par des organisations ouvriĂšres27 et par la presse qui s'efforce de dĂ©fendre le travail Ă domicile jugĂ© sans doute plus conforme Ă la condition fĂ©minine28. Un vĂ©ritable antifĂ©minisme transparaĂźt mĂȘme chez certains faiseurs de l'opinion publique. Maurice Schwob, le directeur du quotidien nantais Le Phare de la Loire, estime au printemps 1917 que les grĂšves des ouvriĂšres sont soutenues ou fomentĂ©es par les Allemands qui profitent de leur innocence. Il rĂ©cidive Ă propos des troubles dans les gares dont il attribue l'origine aux prostituĂ©es, manipulĂ©es par les Boches », qui feraient boire les soldats permissionnaires29. 18De 1914 Ă 1918, le consensus national s'impose mĂȘme dans les images. En Bretagne, comme ailleurs, la femme est reprĂ©sentĂ©e, majoritairement, comme l'auxiliaire dĂ©vouĂ©e, fidĂšle, de l'homme-soldat qui la protĂšge. Cette conception dominante est rĂ©sumĂ©e, jusqu'Ă la caricature, dans le discours de clĂŽture de l'Union RĂ©gionaliste Bretonne Ă ChĂąteaubriant en septembre 1917 30 CongrĂšs de ChĂąteaubriant, 13-17 septembre 1917 », dans Bulletin de l'Union RĂ©gionaliste Bretonne ... Que les absents ne regrettent rien tandis qu'au front de bandiĂšre, ils tiennent le fusil, ils lancent la grenade, ils servent Ă mĂȘme que veux-tu l'obus et la marmite aux Boches, les femmes, en cette circonstance, comme partout, se sont chargĂ©es de venir en nombre tenir gaiement leur place, et nous aurons eu, nous autres Ă ChĂąteaubriant, la bonne fortune de votre premier congrĂšs de guerre, que retiendront peut-ĂȘtre vos annales sous le doux nom de CongrĂšs des Dames30 ». AprĂšs la guerre, la virilisation des images de la Bretagne 31 Myriam Baron, La symbolique des espaces mortuaires. Les monuments aux morts de la guerre 1914- 191 ... 32 Tristan Perreau, Les monuments aux morts de la guerre de 1914-1918 dans l'arrondissement de ChĂątea ... 33 Pour le dĂ©partement de l'Ille-et-Vilaine, j'ai retenu pour composer cet Ă©chantillon les 111 monume ... 34 Antoine Prost, Les monuments aux morts », dans Pierre Nora, Les lieux de mĂ©moire I. La RĂ©publiqu ... 35 HervĂ© Moisan, Sentinelles de pierre. Les monuments aux morts de la guerre de 14-18 dans la NiĂšvre, ... 36 Breiz Atao, janvier-fĂ©vrier 1923, p. 1. 19L'empreinte de la Grande Guerre sur les reprĂ©sentations du fĂ©minin et du masculin peut ĂȘtre Ă©valuĂ©e Ă partir de ces tĂ©moins de pierre que sont les monuments aux morts. L'Ă©tude exhaustive des monuments aux morts des cinq dĂ©partements bretons n'est pas encore rĂ©alisĂ©e. Seuls les dĂ©partements du Morbihan, de la Loire-Atlantique disposent d'inventaires accessibles et complets31. Plusieurs travaux ont portĂ© sur des cantons du FinistĂšre32, de l'Ille-et-Vilaine33 ou procĂ©dĂ© de façon alĂ©atoire pour un dĂ©partement. Il est cependant possible, actuellement, en regroupant ces diffĂ©rentes enquĂȘtes, d'interroger un corpus de 661 monuments, soit un peu plus de la moitiĂ© de ceux Ă©difiĂ©s en Bretagne. La premiĂšre remarque est que ces monuments ne distinguent pas d'emblĂ©e la Bretagne du reste de la France. 323 d'entre eux, soit 49 %, appartiennent au type gĂ©nĂ©rique de la stĂšle ou de l'obĂ©lisque dont Antoine Prost a montrĂ© la prĂ©dominance au plan national34. Si l'on prend en compte les figurations humaines, 130 statues 20 % du corpus mettent en scĂšne des soldats, 33 seulement des femmes 4,9 % souvent associĂ©es Ă un Poilu. La surreprĂ©sentation masculine paraĂźt accentuĂ©e en Bretagne. Les 564 monuments Ă©tudiĂ©s par Antoine Prost dans 35 dĂ©partements ne reprĂ©sentent que 91 Poilus de tous genres soit 16 % de l'Ă©chantillon. Dans le dĂ©partement de la NiĂšvre, Ă©tudiĂ© par HervĂ© Moisan35, les soldats ne constituent que 7,5 % des 325 monuments et les reprĂ©sentations fĂ©minines 4,3 %. Cette surreprĂ©sentation masculine bretonne est peut-ĂȘtre Ă mettre en relation avec les volontĂ©s rĂ©gionales cherchant Ă construire une mĂ©moire hĂ©roĂŻque de 14-18. Les monuments aux morts, comme la crĂ©ation du mythe des 240 000 Bretons tuĂ©s, participeraient ainsi Ă l'ultime intĂ©gration nationale de la Bretagne. Ils lisseraient les particularitĂ©s d'une rĂ©gion qui affirmerait son alliance Ă la France dans le sang versĂ©. Cette interprĂ©tation peut trouver des arguments dans l'attitude des autonomistes de Breiz Atao qui dĂ©noncent des monuments gallinacĂ©s », trop francophiles Ă leurs yeux36. 37 Jean Sannier, Aux Bretons morts pour la France », dans La Bretagne touristique, 15 novembre 1922 ... 38 Henri Quilgars, Le sabotage de l'Ăąme bretonne. Les monuments aux morts et la tradition bretonne ... 20Peu frĂ©quente, la statuaire commĂ©morative fĂ©minine devient un objet de controverse au dĂ©but des annĂ©es 1920. Alors que Jean Sannier, dans La Bretagne touristique37, considĂšre ces femmes de pierre, sculptĂ©es en costume local, comme l'expression d'une spĂ©cificitĂ© rĂ©gionale, Henri Quilgars, dans Breiz Atao, y voit au contraire le sabotage de l'Ăąme bretonne » car ces femmes gĂ©missantes malgrĂ© leur costume et leur coiffe ne sont pas bretonnes mais françaises [...]. La Française pleure peut-ĂȘtre, mais la Bretonne s'humilie en pleurant38 ». Monument aux morts de Pontrieux, inaugurĂ© en femme porte le deuil des hĂ©ros statufiĂ©s. Monument aux morts de Baud, inaugurĂ© en dans le deuil, lâhomme prĂ©cĂšde la femme 39 La Bretagne Ă Paris, en France, aux colonies, 22 aoĂ»t 1934. 40 Pierre Champion, Soldats bretons, durs soldats », dans La Bretagne Ă Paris, 18 octobre 1924, p. ... 41 Le ministre de la Marine marchande, Rio, sĂ©nateur du Morbihan, inaugure le pavillon de la Bretagne ... 42 L'Ouest-Ăclair, 5 dĂ©cembre 1934. 43 Ibidem, 11 dĂ©cembre 1934. 21Femmes en pleurs sans doute mais hommes en gloire sĂ»rement. Les constructeurs de la mĂ©moire bretonne de 14-18 Ă©rigent un panthĂ©on symbolique essentiellement masculin. La presse bretonne multiplie les hommages aux soldats bretons prĂ©sentĂ©s comme les plus valeureux de France. Le rappel de l'importance des pertes humaines, des combats glorieux sert Ă dĂ©fendre et Ă illustrer la rĂ©gion et Ă lutter contre les prĂ©jugĂ©s dont elle estime ĂȘtre la victime39. Si un hommage collectif est rendu Ă cette race batailleuse et entĂȘtĂ©e40 », quelques noms sont particuliĂšrement distinguĂ©s Jean-Pierre Calloc'h, l'amiral Ronarc'h, Jean-Julien Lemordant ou Corentin CarrĂ©. La mĂ©moire officielle peut en faire les successeurs d'une longue lignĂ©e de Bretons virils au service de la France41. Culture de guerre et dĂ©fense rĂ©gionale se mĂȘlent aussi pour faire un portrait flatteur du Capitaine Conan de Roger Vercel. Il est prĂ©sentĂ© dans L'Ouest-Ăclair comme Du Guesclin revenu pour la Grande Guerre42 » et un vrai et solide Breton sympathique en dĂ©pit de ses pires violences43 ». 44 La Bretagne Ă Paris, 29 avril 1939. 45 Ibidem, 24 juin 1939. 22Cette virilisation de l'image de la Bretagne par la mĂ©moire de 14-18 continue Ă faire du soldat le protecteur de la femme. Dans les annĂ©es 1930, les multiples dĂ©nonciations bretonnes des bĂ©cassineries » sont souvent faites au nom du souvenir des hĂ©ros de la Grande Guerre. En 1939, le film BĂ©cassine de Pierre Caron est vilipendĂ© car il jette le discrĂ©dit sur les filles et les femmes de ces soldats et marins bretons qui se sont sacrifiĂ©s dans la derniĂšre guerre44 ». Et pour en finir avec BĂ©cassine, un instituteur breton propose de remplacer au MusĂ©e GrĂ©vin cette caricature offensante par le mannequin d'un Fusilier-marin, d'un Terre-neuvas, ou encore de Corentin CarrĂ©, le plus jeune soldat mort pour la France45 ». * 23ClichĂ©s et stĂ©rĂ©otypes privilĂ©gient plutĂŽt le fĂ©minin en Bretagne avant la Grande Guerre. La saignĂ©e de 14-18 et ses enjeux de mĂ©moire met en avant le soldat hĂ©roĂŻque. DĂ©mobilisĂ©e, l'intĂ©rimaire BĂ©cassine retourne Ă ses aventures naĂŻves. Bien sĂ»r, il ne s'agit que d'images, d'une petite partie Ă©mergĂ©e des reprĂ©sentations sociales. Mais leur longĂ©vitĂ©, leur rĂ©currence, donc leur usage, sont aussi des indices de l'Ă©volution des conceptions. De ce point de vue, 14-18 apparaĂźt plus comme un moment de confrontation que de rupture dans les conceptions des rĂŽles sociaux du fĂ©minin et du masculin. En Bretagne, ce sont les profondes mutations Ă©conomiques des annĂ©es 1960 qui mettront fin au syndrome de BĂ©cassine. Notes 1 Anne Kerhuel, Les Bretonnes avaient de l'avance » dans Le Monde, 30 novembre 1978, p. 4 la femme a toujours eu, en Bretagne, une situation trĂšs supĂ©rieure Ă ce qu'elle avait dans le reste de la France en droit et en fait » ; AgnĂšs Audibert, Le matriarcat breton, puf, 1984 ; Philippe Carrer, Le matriarcat psychologique des Bretons, Payot, 1984. 2 Daniel Imbert, L'HĂŽtel de Ville de Paris genĂšse rĂ©publicaine d'un grand dĂ©cor », dans Le triomphe des mairies. Grands dĂ©cors rĂ©publicains Ă Paris. 1870-1914, MusĂ©e du Petit Palais, 1987, p. 63-71. 3 Philippe Le Stum, La Bretagne dans l'affiche touristique. 1880-1935 », dans Cahiers de l'Iroise, 1993, n° 159, p. 19-25. 4 Camille Vallaux, La Basse-Bretagne. Ătude de gĂ©ographie humaine, Ăd. CornĂ©ly et Cie, 1907, p. 71. 5 L'Illustration. 24 aoĂ»t 1904, n° 3052, p. 129. 6 Ibidem, 11 aoĂ»t 1906, n° 3311, p. 91. 7 Jean-François Botrel, La Paimpolaise histoire d'une chanson 1895-1995 », dans Le Pays de Dinan, tome XV, 1995, p. 273-303. 8 L'Illustration, 26 juin 1915, n° 3773, p. 651. 9 Ibidem, 3 juillet 1915, n° 3774, p. 1. 10 Ibidem, 26 aoĂ»t 1916, n° 3834 pour Mathurin MĂ©heut, 5 mai 1917, n° 3879 pour Jean-Julien Lemordant. 11 Refrains de guerre de Botrel le chansonnier des armĂ©es, Librairie Larousse, 1917, p. 11. 12 ThĂ©odore Botrel, Le Paimpolais » dans L'Ăcho des armĂ©es. Chants du Bivouac, novembre 1914, p. 2. 13 Louise Bodin 1877-1929 installĂ©e Ă Rennes en 1898 aprĂšs son mariage avec un professeur de l'Ăcole de MĂ©decine, suffragiste en 1913, elle est infirmiĂšre volontaire en 1915. En 1917, elle Ă©crit dans le premier numĂ©ro de La Voix des femmes ; elle lie alors fĂ©minisme, pacifisme et socialisme. Elle adhĂšre Ă la SFIO en 1918, choisit la TroisiĂšme Internationale en 1920, rompt avec la Voix des femmes en 1921. SecrĂ©taire de la fĂ©dĂ©ration dĂ©partementale du pcf d'Ille-et-Vilaine de 1921 Ă 1923, elle prend ses distances avec le parti en cours de bolchevisation et le quitte en 1927. 14 CitĂ© par Colette Cosnier, La Bolchevique aux bijoux. Louise Bodin, Pierre Horay, 1988, p. 74. 15 Caumery et Pinchon, BĂ©cassine pendant la guerre, Gautier-Languereau, 1915 ; BĂ©cassine chez les AlliĂ©s, 1917 ; BĂ©cassine mobilisĂ©e, 1918. 16 Marthe Dupuy Ă©crit 19 Ă©ditoriaux publiĂ©s Ă la Une de L'Ouest-Ăclair en 1916. 17 L'Ouest-Ăclair, 19 fĂ©vrier 1916. 18 Ibidem, 29 mars 1916. 19 Ibidem, 28 avril 1916. 20 Ibidem, 6 mai 1916. 21 Ibidem, 28 avril 1916. 22 Ibidem, 6 mai et 12 juin 1916. 23 Ibidem, 30 juin 1916. 24 Ibidem, 31 mai et 16 juillet 1916. 25 Ibidem, 27 dĂ©cembre 1916. 26 L'Ouest-Ăclair, 9 mars et 16 mai Nouvelliste de Bretagne, 14 aoĂ»t 1918 et 25 avril 1916 Ce n'est pas le moment de remettre au goĂ»t du jour la dĂ©cadence romaine ou la pourriture byzantine. La vie de notre peuple se joue sur le front [...]. Or des femmes, des mĂšres, des sĆurs de ces hommes au front se pavanent et s'affichent en des toilettes de carnaval ». 27 Par exemple Ă FougĂšres en 1917 ; voir Olivier Martin, FougĂšres en guerre, 1914-1918, maĂźtrise, Rennes 2, 1991. 28 L'Ouest-Ăclair, novembre-dĂ©cembre 1916. 29 Le Phare de la Loire, 28 mai et 27 juin 1917. 30 CongrĂšs de ChĂąteaubriant, 13-17 septembre 1917 », dans Bulletin de l'Union RĂ©gionaliste Bretonne, 1918, p. 30. 31 Myriam Baron, La symbolique des espaces mortuaires. Les monuments aux morts de la guerre 1914- 1918 dans le dĂ©partement du Morbihan, maĂźtrise de gĂ©ographie, Paris VII, 1988 ; Yves Pilven Le Sevellec, Une Ă©tude des monuments aux morts de la Loire-Atlantique », dans Visions contemporaines, n° 4, mars 1990. 32 Tristan Perreau, Les monuments aux morts de la guerre de 1914-1918 dans l'arrondissement de ChĂąteaulin, maĂźtrise d'histoire, ubo, Le Gall, Les monuments aux morts de la guerre de 1914-1918. Ătude sur trois cantons du sud-ouest FinistĂšre, maĂźtrise d'histoire, ubo, 1988. 33 Pour le dĂ©partement de l'Ille-et-Vilaine, j'ai retenu pour composer cet Ă©chantillon les 111 monuments sur 360 dans tout le dĂ©partement choisis de façon alĂ©atoire par Yves HĂ©lias, Les monuments aux morts. Essai de sĂ©miologie du politique, DEA d'Ătudes politiques, Rennes, facultĂ© des Sciences juridiques, 1977. 34 Antoine Prost, Les monuments aux morts », dans Pierre Nora, Les lieux de mĂ©moire I. La RĂ©publique, Gallimard, 1984, p. 200. 35 HervĂ© Moisan, Sentinelles de pierre. Les monuments aux morts de la guerre de 14-18 dans la NiĂšvre, Bleu autour, 1999. 36 Breiz Atao, janvier-fĂ©vrier 1923, p. 1. 37 Jean Sannier, Aux Bretons morts pour la France », dans La Bretagne touristique, 15 novembre 1922, p. 11 Ă 18. 38 Henri Quilgars, Le sabotage de l'Ăąme bretonne. Les monuments aux morts et la tradition bretonne », dans Breiz Atao, mars 1923, p. 289. 39 La Bretagne Ă Paris, en France, aux colonies, 22 aoĂ»t 1934. 40 Pierre Champion, Soldats bretons, durs soldats », dans La Bretagne Ă Paris, 18 octobre 1924, p. 1. 41 Le ministre de la Marine marchande, Rio, sĂ©nateur du Morbihan, inaugure le pavillon de la Bretagne Ă l'exposition de 1937 Comme naguĂšre les Duguay-Trouin, les La Motte-Picquet, les CoĂ«tlogon, les KerguĂ©len, les Magon, les Bisson, les Ronarc'h, les Langle de Cary, ses enfants seront toujours prĂȘts Ă lui rĂ©pondre ainsi que notre cher "Bleimor" Je suis le matelot au bossoir, le guetteur. La France m'a appelĂ© ce soir ». 42 L'Ouest-Ăclair, 5 dĂ©cembre 1934. 43 Ibidem, 11 dĂ©cembre 1934. 44 La Bretagne Ă Paris, 29 avril 1939. 45 Ibidem, 24 juin 1939. Cette publication numĂ©rique est issue dâun traitement automatique par reconnaissance optique de caractĂšres.
Définitionsde Corentin-Jean, synonymes, antonymes, dérivés de Corentin-Jean, dictionnaire analogique de Corentin-Jean (français) Publicité français rechercher: traductions anagrammes mots-croisés Ebay . Publicité 410e régiment d'infanterie RI ⹠Louis Savidan ( 1895 - 1941 ) ⹠Corentin-Jean Carré ( 1900 - 1918 ), né au Faouët ( Le Faouët (Morbihan) Personnalités
Chaque trimestre, l'Ă©lĂ©phant vous fait dĂ©couvrir un lieu Ă travers 10 Ă©vĂ©nements phares. Parmi les rĂ©gions françaises, la Bretagne est lâune de celles qui a la plus forte identitĂ© distincte. Cette identitĂ© spĂ©cifique puise dans la riche histoire de ce territoire aux marges de lâespace national, qui possĂšde deux langues encore utilisĂ©es bien que dĂ©clinantes en nombre de locuteurs. Comme lâAlsace ou la Corse, la Bretagne est une rĂ©gion pĂ©riphĂ©rique oĂč le français ne sâest imposĂ© que tardivement. Comme la Bourgogne voir lâĂ©lĂ©phant no 14, elle a formĂ© au Moyen Ăge un Ătat puissant qui a pu rivaliser un temps avec le royaume de France avant que celui-ci ne sâimpose Ă lui par les armes. Autre spĂ©cificitĂ©, ce territoire dĂ©coupĂ© par lâocĂ©an qui a donnĂ© son premier nom Ă la rĂ©gion Armor » signifie en effet sur ou devant la mer », par opposition Ă lâ Argoat », le pays du bois ». Avant de revenir avec lâhistorien JoĂ«l Cornette sur les enjeux de ces spĂ©cificitĂ©s, nous vous proposons de remonter le temps pour y repĂ©rer les moments qui ont contribuĂ© Ă façonner la rĂ©gion. Pour cela, il faudra tenter de faire la part entre lâhistoire et ce qui relĂšve des mythes, si nombreux et si souvent Ă©voquĂ©s lorsquâil sâagit de la Bretagne. Certains de ces mythes sont nĂ©s des nombreuses traces dâun passĂ© lointain et mal connu. Ainsi, le dĂ©but du Ve millĂ©naire avant notre Ăšre est lâĂ©poque des monuments mĂ©galithiques dolmens, cairns et autres menhirs, si nombreux dans la rĂ©gion jusquâĂ en devenir un phare de la Vieille, Ă la pointe du Raz. BZPHOTO/FOTOLIA Par la suite, au milieu du IIIe millĂ©naire, les hommes du bronze sâinstallent, venus probablement par la Manche. Ils maĂźtrisent les techniques dâextraction et de travail des mĂ©taux. LâArmorique est intĂ©grĂ©e dans les Ă©changes, nombreux Ă lâĂ©chelle du continent, qui se font notamment par lâocĂ©an. Des populations celtes sâinstallent ensuite dans la rĂ©gion et sây mĂȘlent aux habitants. La production de pierre polie en granit a bonne rĂ©putation et est en grande partie exportĂ©e vers le sud et la MĂ©diterranĂ©e. Mais le dĂ©veloppement de la mĂ©tallurgie du fer plus Ă lâest marginalise la pĂ©ninsule au vie siĂšcle avant notre Ăšre. Il faut attendre lâessor de lâexploitation du sel dans le sud de lâArmorique, Ă partir du ive siĂšcle, pour que la rĂ©gion retrouve une place dans les Ă©changes. Les MĂ©diterranĂ©ens sâintĂ©ressent Ă ce territoire. Avant les Romains, lâexplorateur massaliote PythĂ©as voir lâĂ©lĂ©phant no 15 y accoste Ă la fin de ce siĂšcle, sur sa route vers les mines dâĂ©tain et les Ăźles plus septentrionales. La conquĂȘte romaine est lâĆuvre, ici comme dans le reste de la Gaule, de Jules CĂ©sar, qui vainc les puissants VĂ©nĂštes lors dâun affrontement naval au large du golfe du Morbihan en - 56. LâArmorique romaine est formĂ©e par des citĂ©s dont le territoire correspond Ă celui des peuples qui y vivent les Osismes Ă lâouest autour de Vorgium Carhaix, les Coriosolites dans lâest de lâactuel dĂ©partement des CĂŽtes-dâArmor autour de Fanum Martis Corseul, les Riedones autour de Condate Rennes, les NamnĂštes au nord de Condevicnum Nantes et enfin les VĂ©nĂštes autour de Darioritum Vannes. La romanisation, dâabord culturelle, se fait dâautant plus facilement que la Britannia lâactuelle Grande-Bretagne est Ă©galement conquise en - siĂšcle Quand lâArmorique devient la Bretagne LâarrivĂ©e des Bretons et une christianisation originale AprĂšs le IIIe siĂšcle de notre Ăšre, de nouveaux peuples sâinstallent dans lâEmpire romain. Pour protĂ©ger lâArmorique, les Romains y dĂ©placent, au ive siĂšcle, des soldats de leur armĂ©e venus de la grande Ăźle de Bretagne lâactuelle Grande-Bretagne ils dĂ©fendent les rivages contre les pirates saxons ou frisons. En 410, lâĂźle de Bretagne est dâailleurs abandonnĂ©e aux Angles, Saxons et autres Jutes par les Romains. Une deuxiĂšme pĂ©riode dâinstallation de Bretons semble avoir lieu au vie siĂšcle. Fuyant les Scots dâIrlande, les Pictes ou les Angles, ils viennent surtout de lâactuel pays de Galles et des Cornouailles. La persistance de toponymes similaires de part et dâautre de la Manche tĂ©moigne de cette origine. Ainsi, la DomnonĂ©e en Armorique fait pendant au Devon et la Cornouaille au Cornwall. Les Bretons sâinstallent surtout dans la DomnonĂ©e, qui couvre les territoires des Osismes et des Coriosolites au nord et Ă lâouest. Câest dans cette partie de lâactuelle Bretagne que domine encore aujourdâhui le prĂ©fixe plou-, communautĂ© », forgĂ© par les Bretons. Ă lâinverse, les toponymes en -ac, plus clairement latins, dominent Ă lâest. La coupure linguistique entre le parler breton et le parler gallo dialecte roman est un hĂ©ritage de cette Ă©poque, mĂȘme si la limite glissera vers lâ de l'abbaye de LandĂ©vennec Xe siĂšcle. Bodleian Library Oxford DR Câest avec les Bretons, guerriers et paysans, que le christianisme prend durablement racine dans la pĂ©ninsule. Leur cortĂšge de saints », jamais reconnus officiellement par lâĂglise catholique, est porteur dâune religion et de pratiques singuliĂšres. Les communautĂ©s ne sâorganisent pas autour de lâĂ©vĂȘque et de sa ville, comme câest le cas plus Ă lâest, mais Ă lâĂ©chelle dâune paroisse créée par un saint », souvent un ancien ermite. Les plus importants dâentre eux sont Ă lâorigine du mythe des sept saints Ă©vangĂ©lisateurs, fondateurs des sept Ă©vĂȘchĂ©s de Bretagne avant que Rennes et Nantes ne viennent complĂ©ter la liste Samson, Malo, Brieuc, Tugdual, Pol AurĂ©lien, Corentin et Patern. Le Tro Breiz tour de Bretagne », pĂšlerinage consistant Ă faire le tour des sept sanctuaires, se dĂ©veloppera au cours du Moyen Ăge. Câest Ă partir du xie siĂšcle, en effet, que les vies de saints et les chroniques construisent le mythe de lâarrivĂ©e des Bretons dirigĂ©s au ve siĂšcle par le lĂ©gendaire Conan MĂ©riadec, premier souverain dâune terre dĂ©sormais appelĂ©e Bretagne. Ce nom de Bretagne » pour la pĂ©ninsule armoricaine est employĂ© dĂšs le milieu du vie siĂšcle par le Byzantin Procope de CĂ©sarĂ©e puis par GrĂ©goire de Tours, source essentielle avant que les Ă©crits se fassent plus rares sur la siĂšcle Naissance dâune principautĂ© indĂ©pendante Entre Vikings et Francs, la Bretagne sâĂ©tend vers lâest LâarrivĂ©e des Bretons a coĂŻncidĂ© avec lâarrivĂ©e en Gaule des Francs. Ces derniers nâexercent quâun contrĂŽle indirect sur la Bretagne au temps des MĂ©rovingiens. LâavĂšnement des Carolingiens au milieu du VIIIe siĂšcle contribue Ă rebattre les cartes voir lâĂ©lĂ©phant no 17. Ils font de la Bretagne une marche, briĂšvement gouvernĂ©e par Roland. Le comte de Poher, NominoĂ«, obtient la confiance de Louis le Pieux, successeur de Charlemagne, mais se rebelle contre son fils Charles le Chauve, quâil bat Ă Ballon en 845. Il est le premier dâune sĂ©rie de souverains qui parviennent Ă sâĂ©manciper de la tutelle franque en agrandissant leur territoire. Si NominoĂ« domine jusquâĂ une ligne Dol-Redon, ses successeurs ErispoĂ« r. 851-857 et Salomon r. 857-874 Ă©tendent vers lâest leur territoire jusquâĂ Angers et sâemparent de Rennes, de Nantes, du Cotentin et de lâAvranchin. Salomon est alors considĂ©rĂ© comme un vĂ©ritable monarque en limites du royaume de Bretagne au IXe siĂšcle. DR Mais les querelles de succession et la multiplication des attaques vikings ne permettent pas dâinscrire cette monarchie dans la durĂ©e. AprĂšs avoir saccagĂ© Nantes dĂšs 843, les Vikings sont en effet en passe de faire de la Bretagne une seconde Normandie. Les moines de LandĂ©vennec et de Redon sont contraints de fuir avec leurs trĂ©sors plus Ă lâest. Le souverain lui-mĂȘme, successeur de Salomon, part vers lâAngleterre. Il faut attendre les succĂšs dâAlain Barbetorte r. 936-952, qui a chassĂ© les Vikings de Nantes en 937, pour assister Ă une accalmie et Ă la restauration dâun pouvoir breton autonome puisquâAlain devient le premier souverain Ă porter le titre de duc de Bretagne. Lâextension de la Bretagne et la menace viking ont contribuĂ© au relĂąchement des liens sĂ©culaires entre les deux Bretagnes â de chaque cĂŽtĂ© de la Manche â et au rééquilibrage de la principautĂ© bretonne vers lâest. La cour rĂ©side dĂ©sormais Ă Nantes ou Ă Rennes et les Ă©lites bretonnes sont de plus en plus liĂ©es au monde franc tout en cĂ©lĂ©brant leurs origines. LâintĂ©rĂȘt pour le passĂ© plus ou moins mythique de la pĂ©ninsule grandit en effet au cours du Moyen Ăge, que ce soit les vies des saints ou la lĂ©gende arthurienne. Le systĂšme fĂ©odal qui se met en place dans les siĂšcles suivants permet Ă la rĂ©gion de sâinsĂ©rer dans ce rĂ©seau dâappartenances et dâallĂ©geances croisĂ©es. La noblesse de Bretagne connaĂźt une densitĂ© forte. LâĂglise participe Ă ce rĂ©seau. Le cartulaire de Redon, source majeure rassemblant au xie siĂšcle des titres de propriĂ©tĂ© de lâabbaye remontant jusquâau IXe siĂšcle, en constitue un remarquable siĂšcle Entre France et Angleterre Guerre de succession et Ă©quilibre des puissances Les liens anciens avec lâAngleterre et le voisinage du royaume de France font de la Bretagne un enjeu dans les luttes entre CapĂ©tiens et PlantagenĂȘt. Ces derniers, dont les terres bordent le duchĂ© Ă lâest, hĂ©ritent du trĂŽne dâAngleterre avec Henri II en 1154. Henri se pose en protecteur et impose le mariage de Constance, lâhĂ©ritiĂšre de Bretagne, avec son fils Geoffroy. Leur fils Arthur devient duc r. 1196-1203, mais il est probablement assassinĂ© par son oncle, le roi dâAngleterre Jean sans Terre. Celui-ci perd la plupart de ses possessions dans le royaume de France, en Normandie et en Anjou, au profit du roi de France Philippe II Auguste. Ce triomphe sur Jean permet Ă Philippe dâimposer son champion, Pierre de Dreux r. 1213-1250, Ă la tĂȘte du duchĂ©. La Bretagne retombe donc dans lâorbite du royaume de France pour plus dâun siĂšcle. Les ducs de la maison de Dreux dotent la principautĂ© dâinstruments de souverainetĂ© tels que la frappe de la monnaie. Jean II r. 1286-1305 parvient Ă faire reconnaĂźtre le titre ducal par Philippe le Bel en 1297. Et câest en 1318 que Jean III r. 1312-1341 adopte comme symbole les hermines pleines. Son rĂšgne apparaĂźt comme une pĂ©riode de paix, de prospĂ©ritĂ© et de stabilitĂ© avant les troubles qui sâ bataille dâAuray 1364 voit la victoire de Jean IV de Bretagne Ă gauche sur Charles de Blois-PenthiĂšvre. Enluminure incluse dans la Compillation des Cronicques et ystores des Bretons de Pierre Le Baud, xve siĂšcle. Ă sa mort en 1341, deux prĂ©tendants sâopposent, soutenus chacun par un des protagonistes de la guerre de Cent Ans Jean de Montfort est soutenu par Ădouard III dâAngleterre tandis que Charles de Blois-PenthiĂšvre a lâappui de Jean II le Bon puis de Charles V. La Bretagne devient ainsi un terrain dâaffrontements entre les deux monarchies. Les Anglais dâĂdouard III puis de Richard II contrĂŽlent alors certaines parties du littoral, en particulier Brest. Des Bretons combattent dans chaque camp. Bertrand du Guesclin se distingue au service du roi de France, qui le fait connĂ©table, tout comme Olivier de Clisson aprĂšs lui. Les Ă©pouses des deux prĂ©tendants, Jeanne de Flandre et Jeanne de PenthiĂšvre, apparaissent comme les partisanes les plus actives et les plus essentielles, en particulier lors des captivitĂ©s de leurs maris. La mort de Charles Ă la bataille dâAuray, remportĂ©e en 1364 par Jean IV r. 1365-1399, donne la victoire aux Montfort mĂȘme si la poursuite des affrontements entre Français et Anglais touchera rĂ©guliĂšrement la Bretagne jusquâau milieu du xve siĂšcle. La guerre de succession a rĂ©vĂ©lĂ© une fracture ancienne entre deux Bretagnes lâest et le sud ainsi que les grands nobles ont davantage penchĂ© pour les PenthiĂšvre tandis que le littoral nord et ouest ainsi que la petite noblesse ont ralliĂ© les siĂšcle Un Ătat princier en construction FiscalitĂ© et justice au service des ducs AprĂšs les guerres de succession et sans doute en partie en raison de la nĂ©cessitĂ© de renforcer lâoutil militaire, un Ătat breton se met en place au cours du xve siĂšcle. Ă lâimage de ce qui se passe en Bourgogne Ă la mĂȘme Ă©poque, le morcellement territorial en moins, les ducs parviennent Ă pĂ©renniser les instruments de leur souverainetĂ© en sâappuyant sur la fiscalitĂ© et la justice. Les efforts menĂ©s par ses prĂ©dĂ©cesseurs depuis Jean IV permettent Ă François II r. 1458-1488 de se dire duc par la grĂące de Dieu », Ă lâimage des rois. En plus du duc et de son conseil, qui se rĂ©unit Ă Vannes puis Ă Nantes, un chancelier est responsable de lâexĂ©cution des dĂ©cisions et une chambre des comptes contribue Ă la mise en place dâune fiscalitĂ© ducale permanente. Dâailleurs, la place croissante des finances est dĂ©montrĂ©e de maniĂšre Ă©clatante par la figure montante de Pierre Landais, trĂ©sorier et receveur gĂ©nĂ©ral, qui sâimpose Ă la tĂȘte du gouvernement ducal en de François II et de sa femme Marguerite, commandĂ© par leur fille Anne devenue reine de France. CathĂ©drale de Nantes, 1507. DR Les Ă©tats de Bretagne, qui siĂšgent temporairement dans diffĂ©rentes villes, reprĂ©sentent le peuple » en ses trois Ă©tats clercs, nobles et bourgeois des villes. Ils comportent Ă©galement en leur sein lâĂ©quivalent dâun parlement dont le rĂŽle est judiciaire, fonction exercĂ©e par des officiers du pouvoir. Mais il est toujours possible de faire appel auprĂšs du parlement de Paris, signe du maintien dâune dĂ©pendance. Par ailleurs, François II obtient du pape le droit dâouvrir une universitĂ© Ă Nantes en 1460. Les Ă©tudiants bretons, trĂšs nombreux dans les universitĂ©s du royaume de France, pourront dĂ©sormais ĂȘtre formĂ©s dans le duchĂ©. Lâimaginaire dâune nation de Bretagne se dĂ©veloppe au xve siĂšcle, encouragĂ© par les souverains, y compris par Anne, devenue reine de France mais qui nâa pas renoncĂ© Ă transmettre Ă lâun de ses enfants un trĂŽne ducal distinct du trĂŽne royal. Câest elle qui commande Ă Pierre Le Baud, en 1498, son Histoire de Bretagne, publiĂ©e en 1505. Il sâagit de s
LarriÚre pendant la Grande Guerre Littérature jeunesse Pour les 3-18 ans Un brochure éditée dans le cadre de l'exposition "A l'arriÚre comme
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Consultation Présentation de l'IR. Département des Manuscrits > Français > Nouvelles acquisitions françaises > NAF 28151-28300. NAF 28297. Fonds Jean Guéhenno.
PubliĂ© le 08/11/2014 Ă 0349 Le Verdier a payĂ© un lourd tribut Ă la guerre de 14-18, comme tous les villages agricoles du pays. Au moment de la mobilisation, 82 jeunes hommes entre 19 et 45 ans sont partis au front, 21 n'en sont pas revenus. La commune comptait environ 400 habitants, ce qui montre la saignĂ©e. La municipalitĂ© a dĂ©cidĂ© de commĂ©morer cette page de l'histoire communale dans un esprit de paix et non en exaltation du conflit. Le rĂ©sultat en est une belle exposition, qui a nĂ©cessitĂ© un important travail de collecte de documents et d'archives. Les lettres des soldats portent tĂ©moignage des craintes et des espĂ©rances, de la vie au quotidien, dans la boue de la Somme, dans le froid de l'hiver, la peur dans la mitraille, l'inquiĂ©tude pour l'Ă©pouse au village et pour les rĂ©coltes Ă rentrer. Le village au cĆur Le lien avec Le Verdier n'Ă©tait jamais rompu, la ferme, le village, les camarades restĂ©s Ă l'arriĂšre Ă©taient toujours prĂ©sents dans les pensĂ©es et les insomnies. Il revient rĂ©guliĂšrement Ă travers les lettres et les colis. La thĂ©matique de l'exposition suit la chronologie l'entrĂ©e en guerre et la mobilisation, la vie quotidienne dans les tranchĂ©es, correspondances et marraines de guerre, la vie au village, le bilan de la guerre. L'inauguration aura lieu dimanche 9 novembre, Ă 10 h 30, aprĂšs la commĂ©moration au monument aux morts. L'exposition sera ouverte au public le mardi 11 novembre, les samedis 15, 22, 29 novembre et 6 dĂ©cembre de 14 h 30 Ă 17h. Les organisateurs n'ont pas oubliĂ© les enfants, avec une exposition Ă hauteur du regard». Ils pourront entendre sonner le tocsin, feuilleter un album de coloriage de 1914, toucher des casques de poilus, comprendre une affiche envoyĂ©e dans les Ă©coles Ă la gloire de Jean Corentin Carré» et rĂ©flĂ©chir Ă la paix toujours Ă prĂ©server ou reconstruire.
AjouterĂ mes livres. GĂ©rard Hubert-Richou. EAN : 9782868938565. 126 pages. Editions SED (01/09/2005) 3 /5 2 notes. RĂ©sumĂ© : Tout commence dans la salle de classe, le 16 octobre 1918, Ă l'instant oĂč Georgette, LĂ©on, Adam et Robert dĂ©couvrent une superbe affiche en couleurs. Celle-ci reprĂ©sente le jeune Jean Corentin CarrĂ©, 16 ans, en
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Lartiste Victor ProuvĂ© rĂ©alisa en 1919, Ă la demande du ministĂšre de lâInstruction Publique, une affiche cĂ©lĂ©brant la gloire du hĂ©ros disparu auprĂšs des jeunes Ă©coliers de France. Jean Corentin CarrĂ© fut ainsi Ă©levĂ© aprĂšs la guerre au rang de hĂ©ros national. Il devint pour tous le « saints des Ă©coliers » Situation problĂšme
50 films Ă voir au cinĂ©ma cet Ă©tĂ© Thor 4, Bullet Train, One Piece, Nope...1 juil. 2022 Ă 0700 BrĂšves et dĂ©pĂȘches, relais de festivals et dâĂ©vĂ©nements, contenus partenaires Loriane Cladec accompagne la RĂ©daction depuis la crĂ©ation dâAlloCinĂ©. Quels seront les films incontournables de cet Ă©tĂ© ? DĂ©couvrez notre sĂ©lection des films Ă ne pas manquer en juillet et aoĂ»t dans les salles de cinĂ©ma climatisĂ©es ! Films de super-hĂ©ros, comĂ©dies familiales, suspense, animation... C'est l'Ă©tĂ© et le choix de sorties cinĂ©ma est vaste ! Pour se rafraĂźchir entre amis, en famille ou en solo dans les salles, dĂ©couvrez notre sĂ©lection non exhaustive de 50 films Ă voir cet Ă©tĂ©. Les longs-mĂ©trages sont classĂ©s par dates de sortie. Buzz L'Eclair de Angus MacLane The Walt Disney Company France Le 22 juin 2022 au cinĂ©ma - Embarquez pour une incroyable aventure Ă la dĂ©couverte du personnage qui a inspirĂ© le jouet de Toy Story, Buzz l'Ă©clair. Dans le dernier-nĂ© des studios Pixar, le cĂ©lĂšbre Ranger de l'espace s'Ă©choue avec son Ă©quipage sur une planĂšte hostile et va tenter de ramener tout le monde sur Terre mĂȘme si pour cela il devra mettre de cĂŽtĂ© tout le reste. VĂ©ritable long-mĂ©trage de science-fiction, Buzz l'Ă©clair dĂ©voile donc la vie du hĂ©ros ses amitiĂ©s, ses Ă©checs, ses combats... Un grand film plein d'humanitĂ© qui plaira autant aux enfants qu'aux parents, aux fans de Toy Story qu'Ă ceux qui n'ont pas vu les films de la Forhan Decision To Leave de Park Chan-Wook Bac Films Le 29 juin 2022 au cinĂ©ma - Retour gagnant pour Park Chan-wook. Six ans aprĂšs Mademoiselle, le rĂ©alisateur sud-corĂ©en est reparti avec le Prix de la mise en scĂšne au Festival de Cannes pour son dernier film Decision To Leave. Une rĂ©compense amplement mĂ©ritĂ©e tant il orchestre avec brio le jeu romantique interdit et dangereux entre un dĂ©tective chevronnĂ© et la suspecte d'un meurtre avec un souci du dĂ©tail dingue pour un thriller Ă©lĂ©gant, burlesque et Choquet L'Equipier de Kieron J. Walsh Le 29 juin au cinĂ©ma - L'Equipier se dĂ©roule pendant le Tour de France 1998. Dom Chabol, un Ă©quipier expĂ©rimentĂ© qui rĂȘve du maillot jaune est lĂąchĂ© par lâĂ©quipe auquel il a consacrĂ© toute sa vie. Alors quâil se prĂ©pare Ă rentrer chez lui, une erreur Ă©limine un autre coĂ©quipier et Dom doit se remettre en selle...Vincent Formica IrrĂ©ductible de JĂ©rĂŽme Commandeur SND Le 29 juin 2022 au cinĂ©ma - 6 ans aprĂšs Ma famille t'adore dĂ©jĂ , JĂ©rĂŽme Commandeur revient avec IrrĂ©ductible, une comĂ©die dâaventure, avec du dĂ©paysement, des rĂ©pliques et camĂ©os trĂšs drĂŽles, et beaucoup de rebondissements. On retrouve dans ce film lâimpertinence et la malice de l'humoriste et comĂ©dien. La distribution entourant JĂ©rĂŽme Commandeur dans le rĂŽle principal fonctionne Ă merveille Laetitia Dosch, Pascale Arbillot, Esteban ou encore GĂ©rard Darmon. Mentions spĂ©ciales Ă ValĂ©rie Lemercier et Christian Clavier dans un rĂŽle totalement inattendu et irrĂ©sistible !Brigitte Baronnet En roue libre de Didier Barcelo Memento Distribution Le 29 juin 2022 au cinĂ©ma - Câest lâhistoire dâune femme qui se retrouve piĂ©gĂ©e dans sa propre voiture, lorsquâune crise de panique lâempĂȘche dâen sortir. Et cette mĂ©saventure va prendre une tournure inquiĂ©tante puis cocasse, lorsquâun jeune homme vole son vĂ©hicule pour partir au Cap Ferret. Avec elle dedans. Premier long mĂ©trage de Didier Barcelo, ce road-movie Ă travers la France se rĂ©vĂšle tour Ă tour drĂŽle et grave. Et câest peu dire que le duo Marina FoĂŻs - Benjamin Voisin fait des Ă©tincelles, et vaut Ă lui seul le Pierrette La TraversĂ©e de Varante Soudjian Le 29 juin au cinĂ©ma - AprĂšs le succĂšs d'InsĂ©parables, le rĂ©alisateur Varante Soudjian retrouve Alban Ivanov pour La TraversĂ©e ! La comĂ©die nous prĂ©sente deux Ă©ducateurs de quartier, Alex et StĂ©phanie. Ils emmĂšnent cinq ados dĂ©scolarisĂ©s pour faire une traversĂ©e de la MĂ©diterranĂ©e et les rĂ©insĂ©rer par les valeurs de la mer. Mais arrivĂ©s au port, ils tombent sur Riton, leur skippeur, un ancien flic de la BAC, qui a tout quittĂ© pour fuir la banlieue. Ces jeunes, câest son pire cauchemar. Contraints, ils se retrouvent tous embarquĂ©s sur le mĂȘme bateau pour une virĂ©e en mer de quinze jours. Une chose est sĂ»re, aprĂšs cette TraversĂ©e, ils nâauront plus tout Ă fait la mĂȘme vision du mondeâŠVincent Formica Entre la vie et la mort de Giordano Gederlini Le Pacte Le 29 juin 2022 au cinĂ©ma - Entre la vie et la mort, ou un polar ultra sombre, emmenĂ© par Antonio de la Torre El Reino, Que Dios Nos Perdone. Une histoire originale, que Giordano Gederlini, son scĂ©nariste et rĂ©alisateur coscĂ©nariste du succĂšs Les MisĂ©rables, a imaginĂ© en s'inspirant d'Ă©lĂ©ments qu'il avait en tĂȘte, en lien avec sa vie partagĂ©e entre plusieurs pays. CĂŽtĂ© influences et rĂ©fĂ©rences, Giordano Gederlini cite James Gray et le cinĂ©ma espagnol contemporain Baronnet Arthur, malĂ©diction de BarthĂ©lĂ©my Grossmann LBP Le 29 juin 2022 au cinĂ©ma - Vous avez grandi avec Arthur et les Minimoys ? PrĂ©parez-vous Ă trembler devant Arthur, malĂ©diction !Depuis plus de 15 ans, la maison du film de Luc Bessonest visitĂ©e et filmĂ©e sous toutes les coutures par des fans d'Urbex exploration urbaine. Cette derniĂšre est devenue un personnage Ă part entiĂšre des films de Luc rĂ©alisateur et scĂ©nariste a donc dĂ©cidĂ© d'Ă©crire un film sur la demeure de la grand-mĂšre d'Arthur et d'en confier la mise en scĂšne Ă BarthĂ©lĂ©my ce long-mĂ©trage interdit aux moins de 12 ans, Alex est un fan des films Arthur et les Minimoys depuis qu'il est enfant. Pour son anniversaire, ses meilleurs amis lui font la surprise de l'emmener dans la maison abandonnĂ©e oĂč le film a Ă©tĂ© tournĂ©...LaĂ«titia Forhan Mastemah de Didier D. Daarwin Alba Films Le 29 juin 2022 au cinĂ©ma - Mastemah, qui signifie "animositĂ©, inimitiĂ©, celui qui refuse d'ĂȘtre ce qu'il est" en hĂ©breu, est un film de genre long-mĂ©trage du rĂ©alisateur Didier D. Daarwin, il suit Louise, une jeune psychiatre qui tente de se reconstruire aprĂšs la mort brutale dâun proche lors dâune sĂ©ance dâhypnose quâelle animait. La jeune femme va alors sâinstaller dans un petit village de lâAubrac. Mais lâarrivĂ©e dâun nouveau patient au comportement Ă©trange va la plonger dans une spirale infernale. Sa vie et celles des autres vont devenir un vĂ©ritable aux moins de 12 ans, ce film est portĂ© par Camille Razat, la rĂ©vĂ©lation de la sĂ©rie Netflix Emily in Paris, Olivier Barthelemy, Dylan Robert et FĂ©odor Forhan Les Minions 2 Il Ă©tait une fois Gru de Kyle Balda, Brad Ableson, Jonathan Del ValKyle Balda, Brad Ableson et Jonathan Del Val Universal Pictures France Le 6 juillet 2022 au cinĂ©ma - Les Minions sont de retour au cinĂ©ma ! 7 ans aprĂšs le premier film dĂ©rivĂ© de la saga Moi, moche et mĂ©chant, les Minions reviennent pour une seconde aventure qui se dĂ©roule en 1976. Les petits bonhommes jaunes servent dĂ©jĂ leur mini-boss Gru. Quand celui-ci se retrouve dans le pĂ©trin aprĂšs avoir volĂ© un mĂ©daillon aux terribles Vicious 6, un groupe de grands mĂ©chants, les Minions partent sur les traces de leur petit chef! MĂȘme s'ils doivent pour cela apprendre le kung-fu. BourrĂ© de rĂ©fĂ©rences au cinĂ©ma des annĂ©es 70, ce film Ă la bande-son disco est rĂ©alisĂ© par Kyle Balda, Brad Ableson et Jonathan Del Val. Gad Elmaleh reprend son rĂŽle de Gru pour la cinquiĂšme fois et est entourĂ© de GĂ©rard Darmon et Claudia Forhan The Sadness de Robert Jabbaz ESC Films Le 6 juillet 2022 au cinĂ©ma - "JâespĂšre que vous avez le cĆur bien accrochĂ©, parce que câest une vĂ©ritable boucherie Ă lâintĂ©rieur" cet avertissement adressĂ© au Commissaire BialĂšs GĂ©rard Darmon dans La CitĂ© de la peur vaut aussi pour les spectateurs qui se rendront en salles pour dĂ©couvrir le gorissime The Sadness. Car les Ă©chos venus de LâEtrange Festival ou GĂ©rardmer, qui parlaient dâun film insoutenable, nâĂ©taient pas aux moins de 16 ans avec avertissement, le premier long mĂ©trage taĂŻwanais du Canadien Robert Jabbaz demande effectivement dâavoir le cĆur bien accrochĂ©, car il contient son lot de sang et de morts peu ragoĂ»tantes. Tout en faisant Ă©cho Ă la situation du monde depuis 2020 avec cette histoire de virus que beaucoup n'estiment "pas plus dangereux quâune grippe" mais qui transforme ses infectĂ©s en crĂ©atures avides de meurtres, viols et torture. Un film qui va trĂšs loin trop peut-ĂȘtre pour certains mais qui fait preuve de beaucoup dâinventivitĂ© et dâefficacitĂ©. Reste Ă savoir qui osera manger des pop corns Pierrette Ennio de Giuseppe Tornatore Le 6 juillet au cinĂ©ma - Ă lâĂąge de 8 ans, Ennio Morricone rĂȘve de devenir mĂ©decin. Mais son pĂšre dĂ©cide quâil sera trompettiste, comme lui. Du conservatoire de musique Ă lâOscar du meilleur compositeur, lâitinĂ©raire dâun des plus grands musiciens du 20Ăšme siĂšcle, vu par un gĂ©ant du cinĂ©ma italien Giuseppe Formica Peter von Kant de François Ozon Diaphana Distribution Le 6 juillet 2022 au cinĂ©ma - CinĂ©aste gĂ©nĂ©reux et prolifique, François Ozon nous dĂ©voile sa nouvelle pĂ©pite qui arrive Ă point nommĂ© pour profiter des salles climatisĂ©es ! Plus de 20 ans aprĂšs Gouttes d'eau sur pierres brĂ»lantes, le cinĂ©aste imagine un nouveau film rendant hommage Ă l'univers de Fassbinder, avec un remake trĂšs libre des Larmes amĂšres de Petra von Kant. GrĂące Ă une excellente distribution, Denis MĂ©nochet, Isabelle Adjani, Khalil Gharbia, Stephan Crepon et Hanna Schygulla, Peter von Kant mĂȘle film d'auteur, cadeau pour cinĂ©phile, mais plus largement une comĂ©die trĂšs rĂ©fĂ©rencĂ©e que l'on peut apprĂ©cier sans en connaitre les Von Kant suit un cĂ©lĂšbre rĂ©alisateur Ă succĂšs, habitant avec son assistant Karl, quâil se plaĂźt Ă maltraiter. GrĂące Ă la grande actrice Sidonie, il rencontre et sâĂ©prend dâAmir, un jeune homme dâorigine modeste. Il lui propose de partager son appartement et de lâaider Ă se lancer dans le cinĂ©ma... Brigitte Baronnet I Love Greece de Nafsika Guerry-Karamaounas Pyramide Distribution Le 6 juillet 2022 au cinĂ©ma - Passez l'Ă©tĂ© en GrĂšce avec la comĂ©die I Love Greece de Nafsika Guerry-Karamaounas. TournĂ© sur une Ăźle des Cyclades, le long-mĂ©trage portĂ© par Stacy Martin et Vincent Dedienne suit Jean et Marina, un couple franco-grec, en vacances Ă AthĂšnes. Ils y retrouvent lâexubĂ©rante famille de Marina et une GrĂšce en crise. Alors quâils projettent de passer quelques jours en amoureux sur une petite Ăźle des Cyclades, toute la famille dĂ©cide de les accompagner. Rien ne se passe comme prĂ©vu sous les feux de lâAttique⊠L'idĂ©e de ce couple en plein trouble conjugal sert de prisme pour observer la sociĂ©tĂ© grecque et la crise qui frappe le pays. LaĂ«titia Forhan After Yang de Kogonada A24 Le 6 juillet 2022 au cinĂ©ma - Attention OVNI ! Ce nouveau film de Kogonada Columbus ne laissera pas indiffĂ©rent tant dans son rĂ©cit que dans sa forme psychĂ©dĂ©lique et poĂ©tique. After Yang est un film dâanticipation dans lequel un pĂšre et sa fille adoptive tentent de sauver leur androĂŻde baby-sitter dĂ©fectueux. PortĂ© par Colin Farrell, Jodie Turner-Smith et une jeune Malea Emma Tjandrawidjaja prometteuse, le long-mĂ©trage convoque rapport Ă l'image et hĂ©ritage culturel pour raconter une histoire familliale contemporaine et Choquet Thor - Love and Thunder de Taika Waititi The Walt Disney Company France Le 13 juillet 2022 au cinĂ©ma - Si le printemps est la saison des amours, câest en Ă©tĂ© quâil frappera Ă la porte de Thor. Toujours coachĂ© par Taika Waititi, lâhĂ©ritier dâAsgard jouĂ© par Chris Hemsworth va en effet voir revenir Jane Foster Natalie Portman⊠avec les mĂȘmes pouvoirs que les siens. La quĂȘte identitaire du hĂ©ros, que nous avions quittĂ© avec Les Gardiens de la Galaxie Ă la fin dâAvengers Endgame, va donc prendre une tournure inattendue, qui le mĂšnera face Ă Zeus Russell Crowe et au terrifiant Gorr Christian Bale, surnommĂ© le Massacreur de est annoncĂ© comme lâattraction principale et un mĂ©chant mĂ©morable dans ce blockbuster qui a tout pour ĂȘtre le champion du box-office estival. Surtout si Taika Waititi rĂ©ussit un opus Marvel dans la lignĂ©e de son dĂ©jantĂ© Pierrette Ducobu PrĂ©sident d'Elie Semoun Le 13 juillet au cinĂ©ma - AprĂšs un 3Ăšme opus rĂ©alisĂ© par Elie Semoun en 2020, un 4Ăšme film dĂ©barque dĂ©jĂ dans les salles ! L'humoriste rempile derriĂšre la camĂ©ra et reprend Ă nouveau son rĂŽle de Latouche pour Ducobu PrĂ©sident ! Une nouvelle annĂ©e scolaire dĂ©marre pour le cĂ©lĂšbre cancre ! Ă lâĂ©cole Saint Potache, une Ă©lection exceptionnelle va avoir lieu pour Ă©lire le prĂ©sident des Ă©lĂšves. Câest le dĂ©but dâune campagne Ă©lectorale un peu folle dans laquelle vont se lancer les deux adversaires principaux Ducobu et LĂ©onie. A lâaide de son ami Kitrish et de ses nombreux gadgets, Ducobu triche comme jamais et remporte lâĂ©lection. Parc dâattraction dans la cour, retour de la sieste, suppression des lĂ©gumes Ă la cantineâŠpour Latouche, trop câest trop !Vincent Formica Rifkin's Festival de Woody Allen Le 13 juillet au cinĂ©ma - AprĂšs Un jour de pluie Ă New-York, le nouveau long-mĂ©trage de Woody Allen, Rifkin's Festival, dĂ©barque enfin dans l' cinĂ©aste de 86 ans nous prĂ©sente un couple d'AmĂ©ricains qui se rend au Festival du Film de Saint-SĂ©bastien. Le duo tombe sous le charme de l'Ă©vĂ©nement, de l'Espagne et de la magie qui Ă©mane des films. L'Ă©pouse a une liaison avec un brillant rĂ©alisateur français tandis que son mari tombe amoureux dâune belle Formica La Nuit du 12 de Dominik Moll Haut et Court Le 13 juillet 2022 au cinĂ©ma - Nouveau film de Dominik Moll Harry, un ami qui vous veut du bien, Lemming, Seules les bĂȘtes, La Nuit du 12 est un thriller inspirĂ© d'une effroyable historie vraie le meurtre d'une jeune femme brĂ»lĂ©e vive en pleine nuit. Et l'enquĂȘte complexe qui s'ensuit va profondĂ©ment bouleverser l'enquĂȘteur de la PJ en charge de l'affaire qui va questionner son rapport au monde et sur les violences permanentes faites aux femmes. Le jeu de Bastien Bouillon et l'Ă©criture soignĂ©e de Dominik Moll et Gilles Marchand font de ce film un thriller coup de Choquet Les Nuits de Mashhad de Ali Abbasi Metropolitan FilmExport Le 13 juillet 2022 au cinĂ©ma - Quatre ans aprĂšs son prix Un Certain Regard pour son fantastique Border, Ali Abbasi revient avec un thriller engagĂ© qui a permis Ă son actrice Zar Amir Ebrahimi de remporter le Prix d'interprĂ©tation fĂ©minine. Elle incarne une journaliste de poigne qui enquĂȘte sur un tueur en sĂ©rie - qui a rĂ©ellement existĂ© - qui assassinait des prostituĂ©es en Iran. La confrontation entre son investigation et l'opinion publique et politique de la ville sainte de Mashhad va crĂ©er des discussions complexes et un Ă©tat des lieux Choquet Menteur d'Olivier Baroux Gaumont Le 13 juillet 2022 au cinĂ©ma - Quelques mois Ă peine aprĂšs Les Tuche 4, dont la sortie a dĂ» ĂȘtre repoussĂ©e plusieurs fois, Olivier Baroux revient dĂ©jĂ avec un nouveau film, intitulĂ© Menteur. PortĂ© par Tarek Boudali, le film suit JĂ©rĂŽme, un menteur compulsif. Sa famille et ses amis ne supportent plus ses mensonges quotidiens. Ils font tout pour quâil change dâattitude. NâĂ©coutant pas ce quâon lui reproche, JĂ©rĂŽme sâenfonce de plus en plus dans le mensonge jusquâau jour oĂč une malĂ©diction divine le frappe tous ses mensonges prennent vie. Commence alors pour un lui un vĂ©ritable cauchemar. Une comĂ©die au pitch prometteur et efficace, qui rappelle par moments la fantaisie de The Truman Baronnet As Bestas de Rodrigo Sorogoyen Le Pacte Le 20 juillet au cinĂ©ma - Marina FoĂŻs et Denis MĂ©nochet devant la camĂ©ra de lâEspagnol Rodrigo Sorogoyen ! La rencontre de ces univers est intĂ©ressante et le rĂ©sultat lâest encore plus Ă lâĂ©cran. Les deux acteurs incarnent un couple de Français venu sâinstaller dans un petit village de Galice. Alors que leur maison a tout dâun havre de paix, le cauchemar sâinstalle peu Ă peu dans leur quotidien Ă cause de leurs voisins, deux frĂšres prĂȘts Ă tout pour les faire rural anxiogĂšne et inquiĂ©tant, As Bestas lorgne parfois vers les codes de lâhorreur pour raconter la descente aux enfers dâun couple sans histoire. Le cinĂ©aste propose une mise en scĂšne des plus efficaces pour mettre le spectateur en Ă©tat dâalerte tout au long du film, au mĂȘme titre que les personnages. De cette maniĂšre, il transforme son long mĂ©trage en vĂ©ritable expĂ©rience de cinĂ©ma. Thomas Desroches La Petite Bande de Pierre Salvadori Le 20 juillet au cinĂ©ma - AprĂšs le dĂ©lirant En libertĂ©, sorti en 2018, le metteur en scĂšne Pierre Salvadori nous emmĂšne en Corse avec une une Petite Bande de gamins loufoques Ă la Stand By Fouad, Sami et Antoine ont douze ans. AimĂ© en a dix. Par fiertĂ© et par provocation, ils dĂ©cident un jour de mettre le feu Ă lâusine qui pollue leur riviĂšre. Aussi excitĂ©s quâaffolĂ©s ils sâembarquent alors dans une aventure drĂŽle et incertaine au cours de laquelle ils apprendront Ă vivre et Ă se battre Formica Joyeuse Retraite 2 de Fabrice Bracq SND Le 20 juillet 2022 au cinĂ©ma - Trois ans aprĂšs Joyeuse retraite qui avait rĂ©uni plus d'1,2 million de spectateurs, la suite arrive, Joyeuse retraite 2. Le tandem MichĂšle Laroque -Thierry Lhermitte est bien sĂ»r de retour dans le film pour des aventures pleines de rebondissements. Ils pensaient enfin passer une retraite tranquille⊠3 ans ont passĂ©. Marilou et Philippe dĂ©cident de faire dĂ©couvrir Ă leurs petits-enfants leur nouvelle maison de vacances au Portugal. Mais une fois sur place, ils dĂ©couvrent horrifiĂ©s que la maison est encore en chantier ! Ce nâest que le dĂ©but des galĂšres pour les grands-parents car bientĂŽt⊠ils perdent les gamins. Il ne leur reste plus que deux jours pour les retrouver, avant que leurs parents ne les rejoignent⊠Brigitte Baronnet Mia et moi, lâhĂ©roĂŻne de Centopia de Adam Gunn et Matthias Temmermans Alba Films Le 20 juillet au cinĂ©ma - L'hĂ©roĂŻne de la sĂ©rie Mia et moi dĂ©barque au cinĂ©ma ! Créée en 2011 par Gerhard Hahn, la sĂ©rie qui mĂȘle prises de vues rĂ©elles et animation 3D, se compose de 3 saisons et est diffusĂ©e dans plus de 170 pays. Dans Mia et moi, lâhĂ©roĂŻne de Centopia, une jeune fille, a la capacitĂ©, grĂące Ă un bracelet magique, de se transformer en elfe dans le monde magique des Licornes de Centopia. AprĂšs avoir dĂ©couvert que la pierre de son bracelet Ă©tait liĂ©e Ă une ancienne prophĂ©tie, elle se lance dans un voyage palpitant vers les Ăźles les plus Ă©loignĂ©es de Ă lâaide de ses amis, elle va devoir affronter lâimmonde Toxor et son armĂ©e pour sauver lâĂźle du Lotus. Les dĂ©fis qui lâattendent poussent Mia Ă prendre une dĂ©cision qui changera sa vie pour toujoursâŠLaĂ«titia Forhan Mi Iubita mon amour de NoĂ©mie Merlant Tandem Films Le 27 juillet 2022 au cinĂ©ma - Jeanne part fĂȘter son enterrement de vie de jeune fille en Roumanie avec des amies. Elle y rencontre Nino et sa famille. Tout les sĂ©pare. C'est le dĂ©but d'un Ă©tĂ© passionnel et hors du temps. C'est le point de dĂ©part de Mi Iubita mon amour, premier long mĂ©trage Ă©crit et rĂ©alisĂ© par NoĂ©mie Merlant, comĂ©dienne rĂ©vĂ©lĂ©e notamment grĂące Ă Portrait de la jeune fille en feu de CĂ©line Merlant met en scĂšne un film plein de charme et d'Ă©nergie, qui rappelle Mustang notamment. On s'attache Ă ce groupe de jeunes acteurs qui nous emmĂšne sur les routes de Roumanie. Un film solaire, remarquĂ© au Festival de Cannes en Baronnet Krypto et les super-animaux de Jared Stern & Sam Levine Warner Bros. France Le 27 juillet 2022 au cinĂ©ma - Les super-hĂ©ros aussi ont des animaux de compagnie et ils ont Ă©galement de super-pouvoirs !Dans Krypto et les super-animaux, le chien de Superman va devoir sauver son maĂźtre, enlevĂ© par Lex Luthor et son malĂ©fique cochon dâinde Lulu. Pour cela, il devra faire Ă©quipe avec une bande dâanimaux au grand cĆur mais plutĂŽt en scĂšne par Jared Stern et Sam Levine, ce film d'animation plaira autant aux enfants qu'aux fans de DC. CĂŽtĂ© casting vocal, Dwayne Johnson, Kevin Hart, John Krasinski, Keanu Reeves, Kate McKinnon, Natasha Lyonne et Diego Luna prĂȘtent leur voix aux Forhan Sundown de Michel Franco Ad Vitam Le 27 juillet 2022 au cinĂ©ma - 6 ans aprĂšs Les Filles d'avril, le rĂ©alisateur mexicain Michel Franco revient avec le thriller par Tim Roth que le cinĂ©aste retrouve aprĂšs Chronic en 2015, Charlotte Gainsbourg et Iazua Larios, le film suit une riche famille anglaise qui passe de luxueuses vacances Ă Acapulco. Mais lâannonce dâun dĂ©cĂšs les force Ă rentrer dâurgence Ă Londres. Au moment dâembarquer, Neil Roth affirme quâil a oubliĂ© son passeport dans sa chambre dâhĂŽtel. En rentrant de lâaĂ©roport, il demande Ă son taxi de le dĂ©poser dans une modeste pension » dâ Franco a Ă©crit Sundown alors qu'il traversait une profonde crise existentielle. Le cinĂ©aste effectuait en effet une sorte de bilan de sa vie personnelle, et a pour la premiĂšre fois rĂ©alisĂ© que la vie nâest pas Ă©ternelle. Bullet Train de David Leitch Sony Pictures Releasing France Le 3 aoĂ»t 2022 - Un assassin malchanceux se retrouve dans le train le plus rapide du monde, oĂč il doit remplir une mission. Comme tous les autres tueurs Ă gages dissĂ©minĂ©s dans les wagons, et dont le but va vite ĂȘtre de survivre aux attaque des autres. Dit comme cela, on pourrait imaginer quâil sâagit du dĂ©but dâune blague. Mais câest bien le point de dĂ©part de Bullet Train, nouveau film dâaction signĂ© David Leitch John Wick, Atomic Blonde, Deadpool 2.A bord de ce blockbuster qui sâannonce mortellement fun, Brad Pitt arbore son plus beau bob, pour en venir aux mains avec un joli casting Brian Tyree Henry Atlanta, Joey King The Kissing Booth, Andrew Koji Snake Eyes, Aaron Taylor-Johnson Kick-Ass ou encore Michael Shannon Man of Steel. Toutes les conditions semblent rĂ©unies pour un voyage en premiĂšre classe vers un divertissement haut en Pierrette LâAnnĂ©e du requin de Ludovic & Zoran Boukherma The Jokers Le 3 aoĂ»t 2022 au cinĂ©ma - Vous aviez prĂ©vu de partir Ă la mer au mois dâaoĂ»t ? Ludovic et Zoran Boukherma vont peut-ĂȘtre gĂącher vos vacances. Un an aprĂšs le loup-garou de Teddy, les deux rĂ©alisateurs lĂąchent un requin⊠dans le bassin dâArcachon. Malheureusement pour la bĂȘte, elle va tomber sur Maja Marina FoĂŻs, gendarme maritime prĂȘte Ă repousser sa retraite de quelques jours pour lui faire la portĂ© par Kad Merad, Jean-Pascal Zadi et Christine Gautier, LâAnnĂ©e du requin mĂȘle humour, effroi et accents du Sud de la mĂȘme maniĂšre que le faisaient les rĂ©alisateurs dans Teddy. Et ils se servent de lâanimal iconisĂ© par Steven Spielberg pour dĂ©velopper une allĂ©gorie de la sociĂ©tĂ© française en temps de Covid. Du genre, du fond et du soleil et si elle Ă©tait lĂ , la sensation de lâĂ©tĂ© ?Maximilien Pierrette Nope de Jordan Peele Universal Pictures International France Le 10 aoĂ»t 2022 au cinĂ©ma - RĂ©vĂ©lĂ© grĂące Ă ses pastilles comiques avec son compĂšre Keegan-Michael Key, Jordan Peele sâest lancĂ© en solo derriĂšre la camĂ©ra et sur grand Ă©cran avec Get Out, qui lui a valu lâOscar du Meilleur ScĂ©nario Original en 2018. Sorti alors que lâAmĂ©rique entrait de plein fouet dans lâĂšre Trump, le film dĂ©voilait son amour de lâĂ©pouvante et du mystĂšre. Des ingrĂ©dients que lâon retrouve dans Us et, aujourdâhui, Nope, sa troisiĂšme lâheure actuelle, nous ne savons donc pas grand-chose sur le film, si ce nâest quâil sera visiblement question dâextra-terrestres. Et que Jordan Peele sâen servira sans aucun doute pour Ă©voquer la notion de racisme, centrale dans ses rĂ©cits. PortĂ© par Keke Palmer, Daniel Kaluuya dĂ©jĂ dans Get Out et Steven Yeun, Nope sera-t-il sa version de La Guerre des mondes, dont chaque relecture a Ă©tĂ© une allĂ©gorie de son Ă©poque ? RĂ©ponse au cĆur de lâ Pierrette Dodo de PĂĄnos H. KoĂștras Le 10 aoĂ»t 2022 au cinĂ©ma - Le rĂ©alisateur grec PĂĄnos H. KoĂștras L'Attaque de la moussaka gĂ©ante signe un nouveau film dĂ©calĂ© et unique en son genre. Dodo, c'est le titre du film mais aussi le nom de cet oiseau lĂ©gendaire et disparu qui choisit de rĂ©apparaĂźtre au sein d'une famille dysfonctionnelle au bord de la ruine alors qu'un mariage se profile. Cet animal Ă plumes et des invitĂ©s impromptus ne font pas bon mĂ©nage et amĂšnent une successions de rebondissements Choquet One Piece Red de Goro Taniguchi Le 10 aoĂ»t au cinĂ©ma - Les aficionados de la saga One Piece vont pouvoir monter Ă bord du Thousand Sunny pour un tour en mer avec l'Ă©quipage de Chapeau de paille ! Le 10 aoĂ»t, One Piece Red va dĂ©barquer dans les salles françaises, quatre jours seulement aprĂšs le Japon ! AprĂšs One Piece Stampede, sorti en 2019, cette nouvelle oeuvre se concentrera sur Shanks, surnommĂ© Le Roux. Ce personnage est le capitaine de l'Ă©quipage du Roux et l'un des Quatre Empereurs. C'est aussi un ancien membre des lĂ©gendaires Pirates Roger, seul groupe Ă avoir conquis avec succĂšs Grand Formica La trĂšs trĂšs grande classe de FrĂ©dĂ©ric Quiring Marc Bossaert Le 10 aoĂ»t 2022 au cinĂ©ma - AprĂšs Forte, Melha Bedia confirme son potentiel comique dans ce premier rĂŽle pour La trĂšs trĂšs grande classe de FrĂ©dĂ©ric Quiring. Elle joue une prof drĂŽle et attachante, entourĂ©e de seconds rĂŽles savoureux, comme AriĂ© Elmaleh ou Audrey Fleurot. Une comĂ©die qui a pour moteur le thĂšme de la rĂ©conciliation, celle dâune prof avec sa vocation, mais aussi celle des Ă©lĂšves avec lâ Baronnet LĂ oĂč chantent les Ă©crevisses d'Olivia Newman Sony Pictures Releasing France Le 17 aoĂ»t 2022 au cinĂ©ma - GrĂące Ă lâexcellente sĂ©rie Normal People, Daisy Edgar-Jones sâĂ©tait affirmĂ©e comme lâune des rĂ©vĂ©lations majeures de lâannĂ©e 2020. Câest aujourdâhui sur grand Ă©cran que la comĂ©dienne britannique va pouvoir confirmer son talent, avec son premier long mĂ©trage Ă sortir dans les salles mondiales LĂ oĂč chantent les du roman homonyme de Delia Owens, ce thriller fait de lâactrice une jeune femme coupĂ©e de la sociĂ©tĂ© qui se retrouve accusĂ©e du meurtre dâun homme de la ville. A mesure que la vĂ©ritĂ© sur les Ă©vĂ©nements se dessine, les rĂ©ponses menacent de rĂ©vĂ©ler les nombreux secrets enfouis dans les marĂ©cages oĂč elle a grandi aprĂšs avoir Ă©tĂ© abandonnĂ©e. Un rĂŽle un peu plus sauvage dans un film au titre poĂ©tique, oĂč lâactrice fera notamment face Ă Harris Dickinson, vu dans The Kingâs Man et la Palme dâOr Sans Pierrette America Latina des frĂšres D'Innocenzo Le 17 aoĂ»t au cinĂ©ma - AprĂšs les remarquables FrĂšres de sang et Storia di Vacanze, les frĂšres d'Innocenzo sont de retour avec un nouveau drame choc America film relate l'histoire de Massimo Sisti, un dentiste incarnĂ© Elio Germano. Il a tout ce dont il pouvait rĂȘver une sublime villa et une famille aimante. Mais un Ă©vĂšnement va bouleverser sa vie Ă jamais. Alors quâil descend dans sa cave, il y dĂ©couvre une petite fille attachĂ©e et trĂšs mal en point. Qui est-elle ? Comment est-elle arrivĂ©e lĂ ?Vincent Formica De l'autre cĂŽtĂ© du ciel de Yusuke Hirota Art House Le 17 aoĂ»t 2022 au cinĂ©ma - PrĂ©sentĂ© au Festival du film d'animation d'Annecy de 2021, De l'autre cĂŽtĂ© du ciel de Yusuke Hirota est l'adaptation du livre de Akihiro Nishino Poupelle et la ville sans ce long-mĂ©trage japonais, Lubicchi vit au milieu de grandes cheminĂ©es dont lâĂ©paisse fumĂ©e recouvre depuis toujours le ciel de sa ville. Il aimerait prouver Ă tous que son pĂšre disait vrai et que, par-delĂ les nuages, il existe des Ă©toiles. Un soir dâHalloween, le petit ramoneur rencontre Poupelle, une Ă©trange crĂ©ature avec qui il dĂ©cide de partir Ă la dĂ©couverte du ciel. Un film d'animation la version française, c'est le chanteur et comĂ©dien Philippe Katerine qui prĂȘte sa voix Ă Forhan Vesper Chronicles de Kristina Buozyte et Bruno Samper Le 17 aoĂ»t au cinĂ©ma - Vesper Chronicles nous entraĂźne dans le futur, oĂč les Ă©cosystĂšmes se sont effondrĂ©s. Parmi les survivants, quelques privilĂ©giĂ©s se sont retranchĂ©s dans des citadelles coupĂ©es du monde, tandis que les autres tentent de subsister dans une nature devenue hostile Ă lâhomme. Vivant dans les bois avec son pĂšre, la jeune Vesper rĂȘve de sâoffrir un autre avenir, grĂące Ă ses talents de bio-hackeuse, hautement prĂ©cieux dans ce monde oĂč plus rien ne pousse. Le jour oĂč un vaisseau en provenance des citadelles sâĂ©crase avec Ă son bord une mystĂ©rieuse passagĂšre, elle se dit que le destin frappe enfin Ă sa Formica Les Vieux Fourneaux 2 Bons pour l'asile de Christophe Duthuron Gaumont Distribution Le 17 aoĂ»t 2022 au cinĂ©ma - Cinq ans aprĂšs le premier volet, Les Vieux fourneaux, les papys aux caractĂšres bien trempĂ©s sont de retour dans Les Vieux Fourneaux 2 Bons pour l'asile, toujours rĂ©alisĂ© par Christophe Duthuron. Eddy Mitchell et Pierre Richard sont toujours lĂ , avec Bernard Le Coq et Alice Pol Ă leurs cĂŽtĂ©s !Pour venir en aide Ă des migrants quâil cachait Ă Paris, Pierrot les conduit dans le Sud-Ouest chez Antoine qui lui-mĂȘme accueille dĂ©jĂ Mimile, en pleine reconquĂȘte amoureuse de Berthe. Sâattendant Ă trouver Ă la campagne calme et voluptĂ©, les six rĂ©fugiĂ©s goĂ»teront surtout Ă la lĂ©gendaire hospitalitĂ© dâun village Palanchini Les Volets verts de Jean Becker Le 24 aoĂ»t au cinĂ©ma - Dans Les Volets verts, le rĂ©alisateur Jean Becker dresse le portrait dâun monstre sacrĂ©, Jules Maugin, un acteur au sommet de sa gloire dans les annĂ©es 70. Sous la personnalitĂ© cĂ©lĂšbre, lâintimitĂ© dâun homme se rĂ©vĂšle. DĂ©cidĂ©ment, GĂ©rard Depardieu multiplie les rĂŽles mĂ©tas en ce moment ! L'artiste a rĂ©cemment campĂ© des personnages similaires dans Maison de retraite avec Kev Adams, dans lequel il incarnait un ex boxeur dĂ©sabusĂ©, et dans Robuste, oĂč il interprĂ©tait un comĂ©dien vieillissant et Formica Trois mille ans Ă t'attendre de George Miller Metropolitan FilmExport Le 24 aoĂ»t au cinĂ©ma - Alors que George Miller prĂ©pare actuellement Furiosa - le prĂ©quel de Mad Max Fury Road - en Australie, son dernier film dĂ©barque dans les salles. IntitulĂ© Trois mille ans Ă tâattendre et prĂ©sentĂ© au 75e Festival de Cannes, ce conte fantastique mĂ©lange deux genres diamĂ©tralement opposĂ©s le huis clos et le film dâaventure Ă©pique. Le rĂ©alisateur filme la rencontre entre un gĂ©nie sorti dâune lampe et une historienne bien donner vie Ă ces deux personnages, George Miller sâentoure dâIdris Elba et Tilda Swinton. Trois mille ans Ă tâattendre sâempare des contes et autres mythes pour raconter lâhumain et lâamour. FidĂšle Ă son style dĂ©jantĂ©, le cinĂ©aste invite les spectateurs Ă ouvrir les frontiĂšres de leur imagination pour se laisser guider dans la plus intime des Ă©popĂ©es. Thomas Desroches Tad l'explorateur et la table d'Ă©meraude de Enrique Gato Le 24 aoĂ»t au cinĂ©ma - Le rĂȘve de Tadeo Stones est dâĂȘtre reconnu comme un grand archĂ©ologue mais toutes ses tentatives pour se faire accepter par Ryan, le brillant chef dâexpĂ©dition et ses collĂšgues tournent au fiasco. En ouvrant un sarcophage, il dĂ©clenche une malĂ©diction qui va mettre la vie de ses amis en danger. Pour mettre fin Ă cette malĂ©diction et sauver Momie, Jeff et Belzoni, Tad et Sara se lancent dans de nouvelles aventures qui les conduiront du Mexique Ă Chicago et de Paris Ă lâĂgypte. Ce pĂ©rilleux voyage amĂšnera Tad Ă croiser la route de lâAgent Ramirez et de Victoria Moon, une experte en sciences Formica Rumba la vie de Franck Dubosc Le 24 aoĂ»t 2022 au cinĂ©ma - Initialement prĂ©vue pour le 19 janvier 2022, il faudra finalement patienter jusqu'Ă la fin de l'Ă©tĂ© pour danser la rumba avec Franck Dubosc. AprĂšs Tout le monde debout, voici Rumba la vie. L'histoire de Rumba la vie suit Tony, la cinquantaine, chauffeur dâautobus scolaire renfermĂ© sur lui-mĂȘme, vit seul aprĂšs avoir abandonnĂ© femme et enfant vingt ans plus tĂŽt. BousculĂ© par un malaise cardiaque, il trouve le courage nĂ©cessaire pour affronter son passĂ© et sâinscrire incognito dans le cours de danse dirigĂ© par sa fille, quâil nâa jamais connue, dans le but de la reconquĂ©rir et de donner un sens Ă sa vie. Une comĂ©die tendre et douce, Ă l'image de son premier film, avec une jeune comĂ©dienne Ă©tincellante Lou Baronnet Leila et ses frĂšres de Saeed Roustaee Wild Bunch Distribution Le 24 aoĂ»t 2022 au cinĂ©ma - Le film avait tout pour repartir avec la Palme dâOr. Ou au moins un prix. Mais il a brillĂ© par son absence au palmarĂšs du jury du Festival de Cannes 2022, prĂ©sidĂ© par Vincent Lindon. Ce qui nâattĂ©nue, en rien, les qualitĂ©s de Leila et ses frĂšres, troisiĂšme long mĂ©trage signĂ© Saeed Roustaee, Ă qui lâon doit le dĂ©jĂ trĂšs rĂ©ussi La Loi de policier est ici absent, dans ce drame centrĂ© sur une famille qui se dĂ©chire Ă cause d'une crise Ă©conomique liĂ©e aux actions de Donald Trump contre l'Iran, et dont la fille essaye de trouver une solution tout autant que maintenir un semblant de cohĂ©sion. On pense Ă©videmment d'Asghar Farhadi, pour la maniĂšre que le cinĂ©aste a de se servir de l'intime pour Ă©voquer son pays en gĂ©nĂ©ral dans ce film bĂąti autour de diverses oppositions hommes contre femmes, parents contre enfants, capitalisme contre valeurs familialesâŠ. Mais il affirme sa personnalitĂ©, bien aidĂ© par un casting en or, et nous offre plein de rĂ©pliques et l'un des plus beaux plans de fin vus Ă Cannes cette Pierrette Le Bal de l'enfer de Jessica M. Thompson Le 24 aoĂ»t 2022 au cinĂ©ma - Entrez dans une danse macabre avec Le Bal de l'enfer ! EmmenĂ© par Nathalie Emmanuel Game of Thrones, Fast & Furious 9, ce film d'horreur suit Evie, une jeune femme qui dĂ©couvre, Ă la mort de sa mĂšre, qu'elle a un cousin dont elle ignorait l'existence. InvitĂ©e par sa nouvelle famille Ă un mariage somptueux dans la campagne anglaise, elle est d'abord sĂ©duite par l'aristocrate qui l'accueille mais ignore encore les prochaines heures horribles qui l'attendent...Un mĂ©lange entre Le Bal des Vampires et le rĂ©cent Wedding Nightmare avec Samara Forhan La DĂ©rive des continents au Sud de Lionel Baier 2022-BANDITA-LOSANGE-4KB Le 24 aoĂ»t 2022 au cinĂ©ma - Avec La DĂ©rive des continents Au Sud, prĂ©sentĂ© cette annĂ©e Ă la Quinzaine des rĂ©alisateurs Ă Cannes, Lionel Baier signe une comĂ©die Ă l'italienne, comme une forme d'hommage Ă ces comĂ©dies souvent politique des annĂ©es 60-70. On y rit du langage bureaucratique et le cinĂ©aste suisse pose un regard sur la question des migrants pour mieux y pointer les contradictions de chacun sur ce sujet. Il rĂ©unit Ă son casting Isabelle CarrĂ© et ThĂ©odore Pellerin, en mĂšre et fils, qui se retrouvent aprĂšs des annĂ©es de sĂ©paration. Ursina Lardi et Tom Villa entre autres complĂštent la distribution. Ce film est le troisiĂšme Ă©pisode d'une "tĂ©tralogie caustique et sentimentale" de Lionel Baier qui vient notamment aprĂšs Les Grandes Ondes A l'Ouest.Brigitte Baronnet Wild Men de Thomas Daneskov Star Invest Films France Le 24 aoĂ»t 2022 au cinĂ©ma - Qui nâa jamais eu envie de tout plaquer ? Comme ça, du jour au lendemain, pour commencer une nouvelle vie. En route pour un sĂ©minaire, Martin craque et dĂ©cide de se mettre Ă vivre comme ses ancĂȘtres, en peau de bĂȘte. Dâabord cocasse, la situation devient rocambolesque lorsque son chemin croise celui dâun fugitif blessĂ©, recherchĂ© par la police et ses anciens de Wild Men annonce "du Fargo et une pincĂ©e de The Revenant" dans cette comĂ©die venue du Danemark. On ne sait pas si un ours sera au menu, mais un lapin Ă©pris de libertĂ© oui, selon le synopsis. Mais Ă©galement des Vikings et des truands Ă©clopĂ©s. Sans oublier un humour que lâon imagine trĂšs prĂ©sent. Et trĂšs Pierrette Beast de Baltasar Kormakur Universal Pictures International France Le 24 aoĂ»t 2022 au cinĂ©ma - Jar City et Survivre dâun cĂŽtĂ©. Contrebande, 2 Guns ou Everest de lâautre. Depuis quelques annĂ©es, le rĂ©alisateur islandais Baltasar Kormakur fait des allers-retours entre son pays natal et les Ătats-Unis. Et câest de nouveau outre-Atlantique que nous le retrouverons avec Beast, Ă la fin du mois dâaoĂ»t, le temps dâun film qui se dĂ©roule⊠en Afrique du dans ce pays, oĂč il a rencontrĂ© sa femme aujourdâhui dĂ©cĂ©dĂ©, que le Dr. Nate Daniels Idris Elba se rend avec sa famille, pour passer des vacances au cĆur dâune rĂ©serve naturelle. Un dĂ©cor de rĂȘve pour une histoire qui tourne au cauchemar lorsquâun lion assoiffĂ© de vengeance, unique rescapĂ© des exactions de braconniers, les prend en chasse. Lâoccasion, pour le cinĂ©aste, dâexplorer Ă nouveau deux de ses thĂšmes de prĂ©dilection la survie et le cĂŽtĂ© bestial de lâĂȘtre humain, que lâon retrouve dĂšs le Pierrette Les cinq diables de LĂ©a Mysius F Comme Film - Trois Brigands Productions Le 31 aoĂ»t 2022 au cinĂ©ma - Pour son deuxiĂšme long-mĂ©trage aprĂšs Ava, LĂ©a Mysius quitte la plage et le sable fin pour la montagne et la forĂȘt, dĂ©cors plus propices Ă un conte fantastique. Les Cinq Diables raconte comment la jeune Vicky va utiliser ses facultĂ©s olfactives surdĂ©veloppĂ©es pour ĂȘtre transportĂ©e dans les souvenirs de sa famille, de sa mĂšre adorĂ©e, de son village et de sa propre existence. Outre l'esthĂ©tique lĂ©chĂ©e et l'intrigue plus politique qu'elle n'y paraĂźt, le long-mĂ©trage mystique peut compter sur les performances d'AdĂšle Exarchopoulos et Sally Choquet Everything Everywhere All At Once de Daniel Scheinert & Daniel Kwan Originals Factory Le 31 aoĂ»t 2022 au cinĂ©ma - Alors que le monde entier avait les yeux rivĂ©s sur le multivers de Marvel et Doctor Strange 2, le public amĂ©ricain en a pris un autre de plein fouet celui dâEverything Everywhere All At Once, nouvelle pĂ©pite de Daniel Scheinert et Daniel Kwan aprĂšs le trĂšs barrĂ© Swiss Army Man. MĂšre de famille dĂ©passĂ©e, Evelyne Wang Michelle Yeoh est au bord de la rupture quand elle se retrouve plongĂ©e dans des mondes parallĂšles, et explore les vies quâelle aurait pu genre de postulat qui ouvre la porte Ă une multitude de possibilitĂ©s⊠et les deux rĂ©alisateurs ne se privent pas pour plonger dedans et nous emmener avec eux dans leur dĂ©lire. Everything Everywhere All At Once fourmille dâidĂ©es, et il ne faut pas longtemps pour constater que la hype nâĂ©tait pas exagĂ©rĂ©e. Surtout que le film permet de retrouver Ke Huy Quan, alias Demi-Lune dans Indiana Jones et le Temple Maudit et Data dans Les Goonies. De lâhumour, de lâaction, de la folie et un brin de nostalgie le cocktail parfait pour terminer lâ Pierrette La DĂ©gustation d'Ivan CalbĂ©rac Bertrand Vacarisas / MANDARIN ET COMPAGNIE Le 31 aoĂ»t 2022 au cinĂ©ma - Vingt ans aprĂšs Se souvenir des belles choses, le duo composĂ© de Bernard Campan et Isabelle CarrĂ© se retrouve sur grand Ă©cran pour la dĂ©licieuse comĂ©die romantique La DĂ©gustation. Les comĂ©diens reprennent les rĂŽles qu'ils ont jouĂ© dans la piĂšce de théùtre du mĂȘme nom signĂ©e Ivan CalbĂ©rac, ceux d'un caviste divorcĂ© du genre bourru et d'une femme engagĂ©e dans l'associatif, dĂ©terminĂ©e Ă ne pas finir vieille fille. Un jour, elle entre dans sa boutique et dĂ©cide de s'inscrire Ă un atelier dĂ©gustation... C'est Ă la fois drĂŽle et Ă©mouvant, avec une humanitĂ© qui donne furieusement envie de vivre et de s'enivrer des petits bonheurs du Cuyer La Page blanche de Murielle Magellan SND Le 31 aoĂ»t 2022 au cinĂ©ma - Adaptation libre de la bande dessinĂ©e Ă©ponyme de Boulet et PĂ©nĂ©lope Bagieu parue aux Ă©ditions Delcourt, La page blanche de Murielle Magellan suit une hĂ©roine attachante et poĂ©tique, EloĂŻse, incarnĂ©e par Sara Giraudeau. Son personnage se retrouve assis seule sur un banc parisien. Qui est-elle ? Rien ne lui revient. La jeune femme commence une enquĂȘte cocasse sur sa vie. Et si cette amnĂ©sie lui permettait de trouver lâamour et de rĂ©inventer sa vie ? Pierre Deladonchamps et GrĂ©goire Ludig entourent Sara Giraudeau dans cette comĂ©die pleine de charme et de Baronnet Avec amour et acharnement de Claire Denis GaĂ«lle Rapp / Curiosa Films Le 31 aoĂ»t 2022 au cinĂ©ma - Vincent Lindon et Juliette Binoche s'aiment et se dĂ©chirent dans Avec amour et acharnement, nouveau long mĂ©trage rĂ©alisĂ© par Claire Denis Beau Travail, Chocolat, Un beau soleil intĂ©rieur, adaptĂ© d'un livre de la romanciĂšre Christine Angot. Une histoire d'amour tumultueuse ancrĂ©e dans Amour et acharnement a valu Ă Claire Denis de recevoir l'Ours d'argent de la meilleure rĂ©alisatrice cet hiver au Festival de Berlin. Pour mĂ©moire, la cinĂ©aste a Ă©galement Ă©tĂ© rĂ©compensĂ©e, au Festival de Cannes qui s'est achevĂ© le mois dernier, pour son prochain film, tournĂ© en langue anglaise Stars at noon, qui sortira Baronnet Partager cet article
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affiche à la gloire de jean corentin carré