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Le cahier Livres de LibĂ©dossierLâacadĂ©micien continue Ă interroger les Ă©toiles sur le sens de la vie et sâapprĂȘte Ă entrer dans la a appris ce matin la mort de l'acadĂ©micien Jean d'Ormesson. Nous republions ce portrait de l'Ă©crivain paru en a rendez-vous avec deux yeux bleus. On sait quâils contiennent tous les bleus du ciel. Quâils sont connus pour ça. Comme si le ciel avait commencĂ© par lĂ . Pour voir. AprĂšs quoi, Dieu, qui pose question, a dessinĂ© un bonhomme autour. Ăa donne Jean dâOrmesson. Le tout rend pas mal dans un costume sable et une chemise bleu ocĂ©an. Vraiment. MĂȘme si le tout est vieux maintenant. Il nây a rien de grave lĂ -dedans. part bras dessus, bras dessous, dans les allĂ©es du jardin de Bagatelle. Les tilleuls embaument tellement qu'ils en deviennent bruyants. On pense Ă toutes celles qui seraient venues sur les mains pour prendre le bras de l'homme et pas seulement pour maintenir l'Ă©quilibre du temps. Des lectrices de Elle jusqu'Ă la Montespan. PrĂȘtes Ă l'Ă©couter parler, parler, parler de tout et de rien. L'Ă©couter placer trois citations Ă la minute. Et n'en pouvant plus, l'embrasser pour le faire grand tout et les petits riens, il ne parle que de ça. C'est Ă©crit dans ses livres. Jusqu'au dernier Comme un chant d'espĂ©rance. Ecrire sur rien, j'adore ça ! C'est une aventure extraordinaire !» Dont il ne sait rien. Il voudrait tellement savoir. Par exemple, si le rien qui nous a attendus est le mĂȘme que celui qui nous attend. Le rien avant le big bang, derriĂšre le mur de Planck, est-il le mĂȘme que le rien aprĂšs la mort ?» il se demande. Alors il Ă©crit sans cesse pour se demander. Pour rĂ©concilier, sans prĂ©tention, les littĂ©raires et les savants qui ne se comprennent pas». Lui-mĂȘme voudrait comprendre et pas qu'Ă moitié» Hubert Reeves et Stephen Hawking. C'est lĂ -dessus qu'il fait ses trois huit» comme il dit, chez lui, dans son hĂŽtel particulier Ă Neuilly qu'il habite depuis quarante ans ou dans ses deux maisons de famille en Suisse et en Corse. Huit heures de travail, huit heures pour les autres et huit heures de sommeil. Toute ma vie, je me suis couchĂ© de bonne heure.» C'est vrai pour Proust. Pour lui aussi, Ă 22 paon vient parader dans nos pattes. DĂ©cidĂ©ment le hasard n'existe pas. On se rĂ©gale de voir d'Ormesson et l'oiseau rĂ©unis et rivaliser de bleus. Et pas seulement. L'homme salue et engage la conversation le premier, flatteries et vouvoiement haut perchĂ©s. L'emplumĂ© tient bon son fromage en son bec. D'Ormesson peut alors crier LĂ©on» le plus fort. Et ça, le beau, il sait faire. A la demande mĂȘme. Voulez-vous que j'aie l'air tendre et abruti ?» il a demandĂ© gentiment Ă la photographe toute Ă l'heure. Pas de problĂšme, si cela convient mieux Ă son Ăąge. Il peut faire beaucoup pour son public. C'est prĂ©cisĂ©ment ce que lui reprochent les mĂ©dias. Qui se l'arrachent pour lui en demander encore plus. Oui, je suis un personnage mĂ©diatique, malheureusement. Et malheureusement, oui, j'aime ça.» De quoi mettre tout le monde d' voir les sourires et les pouces levĂ©s qu'il se ramasse Ă la pelle dans les allĂ©es du jardin. OubliĂ© l'homme de 40 ans imbu de lui-mĂȘme, arrogant au possible pour charger Mitterrand», pour reprendre les propos de sa fille, HĂ©loĂŻse. Faut voir comme on lui pardonne. Comme on l'aime et de plus en plus jeune. Aujourd'hui, faut parler de Jean d'O. Il renouvelle son lectorat grĂące Ă son cĂŽtĂ© XVIIIe cathodique», poursuit sa fille, Ă©ditrice depuis vingt ans et qui l'Ă©dite de temps Ă autre. Mon pĂšre passe bien Ă la tĂ©lĂ© contrairement Ă la plupart des Ă©crivains. C'est un exercice qui souvent les dessert. Lui, y est Ă l'aise. Il a le sens de l'humour, de la repartie et de la formule. Il a un mode d'expression assez moderne tout en incarnant l'Ă©minence trĂšs classique d'un esprit Ă la française.» Le mĂ©lange inspire Sophie Fontanelle s'en est emparĂ© pour une saga fashion dans Elle. Laurent Gerra le moque trĂšs bien avec sa Montespan. Julien DorĂ© l'emportera dans sa tombe, tatouĂ© sur l'Ă©paule. Et avec ça, un Jean d'O. qui sort, c'est plusieurs centaines de milliers d'exemplaires l'ombre, lorsqu'il redevient Ă©goĂŻste, c'est pour Ă©crire avec une exigence d'un autre Ăąge», affirme HĂ©loĂŻse d'Ormesson. Il n'a pas d'ordinateur, il Ă©crit Ă la main, fait taper ses manuscrits, corrige sur le papier avec un perfectionnisme hallucinant. C'est un maniaque de la ponctuation et de la typo.» Touchez Ă une virgule et vous prenez feu. Chez Laffont et Gallimard, ils n'ont jamais osé», assure l'Ă©ditrice. C'est le dernier des Mohicans. Sa maniĂšre atypique de travailler et d'aborder le monde manquera.»Une heure que l'on marche. Une heure qu'il ignore chaque banc qui se prĂ©sente. Aucun signe de fatigue. On guette. On s'Ă©tonne. On arrive au kiosque bleu ciel qui surplombe une roseraie. Des roses que le promeneur de Bagatelle remercie aussi pour leurs Ă©pines». C'est lĂ qu'on dĂ©couvre Jean. Il ne manquait plus que lui. Tant pis si on passe pour gentille, on ne peut passer sous silence cette espĂšce de coucher de soleil qu'il a dans le ventre, qui lui sert Ă vous regarder, Ă travailler, Ă s'Ă©merveiller de tout et Ă ĂȘtre sympa avec les gens, aujourd'hui. C'est d'ĂȘtre arrivĂ© si prĂšs du bord de la vie ? Ou un cadeau laissĂ© par son cancer avant de partir ? Huit mois d'hĂŽpital, ça suffit pour rĂ©flĂ©chir, pour se rendre compte combien il y a plus malheureux que soi, combien on a besoin des autres. Croire que l'on peut ĂȘtre heureux seul est une folie». La maladie l'a rendu Ă la vie, plus modeste et plus attentif aux petits riens», ce dont il se rĂ©jouit. Le jour qui se lĂšve, un beau paysage, une jolie femme qui passe, il n'en revient pas», rapporte sa fille. Et quand il dĂ©guste des fraises qu'il adore, on dirait qu'il atteint le Nirvana.»En attendant de guĂ©rir complĂštement, il est convaincu d'avoir payĂ© la note». La faute Ă son Ă©ducation judĂ©o-chrĂ©tienne». Il a payĂ© la note pour tout ce qu'il n'a pas choisi quatre-vingt-neuf ans de vie ultraprivilĂ©giĂ©e, sa famille, sa noblesse, sa fortune, une enfance heureuse bercĂ©e par les voyages d'un pĂšre diplomate, couvĂ©e par les jupons d'une mĂšre qui lui faisait l'Ă©cole Ă la maison. Jupons qu'il n'a quittĂ©s que pour hypokhĂągne» et pour Ă©pouser l'hĂ©ritiĂšre de l'empire Beghin. Il acquiesce. Ajoutez Ă cela la note pour tout le mal que j'ai fait», il confesse, sans vouloir me vanter».Les honneurs, il n'attend pas aprĂšs mais les accueille volontiers. On est toujours venu me chercher. Pour l'AcadĂ©mie française. Et rĂ©cemment, pour entrer dans la PlĂ©iade. Antoine Gallimard me le propose alors que je ne suis pas mort. Sur quoi, il m'a rĂ©pondu que ça pouvait encore s'arranger ! D'ici deux ans peut-ĂȘtre.»Au rien», il ne sait ni oĂč ni comment y retourner. Le caveau de famille au PĂšre-Lachaise est plein comme un Ćuf». Il devra aller voir ailleurs ou se faire cendres». Il y pense parfois. Quoiqu'il pense, il aime cette citation de l'Ă©crivain espagnol Unamuno. Croire en Dieu, c'est avant tout, et par-dessus tout, vouloir qu'il existe.» Et on a bien entendu. Il a ajoutĂ© Oui, je le veux.»Photo LĂ©a CrespiEn 6 dates16 juin 1925 Naissance Ă Paris. 1962 Mariage avec Françoise Beghin et naissance de sa fille, HĂ©loĂŻse. 1979 EntrĂ©e Ă l'AcadĂ©mie française. 2012 Joue le rĂŽle de Mitterrand dans les Saveurs du palais. Juin 2014 Comme un chant d'espĂ©rance Ă©d. HĂ©loĂŻse d'Ormesson. 2016 EntrĂ©e dans la PlĂ©iade.
Rl2DJ.